RÉALISATION

SHIGERU BAN ET JEAN DE GASTINES

 

Équipement culturel majeur de l’Ouest parisien, la Seine Musicale a ouvert ses portes en avril dernier, après seulement trois années d’un chantier titanesque. L’édifice est implanté en aval de l’île Seguin et prend la forme symbolique d’un navire de béton.

« Habituellement je ne travaille jamais avec des formes symboliques, mais ici le commanditaire du projet1 souhaitait un emblème fort pour cette porte de l’ouest parisien », explique l’architecte japonais Shigeru Ban, associé au Français Jean de Gastines pour la réalisation de la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt. Par ailleurs, poursuit le lauréat du célèbre prix Pritzker 2014, « il fallait respecter le Masterplan de Jean Nouvel, urbaniste en chef de l’île, qui souhaitait l’image d’un grand navire et d’épais murs de béton ».

 

« Un jardin suspendu, accessible, qui surmonte la toiture nous évite d’être trop brutaux », ajoute Jean de Gastines, connu pour sa collaboration avec l’architecte japonais dans la réalisation du musée Pompidou-Metz, inauguré en 2010.

Ainsi les architectes nous permettent-ils de comprendre le sens de la forme imposante de paquebot donnée à l’équipement culturel. Baptisé « Seine Musicale », ce dernier est l’occasion pour le grand public de réinvestir ce site exceptionnel de 11,5 hectares qui était un haut lieu de loisirs durant la Belle Époque, avant de devenir propriété des usines Renault jusqu’à leur fermeture, au début des années 90. Les ateliers seront finalement détruits en 2004. L’accueil de tous les publics est à nouveau un des enjeux majeurs du lieu. En effet, le complexe, financé selon un mode de Partenariat Public Privé (PPP), représente un coût de construction de 170 millions d’euros et il se doit d’être rentable, notamment avec l’adjonction de programmes annexes. C’est en 2013, à l’issue d’une mise en compétition de trois groupements sélectionnés par le département des Hauts-de-Seine, que Bouygues Bâtiment Île-de-France, Sodexo, Shigeru Ban et Jean de Gastines se voient confier le projet.

L’opérateur Tempo assure la réalisation du bâtiment, puis le fonctionnement et l’exploitation de l’établissement pour une durée de vingt-sept ans. L’ouvrage sera alors remis au département, en bon état d’entretien. L’ensemble des différentes fonctions s’organise le long d’une rue couverte, étirée sur 280 mètres en prolongation du plan urbain de l’île et qui traverse l’édifice depuis le parvis d’accueil à l’est, jusqu’à sa pointe ouest. Colonne vertébrale du projet, cette circulation publique assure la connexion entre les six entités de la Seine Musicale et elle maintient une perméabilité vers l’extérieur en étant bordée au nord par une rangée de commerces à vocation culturelle et de restaurants. En proue du navire, l’Insulae orchestra s’arrime en résidence permanente, la poupe abritant la Maîtrise des Hauts-de-Seine, école des jeunes choristes de l’Opéra de Paris. Au cœur du vaisseau, se succèdent une grande salle de musique amplifiée de 4 000 à 6 000 places – dont la flexibilité est unique en Europe –, un espace événementiel, des salles de répétition et d’enregistrement ainsi que l’accès à l’auditorium posé sur le toit.

 

FICHE TECHNIQUE

Maître d’ouvrage : Conseil départemental des Hauts-de-Seine
Maître d’œuvre : Shigeru Ban Architects Europe et Jean de Gastines Architectes
Opérateur : Tempo-Île-Seguin, composé de Bouygues Bâtiment Île-de-France (mandataire), Sodexo sports et loisirs, Infravia, TF1
Paysagistes : Bassinet Turquin Paysage
Superficie : 36 500 m2
Coût des travaux : 170 M€

 

 

 

 

 

Texte : Emma Sotrel

Visuels : © Didier Boy de la Tour.

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