Le DJ set de Franklin Azzi

dans la chronique MUSIQUE ET ARCHITECTURE

Texte : Marie-Jeanne Hoffner et Nicolas Karmochkine
Image à la une
: Berges de Seine, Paris © Maxime Dufour

De Nantes aux berges de la Seine, en passant par le boulevard Raspail, les récents projets proposés par l’agence de Franklin Azzi sont comme un subtil assemblage d’inspirations tissées entre image, musique et mode. Le collage est élevé au rang d’art de la conception, jouant de juxtapositions improbables, d’enchaînements et de mixages qui ouvrent une voie à la création de reprises et de surprises.

Franklin Azzi © Alexandre Tabaste

Une belle agence dans le centre d’affaires parisien, quartier de l’industrie et de la confection textile. Empruntant le vocabulaire des couturiers et des tailleurs, collage, empiècement, structure, assemblage, uniforme, coupe, la musique se raconte par les mots qui sont aussi ceux de l’architecture de Franklin Azzi.

Longtemps nourri par les sons qu’il écoutait ou ceux qu’il jouait, il tisse les liens entre composition architecturale et fluidité musicale d’une réflexion qui chevauche les courants autant qu’elle les mixe. Ces collages musicaux sont un écho aux propositions architecturales de l’agence où la création relève d’un style fait d’hybridation. Grandmaster Flash exhumait le son des origines pour en faire des scratchs et des boucles, Azzi prélève et rejoue aussi en mélangeant les genres.

« Rénover des bâtiments des années 60, c’est comme réinterpréter des morceaux »

Dans une relecture du bâtiment de Pierre Duffaut, boulevard Raspail, il revalorise la structure originelle par une peau musicale légère. Elle évoque une portée où les croches, les noires et les blanches donnent un nouveau rythme à la forme imposée. Franklin Azzi ne part plus d’une feuille blanche. Il impose une tonalité, une couleur, où basse et batterie sont les bases rappelant « Never as Tired as when I’m Waking Up » de LCD Sound System qui pose les fondements d’une reprise. Transformation, pérennité des ruines, le concept est là.

Halles, Alstom, Esbanm, Île-de-Nantes © FAA Halles

L’inspiration raconte les histoires culturelles de notre société. Franklin les customise et les sample pour trouver une forme minimale. Alléger, voilà une autre manière d’envisager la technique ; d’habitude cachée, elle devient pour lui un ornement architectural, une forme d’économie qui propose un décor mis à nu comme le jouaient les punks. Sans envie de plaire et sans décor, il préfère aller à l’essentiel. Du Clash de London Calling, Azzi aime aussi les choix vestimentaires qui donnent à comprendre l’identité d’un genre ou l’appartenance à un mouvement ,« les parallèles sont multiples, avec Kraftwerk on voit que c’est un courant global, qu’on ne peut pas les dissocier ». Mais Franklin aime plus encore la chaleur de la pop, la dimension sensible de l’ornement qu’il associe à l’échelle humaine du décor des cathédrales, de l’artisan qui laisse sa trace. Il retrouve cette présence dans la musique baroque de Bach ou de Purcell autant que dans le costume à paillettes de Prince qui danse sur « Baby I’m a Star ». L’origine de cet attrait du détail et de l’image qui fait rêver se retrouve dans les pochettes de 33 tours. Prendre le temps de regarder Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, Electric Ladyland de The Jimmy Hendrix Experience ou celle de Led Zeppelin IV, il y a tant à découvrir… Tellement plus que dans le carré de plastique d’un CD. Que dire du téléchargement d’un mp3…

Halles, Alstom, Esbanm, Ile-de-Nantes © FAA Halles

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