DOSSIER SOCIÉTAL

De la Serpentine Gallery à Londres, à la Naomi Milgrom Foundation de Melbourne en passant par le Château La Coste ou la Fondation Martell à Cognac, les lieux d’exposition incluant des pavillons d’architecture se multiplient. Si la Serpentine reste le modèle du genre, elle a initié un véritable phénomène au sein de la discipline en érigeant l’événement au statut de label et en transformant ce type d’architecture en produit artistique commercial.

Zaha Hadid, Lilas Pavillon, 2007 © Luke Hayes

En marchant depuis Carriage road, le long des jardins de Kensington, en plein cœur de Londres, on aperçoit de loin les courbes élégantes du pavillon de la Serpentine version 2017. Le bleu indigo des parois perforées offre le plus beau contraste avec le gazon vert anglais, tandis qu’au-dessus de ces dernières flotte une toiture légère dont les lattes de bois en treillis, élancées vers le ciel, se fondent dans la canopée du parc. Protégé des intempéries par de discrètes feuilles de plexiglas, cet auvent en entonnoir protège une cour intérieure où se dérouleront les spectacles, débats et conférences liées à l’événement. Au centre, l’espace reste ouvert, au niveau de la structure porteuse qui se transformera en chute d’eau lors des périodes de pluie. Récupérée pour irriguer le parc, l’eau, qui est devenue aujourd’hui une source naturelle précieuse, est ici envisagée comme une mise en scène.

« Je travaille souvent en tenant compte de la nature. Ici, le concept est simple, je me suis inspiré de la forme d’un arbre dans le paysage. De là où je viens, au Burkina Faso, un arbre est souvent un espace public en dessous duquel les gens se rassemblent. » Ainsi s’exprimait l’architecte burkinabé Francis Kéré, auteur du 17e opus du pavillon d’été de la galerie d’art contemporain de la Serpentine.

Parcours sans faute ici à Londres pour l’architecte installé à Berlin, construisant en Afrique et enseignant dans les plus grandes écoles internationales : en effet, il parvient ici à s’inscrire parfaitement dans le contexte anglais tout en interprétant ses références africaines. Au-delà de la seule installation artistique qui ne renverrait qu’à elle-même, il offre un lieu d’accueil adapté aux événements culturels amenés à s’y produire. Enfin, il questionne le rapport architecture et nature, en remettant en cause l’idée du durable trop souvent réduit à l’ajout de prothèses.

« Cette couleur bleue est très importante, explique encore Kéré, c’est la couleur de cérémonie. L’air circule à travers les murs perforés, l’idée était de créer une grande canopée qui soit aussi un abri permettant aux visiteurs de ressentir les éléments naturels alentour », précise l’architecte, qui concluait lors de l’inauguration : « La tâche n’était pas facile car il fallait passer derrière des architectes dont les œuvres sont majeures dans l’histoire de la discipline », comme Koolhaas, Ito, Herzog & de Meuron, Gehry… (…)

Texte : Sophie Trelcat
Visuel à la une : Francis Kéré, Pavillon la Serpentine 2017 © Kéré Architecture
Photography © 2017 Iwan Baan

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