338 logements, Paris

PetitdidierPrioux

 

À Paris XIXe, face au Centquatre, la densification extrême de l’ancien terrain du Crédit du Nord pouvait laisser craindre le pire pour ses futurs occupants. PetitdidierPrioux livre pourtant un projet de logements clair et rigoureux, dont l’habitabilité est loin d’être déméritante.

 

 

Après New York et Londres, Paris est désormais la ville la plus chère au monde : 10 190 €/m2 en septembre, selon les notaires, dont les prix basés sur des transactions après signature de l’acte authentique sont décalés de quelques mois par rapport à ceux observés en temps réel. La décorrélation entre le coût du logement et le revenu disponible par ménage est telle que la courbe de Friggit s’envole et que ses observateurs désespèrent de la voir redescendre un jour dans son tunnel théorique. À Paris, on « réinvente » les sous-sols, on monte des sociétés d’architecture spécialisées dans les surélévations et on s’arrache le moindre bout de terrain. Rien d’étonnant, dans ces conditions, que le promoteur Nexity se soit porté acquéreur d’une parcelle de 2 680 m2 sans étude de faisabilité, alors qu’il en aurait fallu probablement plusieurs pour le convaincre d’investir en grande banlieue ou en province. Plus de dix mille mètres carrés de surface construite intra-muros, ça ne se refuse pas, même aux confins du XIXe arrondissement ! Sauf que la précipitation peut réserver des surprises.

 

Initialement occupée par le Crédit du Nord, la parcelle comportait en effet un immeuble désaffecté de douze mille mètres carrés, mais quatre mille d’entre eux étaient assignés à la salle des coffres, située en sous-sol. Problème : « Nexity avait fondé la rentabilité de son opération sur les 12 000 m2 annoncés du bâtiment existant, sans en vérifier le métré, indique Cédric Petitdidier, architecte cofondateur de l’agence PetitdidierPrioux. Il nous fallait trouver les 4 000 m2 manquants. »

 

 

Après avoir démontré auprès de la ville de Paris que la réhabilitation de l’immeuble de l’établissement bancaire, sans valeur patrimoniale, était incompatible avec un programme de logements de qualité, l’agence d’architecture s’est donc attelée à concevoir un projet à partir de constructions entièrement nouvelles, à l’exception de la salle des coffres, transformée en parking souterrain. Surpassant même l’objectif a minima du promoteur, PetitdidierPrioux a réussi à créer 13 285 m2 de surface de plancher pour plus de 300 appartements. « Il s’agit de l’une des plus grandes opérations de logements hors ZAC de Paris », souligne l’architecte. Et de calculer, étonné du résultat, l’indicateur de la densité qui claque comme un exploit : « COS = 5 ! » 

 

Impressionnante sur le papier, cette hyperdensité n’a pourtant rien de comparable avec celle de la démesure des IGH et des bâtiments en gradins inversés du grand ensemble mitoyen des Orgues de Flandre, conçu au début des années 1970 par Martin Schulz van Treeck. Le parti-pris de PetitdidierPrioux est aussi simple que naturel : un bâtiment le long de la rue Curial, un autre sur la rue Archereau, une cour étroite au milieu. Les alignements sur la voie publique sont tenus et les hauteurs plafonnées par le règlement du PLU. La principale difficulté de la composition consistait à désenclaver la cour et à traiter ses vis-à-vis.

Texte : Tristan Cuisinier

Crédits photos : Sergio Grazia

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le nouveau numéro du magazine Archistorm, disponible en kiosque.