Chez Leclercq Associés, le projet ne naît jamais d’une vision solitaire. Depuis sa création au début des années 1990 par François Leclercq, l’agence cultive une approche collective et collaborative, où l’architecture, l’urbanisme et le paysage s’entrelacent pour penser la ville autrement. Ses ambitions sont simples : apporter des réponses pertinentes et claires à des problématiques en prenant en compte le contexte sous toutes ses dimensions – urbaines, sociales, économiques et politiques.
S’entourer de différents experts et échanger avec eux est alors indispensable. Aujourd’hui, l’agence compte cinq associés – François Leclercq, Pierre-Louis Leclercq, Jean Leclercq, Charles Gallet, Paul Laigle – et de nombreux collaborateurs aux profils variés. Une force qui lui permet d’évoluer en permanence, en dialogue constant avec les enjeux de la société. Installé depuis 2004 dans un ancien atelier industriel, dans le 20e arrondissement de Paris, Leclercq Associés poursuit une vision où l’échange humain permet d’allier une meilleure compréhension du territoire, une innovation constructive et une sensibilité spatiale. Rencontre.
Une vision collective de l’urbanisme
La ville est pensée pour le vivre-ensemble. Pour être transformée, elle doit être abordée avec cette même logique de cohabitation. Écouter chaque point de vue, intégrer chaque facette du tissu urbain est ainsi essentiel. Leclercq Associés l’a compris dès ses débuts. « L’architecte urbaniste joue un rôle central en tant que médiateur entre les avancées technologiques et les besoins humains », expliquent les associés. Il coordonne et maintient un équilibre entre la dimension technique et complexe du métier et la prise en compte du facteur humain. Cela implique alors de faciliter le dialogue entre les acteurs d’un projet, pour garantir que les choix effectués soient à la fois justes, adaptés et durables. La collaboration est donc au cœur de leur démarche. Qu’elle soit interne – entre urbanistes, paysagistes, ingénieurs, hydrologues, philosophes, artistes audiovisuels, géographes, spécialistes en sciences politiques – ou externe, en lien avec des partenaires, elle enrichit l’agence de manière plurielle. Croiser les regards, confronter les idées les amènent à proposer des solutions innovantes et ancrées dans la réalité. Le projet sur le vaste territoire du Nord-Est de Paris marque un tournant pour l’agence dans cette démarche collective. Ce projet a structuré une nouvelle manière de concevoir, fondée sur l’expertise pluridisciplinaire et l’ouverture aux incertitudes liées aux mutations sociales, politiques ou climatiques. Amorcé en 2004, il montre l’importance d’une lecture globale du contexte – historique, économique, sociale et environnementale – et l’implication de chaque discipline pour proposer des solutions spécifiques, loin des modèles standardisés. Car il ne s’agit plus seulement de dessiner la ville, mais d’écrire son récit, de formuler des scénarios ouverts, capables de s’adapter aux mutations, et portés par des acteurs engagés. Notamment dans un système métropolitain aussi complexe que celui de Paris.
Le paysage et l’architecture, une rencontre symbiotique
Cette logique du récit se poursuit dans le lien entre l’œuvre humaine et celle de la nature. Entre paysage et architecture, l’approche est symbiotique : les deux se nourrissent et se valorisent. L’agence collabore depuis ses débuts avec des paysagistes et a progressivement intégré cette compétence à ses équipes. Alors que les enjeux écologiques imposent un changement profond de paradigme, cette articulation devient centrale. Elle s’exprime jusque dans les matériaux. « Nous accordons beaucoup d’importance à la matérialité dans nos projets, au dialogue entre différents matériaux, aux détails et finitions qui sont, selon nous, le fondement d’un bâtiment ou d’un espace public de qualité », expliquent les membres de l’agence. Elle cherche à réduire l’usage du béton et du métal afin de limiter l’empreinte carbone, tout en assurant la pérennité et la mutabilité du bâti. Chaque matériau est ainsi choisi selon une réflexion globale intégrant le contexte, les usages, et répondant aux contraintes techniques et budgétaires.
