Jean-Michel Wilmotte
© Leo-Paul Ridet

Jean-Michel Wilmotte est architecte, urbaniste et designer, membre de l’Académie des beaux-arts. En 1975, il fonde l’agence d’architecture Wilmotte & Associés, qui œuvre dans cinq domaines de compétences (architecture, architecture d’intérieur, muséographie, urbanisme et design) et mène des projets de toute échelle dans 27 pays. Parmi les réalisations et projets de l’agence : des aménagements muséographiques au musée du Louvre (1987-2006), le centre culturel de Daejeon en Corée du Sud (2015), le Centre de gestion sportive Ferrari à Maranello en Italie (2015), la halle Freyssinet et le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe (Paris, 2016). En 2005, Jean-Michel Wilmotte crée la Fondation d’entreprise Wilmotte pour sensibiliser les jeunes architectes aux problématiques de réhabilitation du bâti ancien.

 

 

Elle sera bientôt la locomotive de l’économie numérique mais a pourtant bien failli être démolie. La halle Freyssinet[1], bâtiment ferroviaire conçu dans les années 1920, était encore récemment un « cas » en souffrance, à l’instar de nombreux édifices français du xxe siècle, dont seuls 5 % seraient protégés au titre des Monuments historiques. Et pourtant, une large majorité des Français disent être attachés à leur patrimoine architectural ! (…) Il est donc urgent de le protéger et, surtout, de le revitaliser, de lui offrir une nouvelle vie en l’adaptant à de nouveaux usages.

 La méthode ? La greffe architecturale, ou greffe contemporaine. Trait d’union entre le passé et le présent, elle crée une synergie entre le patrimoine et l’architecture contemporaine.

Création d’un auditorium sous la halle Freyssinet, reconstitution, en charpente métallique, du grand comble cistercien du Collège des Bernardins[2], ou encore ajout d’ailes vitrées au château Pédesclaux[3] à Pauillac… la greffe architecturale revisite et requalifie le patrimoine avec un vocabulaire contemporain, tout en préservant sa nature, son histoire et son environnement. Quel que soit le bâtiment, classé ou non, elle le traite avec bienveillance, sans virer au pastiche. (…)

Château Pédesclaux, Pauillac
© Rodolphe Escher

Le patrimoine nouvelle génération
Valorisant aussi bien le savoir-faire artisanal et les matériaux naturels que les techniques de pointe et les matériaux composites, la greffe revitalise le patrimoine, l’adapte à de nouveaux usages et en renforce donc l’attractivité. Elle l’ouvre ainsi  à son environnement et aux nouveaux modes de vie, générant de nouveaux revenus, créant de nouvelles interactions, encourageant les nouvelles générations à s’y connecter.

Une opération smart et responsable
En outre, conçue comme une optimisation de l’existant, suivant la Charte de Venise[4] (1964), la greffe architecturale est la véritable alternative au « traditionnel » cycle construction-exploitation-démolition. En effet, en plus d’être parfois avantageuse sur le plan économique, elle s’inscrit dans une démarche écologiquement responsable. (…)

Durable, moderne et inventive, elle est donc  résolument tournée vers l’avenir et constitue un levier de développement urbain très prometteur, dont la nouvelle génération d’architectes n’hésite d’ailleurs pas à se saisir. En témoigne notamment l’engouement suscité par le prix W[5], organisé tous les deux ans par la Fondation d’entreprise Wilmotte[6], dont l’objectif est de promouvoir la greffe contemporaine auprès des étudiants et des jeunes diplômés en architecture.

Pour sa 7e édition, qui s’est tenue cette année, plus de 1 100 candidats européens ou étudiant en Europe, seuls ou en binôme, ont planché sur la transformation du Pondorly, un bâtiment-pont situé sur la route de l’aéroport d’Orly. À l’arrivée, trois projets lauréats, dont les approches, aussi différentes qu’épatantes, révèlent à elles seules l’extraordinaire potentiel de la greffe architecturale.

 

 

[1] Halle Freyssinet, Paris – Livraison début 2017.
[2] Collège des Bernardins, Paris – Livré en 2008.
[3] Château Pédesclaux (Grand Cru Classé), Pauillac – Livré en 2015.
[4] « Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites », dite « Charte de Venise ».
[5] www.prixw.com
[6] www.fondationwilmotte.fr

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