TRIBUNE D’EXPERT

UNE NOUVELLE MANIÈRE DE PENSER LES ESPACES DE TRAVAIL
par Pierre Bouchet, architecte programmiste et co-fondateur de Génie des Lieux

 

Afin de rester attractives, les entreprises se doivent aujourd’hui d’avoir une vision globale de leurs environnements de travail, tenant compte à la fois des mobilités externes et internes de leurs équipes. Leur enjeu réside dans la création de valeur que ces environnements apportent aux utilisateurs. 

Les nouveaux environnements de travail doivent dorénavant tenir compte du « Bureau Libre », les mobilités internes mais aussi externes. Ce vocable illustre les nouveaux modes de travail basés sur la responsabilité et l’autonomie des collaborateurs tertiaires qui travaillent là où est le travail réel : en entreprise, dans un tiers lieu, en télétravail, mais aussi en déplacement.

Aujourd’hui, le salarié tertiaire est naturellement autonome. C’est un travailleur intellectuellement responsable et libre de ses activités. Il souhaite par conséquent être également libre dans le choix de son environnement de travail.

Bien plus qu’un phénomène de mode, le « Bureau Libre » est une tendance lourde qui répond à un processus de transformation réelle. Ainsi, un projet d’aménagement en « Bureau Libre » n’est pas uniquement un projet immobilier, mais un projet d’accompagnement du travail nomade qui recouvre une révolution numérique, sociale et organisationnelle.

Penser sur mesure et services

La réussite de la mise en place de ces nouveaux modes de travail suppose qu’elle soit pilotée par la direction générale et que l’ensemble des fonctions y soient associées.

Le succès dépend également de la pertinence des services mis à disposition des travailleurs au regard de leurs activités et de leur bien-être, puisque ce type de projet dépasse le seul espace de travail. Il concerne l’ensemble des services dédiés aux salariés, consultants, clients, fournisseurs ou indépendants, là où ils ont besoin de travailler, et non pas là où les contraintes immobilières l’ont décidé pour des raisons économiques.

On le comprend, un environnement de travail nomade en « Bureau Libre » ne peut donc pas être une solution standardisée et imposée. Pour qu’elle soit pertinente, la réponse doit être élaborée selon le contexte, le processus de transformation, les niveaux de contraintes et les capacités à mettre en œuvre un changement profond. Les solutions unifiées qui ne s’adaptent ni à l’activité, ni aux individus, ni au temps, ne fonctionneront pas.

Analyser le travail réel et expérimenter

Un projet d’environnement du travail nomade en « Bureau Libre » consiste en une gestion globale et optimale qui intègre à la fois des solutions de télétravail à domicile ou dans des tiers lieux professionnels, des solutions de corpoworking et des aménagements adaptés pour les espaces de travail en entreprise.

Cela nécessite un audit complet des différents environnements RH, IT et immobilier, mais aussi des études de programmation par la prise en compte des usages. En aucun cas un aménagement en « Bureau Libre » ne doit se résumer à la simple suppression de 15 à 20 % des postes !

Enfin, les retours d’expérience montrent que l’expérimentation réelle in situ, sur un panel représentatif et pendant plusieurs mois est indispensable avant tout déploiement. Ce test permettra de déterminer la pertinence, les conditions et le périmètre d’un déploiement éventuel selon les ROIs qui auront été déterminés tant sur les aspects métier, management, social, immobilier, IT, développement durable et financier. Enfin, pour être pertinent, il doit intégrer les mobilités externes et internes, dans le cadre d’un large projet d’entreprise de mise en place du travail nomade.

Accompagner le changement

Pour que le changement soit réel et efficace il est important que les collaborateurs, les managers ou les instances représentatives soient impliquées dans le projet. Pour cela il est nécessaire de créer les conditions du dialogue basées sur une dynamique de confiance et de travailler en co-construction avec les équipes.

Photos : François Guillemin

Retrouvez cet article au sein d’archistorm #92