Le projet Montpellier Hippocrate, actuellement en chantier, illustre cette démarche. Il propose un nouveau modèle d’espace de travail, adapté à notre époque. La structure, construite en terrasse, est pensée comme une extension du paysage. La matière terre s’entrelace avec des plantes grimpantes sur la façade, et les espaces de travail s’ouvrent largement vers l’extérieur, offrant flexibilité et qualité d’usage. Côté matériaux, l’agence privilégie les ressources locales et biosourcées. La paille de riz de Camargue, par exemple – un déchet agricole courant en Occitanie – devient ici un matériau de construction, réduisant l’empreinte carbone du bâtiment. « En tant qu’urbanistes, nous explorons les territoires pour en révéler les potentiels, et en tant qu’architectes, nous militons pour reconnecter la construction aux ressources locales », résume l’agence. Ce choix traduit une volonté de reconnecter la construction aux ressources du territoire et de faire émerger des solutions sobres et engagées.
Poursuivre le récit de l’existant
Si les matériaux jouent un rôle clé dans la transition écologique, le regard porté sur le patrimoine bâti en constitue un autre. Aujourd’hui, penser la ville de manière durable, c’est aussi choisir la transformation plutôt que la démolition. Réinvestir, réhabiliter, adapter les espaces existants, notamment en périphérie, devient un geste engagé. C’est une nouvelle posture plus respectueuse de nos villes et de nos architectures, que Leclercq Associés prend comme un défi pour redynamiser ces lieux et leur offrir un nouveau récit. « En tant qu’architectes et urbanistes, nous avons le pouvoir et la responsabilité de formuler ces prospectives, de participer à la bataille des récits et d’imaginer des futurs désirables », affirment les collaborateurs de l’agence. Elle accompagne cette transformation à travers des démarches longues, sur des territoires qu’elle suit dans le temps, comme à Marseille.
L’agence observe une évolution de l’urbanisme, où la voiture laisse place aux mobilités douces, au végétal et à la requalification des espaces oubliés. Friches, zones commerciales et délaissés sont repensés comme des opportunités pour inventer des récits alternatifs, plus résilients et sensibles.
Ce pôle fédère une grande variété d’acteurs, institutions publiques, privées, chercheurs ou partenaires internationaux, autour d’études stratégiques à différentes échelles. En France, en Europe – comme dans le cadre d’une coopération franco-allemande sur les formes urbaines – ou à l’international. Notamment sur le continent africain, où l’agence intervient dans des contextes climatiques marqués qui nécessitent des stratégies bioclimatiques adaptées. « Nous privilégions les savoir-faire vernaculaires et les matériaux du site, des systèmes constructifs simples, plutôt que des solutions déconnectées du contexte ou excessivement technologiques. » Cette approche permet de concevoir des espaces résilients, en harmonie avec leur environnement et les usages locaux.
Chez Leclercq Associés, tout est affaire de lien : entre disciplines, échelles et temporalités. Le collectif n’est pas seulement une méthode, mais un levier de transformation. Face aux défis climatiques, mais aussi sociaux et technologiques, l’agence défend un urbanisme ouvert, capable d’anticiper les mutations à venir et de proposer des espaces durables, inclusifs et ancrés dans leur contexte. Inventer la ville, ici, c’est conjuguer le sensible et le stratégique, l’humain, le vivant…
et la diversité des usages.
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Réalisation | Le KAP Learning Centre, Clermont-Ferrand — EMAA – Espagno Milani architectes associés et BaaG Architectes associés
Le KAP de l’Université Clermont Auvergne (UCA) à Clermont-Ferrand, inauguré en septembre 2024, est un lieu consacré aux ressources pour la formation des étudiants et au développement de nouveaux outils pédagogiques. Il abrite à la fois une bibliothèque et des espaces polyvalents.
Une vision contemporaine de la transmission des connaissances
Le KAP, nouvelle figure de proue de l’Université Clermont Auvergne (UCA) à Clermont-Ferrand, dépasse la simple fonction de bibliothèque traditionnelle et constitue un lieu propice aux échanges, à l’apprentissage et à l’intégration des nouveaux modes de circulation des savoirs et des outils pédagogiques.
Le programme occupe à la fois une extension neuve et l’ancien bâtiment du laboratoire universitaire Magmas et Volcans, vacant depuis 2016. Construit entre 1957 et 1958 par les architectes auvergnats Lescher et Bosser, ce bâtiment, bien que représentatif de l’architecture de son époque, ne répondait plus aux normes contemporaines en matière de sécurité, d’accessibilité ou d’isolation thermique et nécessitait par conséquent une réhabilitation complète. Lorsque la question de son usage futur s’est posée, le choix d’une bibliothèque et d’un espace polyvalent s’est imposé.
