ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR

 

Le 12 juillet 2018, un des plus beaux hôtels Art Déco/Art Nouveau de Paris, le Lutetia, créé en 1910, lieu historique de la Rive Gauche, a rouvert ses portes après quatre années d’un chantier de 100 millions d’euros confié à l’architecte Jean Michel Wilmotte, connu pour son don d’allier respect de l’histoire des lieux et adaptation aux exigences contemporaines.

Depuis décembre 2014, le bâtiment de 7 étages à l’angle de la rue de Sèvres et du Boulevard Raspail, face au square Boucicaut, se cachait pudiquement, derrière de grandes bâches. Nul n’a pu soupçonner ce qui se tramait sur cet immense paquebot qui a révélé sa façade en vagues blanches, ornées de sculptures et de frises parfaitement restaurées de Paul Belmondo et de Léon Binet, début 2018.

L’absence du bâtiment dans ce quartier très huppé du Paris intellectuel, proche de la Sorbonne, du Flore, des anciens ateliers d’artistes du 6ème arrondissement et face au Bon Marché qui fut au cœur du projet de sa création, n’est pas passée inaperçue. Les rendez-vous d’écrivains et d’éditeurs, d’artistes et de galeristes, les dîners et déjeuner du tout Paris ont manqué à la capitale privée de l’un de ses cœurs d’ouvrage et de culture.

Cet hôtel est davantage qu’un hôtel, l’icône de Saint-Germain-des-Près. Occupé dès le lendemain de l’arrivée des troupes allemandes sur Paris, le 15 juin 1940, le bâtiment chargé de l’aura négative de la Police secrète ennemie, s’est refait une virginité en accueillant les déportés revenus des camps en 1945 qui étaient autorisés à y séjourner deux jours mais qui souvent y restaient davantage, ayant peine à quitter leurs compagnons d’infortune. Ce lieu a marqué de nombreuses consciences comme l’espace d’une mort ou d’une renaissance, mais aussi comme celui de la création des plus belles œuvres qu’ait engendré la Ville de Paris : une magnifique collection de peintures et de sculptures créées dans le lieu et laissées pour prix d’un séjour, a été vendue à l’hôtel Drouot avant les travaux, apportant une contribution non négligeable au financement du chantier.

La première phase de restructuration du gros œuvre a été confiée à la société Eiffage BTP qui a fait appel à des techniques de pointe pour répondre au cahier des charges très exigeant du Groupe hôtelier The Set et du nouveau propriétaire Israélien, le groupe Alrov. (…)

TexteMaud Benayoun

Visuels : © Mathieu Fiol

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