F(R)ACTURE URBAINE

BNL/BNP Roma, entre rails et ciel

 

Le siège romain flambant neuf de la BNP/BNL réussirait presque l’exploit de faire oublier l’architecture tant « raillée » de la nouvelle gare TGV de Roma Tiburtina, sa voisine. L’agence d’architecture franco-italienne 5+1AA y érige au droit de ses quais un « ciel vertical » qui met en scène l’arrivée des trains tant pour les voyageurs que pour les riverains.

 

Subtile imbrication des lanières de verre « déconstruisant » la planimétrie linéaire de l’immeuble

 

Le voyage à Rome

Où commence le ciel ? où finit le bâtiment ? L’immense miroir kaléidoscopique sème la confusion auprès des passagers des trains et des riverains

Non loin de la gare terminus de… Termini, la gare Tiburtina accueille depuis 2010 les passagers des trains à grande vitesse transitant par la capitale italienne dans un bâtiment-pont aux allures d’aérogare et à l’esthétique datée et maladroite (serait-ce parce qu’il franchit les voies en biais ?) ! Par ses « desiderata », l’architecture de Paolo Desideri relie plus qu’elle ne réunit les deux quartiers de Tiburtina au sud-est et de Pietralata au nord-est. D’où l’enjeu crucial de charnière urbaine incombant à ce nouveau complexe tertiaire destiné au siège romain de la banque française en ce lieu où s’empilent les infrastructures ferroviaires au pied d’un château d’eau et du cimetière monumental du Verano, presque en vis-à-vis.

Pour Alfonso Femia et Gianluca Peluffo de 5+1AA, ce site de « jonctions et de fragments, de vides et de pleins simultanés [s’inscrit] au sein d’un dispositif qui superpose le temps du voyage vers le centre de Rome, en dehors de la temporalité de la ville, fait de trames, de rythmes, de séquences et de scènes capables de traduire la quotidienneté dans un voyage à la fois urbain et personnel, intime et collectif.(…) Le voyage doit ainsi garder une dimension liée à la fois au réel et à l’imaginaire, à la mise en scène du réel et à la possibilité d’écouter s’exprimer son imaginaire. »

Tant à l’arrivée qu’au départ, les passagers des trains ont, en fait, une perception des plus réduites de la gare en elle-même ; en revanche, les abords immédiats constituent en général leur premier (ou dernier) contact visuel avec la ville, qu’ils la traversent ou y séjournent. Les architectes génois ont donc souhaité métamorphoser l’immense façade de la banque donnant sur les voies ferrées en un gigantesque kaléidoscope – en lanières horizontales – de 235 m linéaires par 50 m de haut réfléchissant à la verticale l’instabilité du ciel de Rome où se dissout par reflet l’existant. (…)

 

En retour de la gare-passerelle, le « ciel vertical » recadre avec poésie tout son environnement

 

Texte : Lionel Blaisse
Visuels : © Luc Boegly

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