Ce projet de réhabilitation et extension a été conçu pour répondre aux besoins actuels et incarne une vision contemporaine de la transmission des connaissances. L’ensemble multifonctionnel compte des espaces mutualisés entre la bibliothèque universitaire, un pôle d’orientation et d’insertion, des salles de formation, un studio de production numérique, un secteur administratif ainsi qu’un restaurant universitaire, autant d’équipements conçus pour répondre aux besoins des étudiants et enseignants-chercheurs du secteur.
La réalisation architecturale a été confiée à l’équipe composée des collaborateurs de l’agence Espagno Milani architectes associés, de l’agence BaaG, de l’entreprise GCC Auvergne ainsi que de plusieurs entreprises spécialisées. Le nouveau site a ouvert ses portes le 2 septembre 2024.
« Être dorénavant situés dans le KAP, au plus proche des étudiants qui fréquentent la BU et des enseignants des différentes composantes du centre-ville, nous a apporté une grande visibilité rendant l’équipe encore plus accessible à l’ensemble de la communauté universitaire. Les salles d’expérimentation pédagogique, le studio high-tech et la convivialité des salles de réunions et des espaces communs créent des conditions favorables à l’épanouissement professionnel. »
— Françoise Caira, Responsable du Pôle IPPA, Université Clermont Auvergne
« Entamé en 2019, le travail a reposé sur une implication forte des équipes de la BU. Sur tous les sujets transversaux aux différents services, les groupes de travail mis en place par la BU ont été ouverts aux collaborateurs de la direction de la Formation. Les actions préparatoires conduites peuvent être regroupées en quatre thématiques : collections, accueil et services, espaces et ressources humaines. »
— Fabrice Boyer, Directeur Bibliothèque & herbiers universitaires, Université Clermont Auvergne
Aménagement urbain et paysager
Le projet s’inscrit dans le cadre de la transformation urbaine du quartier Kessler-Rabanesse situé au sud de Clermont-Ferrand, entre le centre historique et le Quartier latin. La piétonnisation de la rue Kessler participe au dynamisme de la vie locale, et renforce les interactions entre les espaces publics et les activités environnantes.
La parcelle du KAP est délimitée par le boulevard François Mitterrand au nord, la rue Kessler à l’ouest, la rue Raynaud à l’est et la rue Ledru au sud. Elle s’inscrit dans un environnement institutionnel ponctué d’infrastructures universitaires et administratives : l’Institut d’Auvergne du Développement des Territoires (IADT), la présidence de l’UCA et le Rectorat au nord, la Maison des Sciences de l’Homme à l’est et enfin la Maison Internationale Universitaire au sud. Le site est donc implanté sur une parcelle dense et enclavée, ce qui a nécessité une importante réflexion liée à l’optimisation de l’espace et à l’intégration du nouvel ensemble dans l’environnement urbain.
Le projet d’insertion urbaine repose sur des exigences spécifiques en matière de visibilité et d’accessibilité. L’une des ambitions majeures du projet consiste à apporter une nouvelle dynamique au quartier, notamment en proposant un bâtiment animé et visible de jour comme de nuit. L’objectif de visibilité est ainsi atteint grâce à une façade signal orientée vers le boulevard François Mitterrand, dont la présence est renforcée par une perspective créée par l’inclinaison de la passerelle d’accès principale. Une seconde passerelle connecte le site à l’axe piéton du Quartier latin Kessler-Rabanesse.
La compacité du bâtiment permet de préserver un important espace libre au cœur de l’îlot, qui a ainsi pu être aménagé en jardin paysager, propice à la multiplication de connexions extérieures et à la création de lieux de détente. Les zones dégagées devant l’entrée et le jardin de la Présidence s’organisent autour d’espaces d’échange et de restauration. Un secteur plus arboré est installé au sud et le long de la limite est, de façon à créer une respiration verte supplémentaire en centre-ville, mais aussi à établir une relation fluide avec le jardin Lecoq, un parc emblématique du quartier. La passerelle principale et de larges baies vitrées ont été donc conçues pour marquer la présence du site dans le paysage urbain. Cette ouverture visuelle renforce l’idée d’un lieu dynamique, fréquenté non seulement par les étudiants, mais aussi par les habitants du quartier.
