Dossier Sociétal : Le BIM

Image BIM du projet de Skylight Paris La Défense par Louis Paillard architectes © Agence L. Paillard

Texte : Sophie Trelcat
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: Perspective du projet de 280 logements (accession et étudiants) : Skylight Paris La Défense par Louis Paillard architectes © Agence L. Paillard

Le débarquement massif du BIM dans les agences d’architecture et les partenaires du BTP, il y a quelques années, était accompagné d’un débat sur l’intérêt de s’équiper. Alors que peut s’affirmer aujourd’hui qu’il s’agit d’un non-choix, cet outil de partage de données est toujours en phase de mises au point. Les questions qu’il soulève dépassent, de fait et de loin, la seule conception architecturale.

Le BIM – acronyme pour Building Information Modeling – consiste en la production, l’intégration, la gestion et la visualisation de données concernant un bâtiment. Il s’agit en quelque sorte d’une carte d’identité numérique d’un édifice mise en place grâce à un système informatisé rassemblant tous les acteurs de la construction (architectes ; BET ; maîtres d’ouvrage ; ingénieurs ; économistes…) autour d’une seule interface de gestion. Bien que l’on parle de maquette numérique d’un bâtiment, il s’agit plus précisément d’un processus à l’œuvre, un « workshop interactif » comme le désigne l’architecte parisien Louis Paillard, selon lequel cet outil modifie totalement la façon de penser et de fabriquer l’architecture. Si les majors sont équipées depuis une bonne dizaine d’années, la plupart des structures, regroupant au minimum une dizaine de personnes, se sont équipées à partir de 2014. Cette année-là était celle de la mise en place du Plan de relance de la construction initié par Sylvie Pinel, dans lequel le Plan de Transition Numérique (PTNB) visait justement à convaincre le secteur lié à l’architecture à franchir le cap et investir dans la technologie BIM.

Éloge du BIM

Chantier du projet Skylight Paris La Défense par Louis Paillard architectes © Agence L. Paillard

Alors que les années 1990 étaient également marquées par un tournant au sein des agences d’architecture avec l’apparition de la CAO – DAO (conception et dessin assistés par ordinateur), la révolution actuelle que provoque le BIM n’entretient aucune comparaison possible avec la première arrivée de l’outil informatique. Le passage de la table à dessin manuelle à un dessin électronique sur écran représentait un changement d’outil mais les façons de travailler restaient les mêmes. Pour Daniel Hurtubise, BIM manager chez Renzo Piano, il s’agit ici d’un changement radical1 : « Dès le départ, il faut fortement collaborer avec tous les consultants, les ingénieurs travaillent sur une structure. Le BIM signifie une philosophie nouvelle sur la façon dont on prépare les projets, sur celle dont on négocie les contrats, cela influence le processus, notre vie d’architecte. » En effet, la profession est passée avec le BIM dans la troisième dimension, et, selon l’utilisation plus ou moins approfondie du logiciel, elle atteint la 4D voire la 5D : En effet, il est possible d’intégrer des notions de temps avec les informations liées au planning de construction, lesquelles intègrent par ailleurs la question des ressources humaines nécessaires sur un chantier.

Image BIM du projet de Skylight Paris La Défense par Louis Paillard architectes © Agence L. Paillard

La multiplication des données, toujours croissante, avec par exemple celles environnementales, peut être orchestrée par le BIM. « Dans un projet, le problème est le passage d’informations, cette maquette 3D permet qu’il n’y ait pas de pertes au niveau de la transmission, l’ingénieur modifie en direct », explique Louis Paillard qui poursuit : « La modélisation est un gain, tant au niveau des aspects techniques d’un édifice que concernant le suivi et l’entretien. Elle permet de mettre des alertes sur ce qui ne fonctionne pas, elle change les manières de travailler en raison du partage de fichiers et de personnes, mais elle n’a pas d’influence formelle. Même s’il faut un peu de temps pour modéliser, elle permet de tester de multiples solutions sur le projet et en ce sens, elle représente un gain de temps. » Bien que saluant ce nouvel outil, effectif dans l’agence Paillard depuis quatre ans, il lui est encore trop tôt pour évaluer le retour sur investissement. (…)

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