LE 108 DANS L’AMÉNAGEMENT DES QUAIS

ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC SANCHEZ, PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE

 

« CONJUGUER NOTRE PATRIMOINE, QUI EST EXCEPTIONNEL, ET LA MODERNITÉ,
TELLE EST L’AMBITION DE LA MÉTROPOLE, ET LE 108 INCARNE AUSSI CELA. »

Comment est né le projet de ce nouveau bâtiment ?

De la volonté de faire des économies, tout simplement. La construction du 108 est un investissement décidé pour regrouper les services de la Métropole, diviser par deux le nombre de nos implantations immobilières, et cesser de payer des loyers pour nos bureaux. Tout cela, plus le très haut niveau de performances énergétiques du 108, nous permet de réaliser d’importantes économies de fonctionnement. Voilà pour la part « gestionnaire », en bon père de famille comme on dit parfois. Mais il y avait aussi une visée proprement urbaine : nous avons voulu que ce nouveau bâtiment soit un signal.

Signal, c’est-à-dire ?

Le 108 est un bâtiment pionnier.Après le 106, notre très belle salle des musiques actuelles, qui avait donné le top départ en 2010, nous sommes les premiers à nous installer au sein du nouveau quartier Flaubert, qui va se développer progressivement juste derrière, à l’intérieur des terres, au cours des quinze prochaines années ; 90 hectares de friches industrialo-portuaires à reconvertir, pour cesser de consommer de nouveaux espaces agricoles ou naturels et étendre vers l’Ouest le cœur de l’agglomération : c’est l’une des plus importantes opérations de régénération urbaine en France aujourd’hui. Avec ce nouveau quartier, qui accueillera à terme quelque 15 000 habitants, actifs et usagers, nous dessinons le centre de la métropole rouennaise du xxie siècle.

En installant ici son siège, la collectivité impulse la dynamique d’urbanisation. Je constate que le secteur privé prend le relais, puisque nous sommes déjà rejoints par nos voisins du 107, où s’installent plusieurs entreprises. Dans les années qui viennent, les sièges sociaux de grands comptes du domaine logistique et portuaire vont s’implanter à proximité immédiate, et un nouveau programme de 45 000 m2 va sortir de terre, un peu en amont. La dynamique s’enclenche : c’est un motif de satisfaction.

Bâtiment pionnier, je l’ai dit, bâtiment emblématique aussi car dans ce contexte, nous avons voulu que le 108, par ses performances environnementales comme par l’originalité de ses lignes et de son enveloppe, fixe une sorte de standard : qu’il soit le signal de l’ambition architecturale que nous voulons pour le nouveau quartier Flaubert. C’est d’ailleurs au pied du 108 que débouchera le canal urbain qui constituera l’axe principal de l’armature des espaces publics du futur quartier.

 

 

Outre l’hommage revendiqué aux peintres impressionnistes, Jacques Ferrier dit que les lignes du bâtiment sont une image de deux proues de navire se croisant. Qu’est-ce que ce bâtiment évoque pour vous ?

Cela peut être deux proues de navire, on peut aussi le voir comme un jeu de réponse aux deux grandes diagonales entrecroisées de l’impressionnant terminal sucrier situé juste en aval du pont Flaubert, de la même manière que la monumentalité des deux piles de ce dernier fait écho à la verticalité des silos. Quoi qu’il en soit, il y a là en effet quelque chose comme un hommage à l’activité portuaire, qui est au cœur de l’identité de l’agglomération. Rive droite, où la reconquête des quais du fleuve entamée il y a près de vingt ans à l’initiative – pionnière – d’Yvon Robert arrive à son terme, la promenade des Marégraphes se veut un rappel littéral, par le vocabulaire architectural des nouveaux hangars qui y ont été édifiés, de cette activité portuaire. Avec le 108 rive gauche, si nous nous écartons quelque peu de cette approche finalement très patrimoniale, nous restons dans l’évocation et dans l’hommage, avec une touche d’audace et de modernité en plus. Car la Métropole a besoin de signaux de modernité, de grandes signatures contemporaines – et ici Jacques Ferrier rejoint Ricciotti, Perrault, Wilmotte… –, de gestes architecturaux originaux pour s’ancrer résolument dans le xxie siècle et quelque part surmonter la part de méfiance que nous avons peut-être héritée des choix de la Reconstruction.

Conjuguer notre patrimoine, qui est exceptionnel, et la modernité, telle est l’ambition de la Métropole, et le 108 incarne aussi cela. Qu’ils passent à son pied sur les bateaux de croisière fluviale ou qu’ils arpentent la belle promenade des quais, les photographes le mitraillent ; les visites ouvertes au public que nous avons organisées ont affiché complet : il y a autour de ce nouveau venu spectaculaire une curiosité, un engouement. Et demain, j’en suis confiant, de la fierté.

 

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