Existant et extension : dialogue et continuité
Le projet d’adaptation aux nouveaux usages met en avant le patrimoine architectural existant par un souci de continuité entre l’édifice d’origine et le nouveau bâtiment. L’ancien laboratoire mesure 65 mètres de long pour quatre niveaux, il est construit en léger retrait par rapport à la rue. Ses façades ont été conservées et restaurées, tout comme les planchers et la couverture. L’extension est implantée selon un débord d’environ 3 mètres par rapport au pignon existant afin de mettre en évidence l’intervention contemporaine.
Les proportions des deux bâtiments accolés sont équilibrées par le dessin de volumes similaires qui assurent une continuité visuelle. Il en découle une volumétrie simple, définie par trois typologies de façades adaptées aux expositions. Celles-ci résultent de la composition existante qui présente une trame verticale intégrant des baies superposées et des brise-soleil, un soubassement et un débord en couronnement. Les matériaux utilisés convoquent une même idée de minéralité, à savoir la pierre de parement et l’enduit pour la partie ancienne, le béton pour la partie nouvelle. Les éléments en béton matricé réalisés en partenariat avec l’entreprise Reckli habillent l’angle principal. Une résille métallique de teinte irisée étendue le long des façades change de couleur et d’opacité selon la luminosité. Conçue par modélisation informatique en 3D du bâtiment, cette résille est adaptée pour filtrer les rayons directs du soleil.
L’implantation de l’extension dans la continuité directe du bâtiment existant facilite à l’intérieur les liaisons fonctionnelles entre les deux parties. La compacité recherchée conduit à l’implantation de plateaux identiques et strictement alignés. La création d’un atrium à la jonction entre ces deux entités maintient l’uniformité des espaces intérieurs, et apporte de la lumière naturelle au cœur de l’édifice ainsi que sur l’ensemble des niveaux. En ce qui concerne les aspects structurels, des sections rectangulaires en béton permettent d’établir les liaisons et de créer des ouvertures. La structure a été renforcée par des dalles rigides et un ferraillage adapté afin de supporter le poids des livres.
Organisation interne et distribution des espaces
La distribution des espaces dans le bâtiment, entre la bibliothèque universitaire, les bureaux, le Crous et les studios, a été guidée par plusieurs considérations essentielles, qui relèvent des besoins de fonctionnalité, de lisibilité et de qualité de l’expérience utilisateur.
En face de la percée visuelle insérée entre les bâtiments de l’IADT et de la Présidence, une grande baie offre depuis l’espace public une vue sur le volume du hall, laisse apercevoir l’animation intérieure du centre et invite à pénétrer au sein de l’édifice. Les services d’accueil implantés dans la continuité directe des axes d’entrées facilitent l’accès et la fluidité des échanges entre les différents espaces du KAP et de son environnement immédiat. Les diverses composantes, qu’il s’agisse de la consultation, de la formation, de la médiation, ou encore des pôles d’ingénierie pédagogique et de production audiovisuelle, sont pensées pour fonctionner selon des temporalités indépendantes, reflétant la polyvalence et la complexité du site.
L’idée principale consistait effectivement à regrouper dans un seul et même lieu des fonctions diverses destinées à des publics aux besoins et aux usages variés, qu’il s’agisse des étudiants, des enseignants, des personnels administratifs, mais aussi de visiteurs occasionnels. Chacun est conduit à venir sur place à la recherche des services spécifiques : consulter des documents, se former, organiser des réunions ou préparer des supports pédagogiques, entre autres possibilités.
Cette logique de lisibilité a été traduite spatialement par une continuité visuelle et physique. Les espaces de circulation sont clairement définis, notam-
ment grâce aux traitements des sols et à l’ajout de faux plafonds établis afin de guider naturellement les usagers dans leur déambulation à travers le bâtiment et vers leur destination. Le parcours fluide et ininterrompu qui illustre le principe de promenade architecturale se dessine ainsi dès le hall d’entrée, à partir duquel un accès direct descend vers le Crous pour la restauration, tandis qu’un escalier conduit vers les espaces de documentation, de formation et les studios. Au rez-de-chaussée, un auditorium ouvert est aménagé pour accueillir des conférences ou des débats.
