RÉALISATION

THIBAUD BABLED ARCHITECTES URBANISTES

 

Ensemble marquant et remarquable d’un quartier nantais en pleine mutation, le pôle tertiaire juxtaposé à une opération de logements en accession a été conçu par l’architecte Thibaud Babled qui a réussi à opérer avec brio cette greffe complexe, inscrite dans un contexte urbain hétéroclite et contraint.

Occupant le site de la l’ancienne gare routière du quartier de La Haluchère à Nantes (44), « le pôle tertiaire se positionne au point de basculement entre entrée de ville et périphérie, où le quartier en cours de requalification compte plusieurs bâtiments industriels remarquables. », explique l’architecte Thibaud Babled, en charge du projet, qui a été livré en juillet 2018, aprés 21 mois de travaux. Ce pôle fait face à la nouvelle gare routière de Haluchère-Batignolles, une halle en bois qui a été édifiée en 2014 par l’agence d’architecture AUP pour desservir des tramways, des trains et des bus métropolitains. Implantée au nord-est de la ville, sur un terrain contraint, l’opération dense à mixité fonctionnelle regroupe trois entités distinctes qui, accessibles par le boulevard Jules Verne, s’articulent entre elles, par le biais d’un jardin intérieur offrant une respiration verte à l’ensemble urbain. Implanté en proue, le premier édifice tertiaire recèle l’une des sept antennes de proximité du siège PELNM de Nantes Métropole (pôle Erdre et Loire) qui prend place au sein d’un cube placé en angle et faisant figure de « pierre angulaire » du projet. L’ensemble repose sur un parking mutualisé de 70 places jouxtant quelque 27 caves et divers locaux techniques. Le rez-de-chaussée abrite l’accès des locaux de Nantes Métropole dont l’espace d’accueil se situe au second étage, ainsi que l’accueil du pôle emploi. Ce dernier, représentant la seconde entité tertiaire du projet, se développe, au nord-est et en continuité sur un niveau, le long d’une allée paysagère.

Atrium central éclairé zénithalement

« Ce volume complémentaire prend la forme d’un pavillon sis dans le jardin. Cet édifice, de construction légère, est enchâssé sur une hauteur d’allège et sa toiture plantée est à peine soulevée du sol ferme par l’entremise d’une bande de vitrage. », précise l’architecte. Bâti en ossature métallique, ce « pavillon » (30,80 m de long) d’expression différente est coiffé d’une toiture végétalisée à deux pentes qui, percée de deux patios, fait partie intégrante du jardin en cœur d’îlot. Les quatre étages hauts du cube (25 x 22,50 m), dévolus aux bureaux des services de la ville, et assortis de salles de réunion et d’une cafétéria, s’organisent en couronne autour d’un atrium rectangulaire (7,80 x 5,50 m) éclairé naturellement par une verrière protégée par un velum blanc rétractable et équipé d’exutoires de fumées, sécurité incendie oblige. Sachant que ce volume cubique a été édifié en structure béton, à l’aide de poteaux préfabriqués intérieurs, de prémurs isolés extérieurs, et de planchers techniques à dalles coulées en place. L’atrium, quant à lui, est cerné par un dispositif ajouré spécialement conçu pour le lieu, à savoir une succession de colonnes porteuses et préfabriquées en béton : chaque élément se composant d’un chapiteau carré en partie supérieure qui s’évase en partie inférieure pour dessiner une base triangulaire. Ces éléments forts et marquants, de 3,50 m de hauteur de plancher à plancher, servent à la fois de garde-corps et de filtres de la lumière dans les circulations de desserte des bureaux, qui sont disposées en couronne autour du vide central. La répartition des bureaux s’inscrit à partir d’une trame flexible de 1,35 m de large qui se démultiplie.

Des logements à plusieurs orientations

Les plafonds de ces couloirs sont pourvus de plenums techniques intégrant les différentes gaines de réseaux et des écrans de cantonnement. Sur l’un des côtés de l’atrium, s’élèvent trois escaliers d’accès aux étages réalisés en béton et munis de garde-corps en verre, alors que la partie basse inhérente à la banque d’accueil est également pourvue de colonnes surmontées d’un pan vitré en partie haute. Quant à la troisième entité, elle porte sur un ensemble de 37 logements en accession, insérant en rez-de-chaussée des activités, soient un cabinet médical et un autre dentaire. Elle se déploie, d’une part, dans un plot compact de six étages accolé au cube et dont l’accès aux logements borde ce dernier, et d’autre part, dans un bâtiment linéaire moins dense doté de deux étages qui longe une venelle attractive. A ce sujet, l’architecte précise que « ces logements sont répartis au sein de deux volumes conjoints, d’une grande simplicité et rationalité. » Le volume ramassé, qui est desservi par une cage d’escalier et un ascenseur intégrés en son cœur, répartit des appartements en angle et à doubles orientations : des loggias, orientées à l’est et à l’ouest, accompagnant les espaces habités. De même, l’édifice, étiré sur 33,80 m de longueur et 12,70 m de largeur, et distribué par deux cages d’escaliers individualisées, compte des logements traversants, bénéficiant de prolongements extérieurs qui, orientés plein sud et au calme, sont aisément appropriables par les usagers. Sur le plan architectural, « Les deux volumes créés forment un tout continu pourvu des mêmes valeurs d’usages et proposant la même expression architecturale. », ajoute l’architecte. (…)

L’allée paysagère qui innerve le coeur de l’ilôt permet de desservir les logements de l’immeuble à deux étages (à droite) ainsi que la halle métallique des bureaux du pôle emploi (à gauche) © Takuji Shimmura

fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole et le groupe CIF/Coopérative Immobilière Familiale
Maîtrise d’œuvre : Agence Thibaud Babled Architectes Urbanistes, Thibaud Babled, architecte, avec Simona Dirvariu, chef de projet
BET fluides : ALBDO
BET TCE : Sibat
BET acoustique : Accord Acoustique (Groupe Venathec):
BET géotechnique : Géotec Ouest
Entreprises : Demathieu Bard (gros œuvre, VRD, plantations), Girard Hervouet (menuiseries extérieures, verrière, double peau, charpente métallique, serrurerie), Soprema (étanchéité), Atelier Isac (menuiseries intérieures), Denco (plancher technique), Pinard (plafond, doublage, cloison), Rossi (revêtements de sol), A2PN Décor (peinture, signalétique), ABH (ascensoriste), Snee (courants forts, courants faibles), Anvolia (chauffage, ventilation, plomberie, sanitaire), Skyaccess (nacelle).

Surface totale SDP: 5 105 m² (2 799 m²/bureaux + 2 306 m²/logements)

Coût des travaux: 8,50 M € HT

Texte : Carol Maillard
Visuel à la une : Takuji Shimmura

Retrouvez l’intégralité de l’article de Carol Maillard, et le mot de l’architecte au sein d’Archistorm#93