HISTOIRE D’UNE MARQUE

DESIGN

Quand l’esthétique industrielle s’affiche fièrement dans les bâtiments du tertiaire, il est un élément incontournable : le tube fluorescent Sammode. Ce luminaire mis au point par l’entreprise familiale en 1967 ne s’est jamais démodé, bien au contraire. Dans une version redesignée, il orne aujourd’hui le hall du château de Versailles comme quoi esthétique industrielle et arts décoratifs peuvent être compatibles !

Versailles © David Foessel

Le talent de Dominique Perrault et de Gaëlle Lauriot-Prevost a su opérer cette association inattendue. Les tubes ont été mis en œuvre avec une maille plissée dorée, avant d’être fixés astucieusement sur des perches horizontales. Ils sont nombreux les designers et architectes à vouloir revisiter ce produit au caractère bien trempé. Dans certains cas comme la collection Sammode Studio, leurs créations intègrent le catalogue. Ces créations sont bien souvent des accessoirisassions légères d’un produit qui a su marquer son époque. Sa résistance et sa durabilité nous l’ont rendu familier. Même s’il apparait dans bien d’autres contextes dans les années 60 : les usines d’extractions, les centrales nucléaires, les papeteries, les aciéries, l’agroalimentaire et même les rings de boxe… Sa fiabilité et son imperméabilité orientent le choix de Patrick Bouchain alors qu’il travaille en 1985 sur les sous-sols du Palais Royal où se trouvent les colonnes de Buren. Dès lors les équipements publics et collectifs (la grande halle de la Villette, le siège de Nestlé conçus par Reichen et Robert et la BNF de Dominique Perrault) s’en équipent. Plus récemment, Sammode a fourni les éclairages de la passerelle Simone de Beauvoir à Paris. Dernière étape de cette transformation historique : l’activité du contract et du résidentiel depuis 2015.

Bureaux Cardinale & Rogeon Architecte © Pierre Lambert

Pour le représentant de la quatrième génération Sammode, Emmanuel Gagnez, la marque a accompagné les architectes désireux d’employer les produits dans des projets de plus petites échelles (hôtels, restaurants…). Il a donc fallu adapter l’offre avec des puissances et des optiques différentes, définir des températures de couleurs, développer des fixations adaptées et des modes de gradation. Les finitions elles-mêmes se sont étoffées avec des couleurs profondes et précieuses (laiton, cuivre, pétrole). Les résilles et autres gaines métamorphosent aussi le produit original. « Il importait d’ajuster les finitions et les aspects au projet global » (Emmanuel Gagnez). C’est le cas à la médiathèque de Strasbourg, un ancien silo à grains où chaque élément doit être parfaitement dimensionné. Les architectes Ibos & Vitart ont défini le diamètre et la longueur des tubes ainsi que la finesse de l’éclairage. Les lampes Sammode prolongent la minutie et l’économie avec lesquels le projet architectural a été pensé dans ses moindres détails, le soin apporté à l’accastillage notamment.  Pour son directeur, « cette vision rejoint celle de la marque soucieuse des assemblages. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous souhaitons rester des fabricants. De vertueux transformateurs de matières !  C’est pour nous la condition essentielle du passé et du futur ».

Texte : Alexia Vincent
Visuel mis en avant : Versailles © David Foessel

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