De plus, l’attention portée à la transparence au sein de l’édifice est déterminante. Des parois vitrées et de grandes ouvertures ont été imaginées pour établir des liens visuels entre les différentes fonctions et permettre une compréhension immédiate de l’organisation générale. Ces éléments répondent également à des impératifs pratiques, comme l’isolation acoustique entre zones bruyantes et calmes.
Performances environnementales et techniques
Le KAP a été conçu pour offrir un confort optimal. Des panneaux acoustiques ont été intégrés afin d’atténuer les nuisances sonores, et l’installation de vitrages spécifiques permet de réduire la transmission du bruit. L’éclairage a également fait l’objet d’une attention particulière, intégrant à la fois les besoins d’ambiance des espaces collectifs et les exigences de confort des postes de travail. Les locaux techniques ont été dissimulés dans l’enveloppe ou en noyau central dans ce même souci d’isolation phonique, mais aussi afin de préserver l’esthétique de l’édifice.
En parallèle, des ambitions élevées en matière de performance énergétique et environnementale ont guidé la réhabilitation. Le bâtiment Kessler a été rénové pour atteindre un niveau d’efficacité énergétique supérieur aux normes, avec une amélioration RTex de 20 %. L’extension neuve répond, quant à elle, aux exigences E3C1 tout en intégrant les énergies renouvelables à l’échelle du bâtiment et de l’îlot urbain. Le confort thermique a été optimisé pour garantir des conditions agréables en été sans recours à la climatisation artificielle. Certains espaces spécifiques, tels les magasins de stockage des ouvrages, ont par ailleurs requis une gestion minutieuse du contrôle hygrométrique, tandis que des solutions acoustiques ont été mises en œuvre pour assurer un confort optimal des espaces de travail et des zones communes.
Entretien, Vincent Espagno, Architecte, Espagno, Milani architectes associés et Arnaud Boyer, Architecte, BaaG Architectes associés
Quelles sont les principales exigences du programme auxquelles vous avez dû répondre ?
Ce projet se distingue par un programme qui combine plusieurs fonctions habituellement séparées.
Cette mixité d’usages rend le programme unique, mais représentait une difficulté majeure car ce type de bâtiment n’existe pas vraiment, nous devions partir d’une base programmatique solide et innover pour répondre aux attentes. Nous avons donc travaillé à partir du programme fourni tout en nous inspirant des quelques exemples émergents.
De plus, une grande partie de la conception s’est construite au cours du dialogue compétitif mené par le maître d’ouvrage avec chacune des trois équipes. À chaque phase, nous avons proposé des solutions qui étaient ensuite discutées avec le programmiste et l’équipe. Cela a permis d’affiner le projet au fil des discussions tout en tenant compte des attentes spécifiques.
Entretien, Sylvain Benoi, Directeur, GCC Auvergne
En quoi ce projet de centre de ressources s’inscrit-il dans la stratégie de GCC Auvergne ?
Tout d’abord, les projets de construction et de réhabilitation correspondent à notre cœur de métier, d’autant plus qu’il s’agissait d’un marché global de performance, une approche que nous développons et maîtrisons depuis plusieurs années et qui fait partie intégrante de notre stratégie d’entreprise comme de nos savoir-faire.
Ensuite, ce projet revêt une importance significative pour nous, car il prolonge notre collaboration avec l’Université. En 2016, nous avions construit le nouveau bâtiment du Laboratoire Magmas et Volcans lors de son déménagement. Aujourd’hui, réhabiliter l’ancien laboratoire pour lui offrir une nouvelle vocation, c’est
achever ce cycle de manière cohérente et marquante. Enfin, un point essentiel de ce projet est la valorisation des compétences et l’implication des acteurs locaux. En effet, 98 % des entreprises mobilisées sont basées en région Auvergne-
Rhône-Alpes, dont 84 % dans le département du Puy-de-Dôme.
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Hospitality | Hôtel Elysée Montmartre, Paris 18e Policronica
Enchâssé entre deux scènes musicales emblématiques des nuits parisiennes plus que centenaires, l’hôtel Elysée Montmartre constitue un atypique chaînon manquant entre la gouaille passée des poulbots et la gentrification actuelle des bobos. À la manœuvre, deux entrepreneurs dynamiques autodidactes.
Détours dans le passé
Situé sur la commune de Montmartre de l’autre côté du mur d’octroi, le trottoir pair du boulevard Marguerite de Rochechouart accueillit théâtres, cabarets, lupanars, bals et guinguettes – l’Elysée Montmartre, l’un des plus anciens ouvert dès 1807, comprenait une salle de bal, un jardin d’hiver et un jardin ! En 1858, ce dernier fait place à une salle en dur tandis que les deux premiers deviendront en 1894 le Trianon-Concert où se produiront Mistinguett, La Goulue, Grille d’égout, la Môme Fromage et Valentin
le Désossé. Leurs activités furent dès lors séparées : danse à l’Elysée Montmartre, café-concert au Trianon que ravage un incendie dans la nuit du 17 au 18 février 1900. Joseph Cassien-Bernard – élève de Garnier et auteur du Pont Alexandre III – se charge de sa reconstruction, la salle de spectacles devenant un théâtre à l’italienne et le jardin d’hiver un foyer, l’Elysée Montmartre disposant dès lors de sa propre entrée. Précurseur, l’architecte n’hésite pas à réutiliser des éléments de charpentes métalliques récupérés à la fermeture d’une exposition universelle parisienne.
Les deux établissements vont s’adapter à l’évolution des loisirs : pour le plus ancien, combats de lutte, de boxe et de catch durant les Trente Glorieuses, Jean-Louis Barrault y monte Rabelais sur une musique de Polnareff, comédie musicale Oh ! Calcutta ! ; puis à nouveau salle de spectacles (Higelin, Patti Smith, Diane Dufresne, David Bowie, Björk, Daft Punk…). Pour le Trianon : théâtre, théâtre lyrique, music-hall, cinéma de 1000 places le « Cinéphone Rochechouart » où seront projetés des péplums puis des films de karaté ; retour définitif au spectacle en 2010 après son rachat et sa rénovation par Abel Nahmias, producteur de films, et Julien Labrousse, designer-scénographe et entrepreneur (Policronica).
En 2011, l’Elysée Montmartre sombre dans les flammes, les deux compères rachètent ses ruines trois ans plus tard. La salle est à reconstruire intégralement et ses fondations à consolider. Après deux ans de travaux, l’établissement rouvre enfin en 2016.
Avoir la dent creuse
Côté boulevard, les deux petits immeubles faubouriens de deux et trois étages s’interposant entre les deux façades historiques désormais classées sont acquis en même temps que l’Elysée Montmartre par le duo d’amis toujours en recherche de projets généreux, éthiques et atypiques, à consonance culturelle, poésie comprise.
Pour assouvir leurs envies, c’est d’abord à Formentera que Julien Labrousse, sa compagne Elsa Kikoïne (architecte d’intérieur) et son frère Grégory transforment une finca en chambres d’hôtes écologiques (Etosoto) dont ils sont en train de décliner à plus grande échelle le concept mêlant culture, tourisme et agriculture au Cabo Espichel dans la réserve naturelle lusitanienne de l’Arrabida, où le prix des habitations dépendra de l’empreinte carbone des hôtes ! C’est en effet aussi au Portugal que Julien saisit les opportunités tel ce vieux palais lisboète – Palacio do Grilo – racheté en 2017 et métamorphosé en bar-restaurant à l’élégant décor décapant, proche d’une scénographie où évoluent acteurs, musiciens, danseurs et autres artistes du théâtre vivant ; une partie de la troupe logeant sur place ! Concepteur, maître d’ouvrage et d’œuvre, entrepreneur, Julien Labrousse a même acheté une usine dont la quinzaine de salariés manufacture le mobilier qu’il crée. Essence locale plutôt destinée à la pâte à papier, l’eucalyptus règne pourtant en maître chez Policronica grâce à un système d’étuvage sous vide inédit séchant le bois en six jours afin de le rendre utilisable en agencement.
Dernier projet livré, l’hôtel Elysée Montmartre a nécessité une restructuration lourde du bâti dont seule la façade a été conservée. Au nu extérieur du rez-de-chaussée, une série d’arches menuisées en chêne massif rythme – en clin d’œil aux arcades de ses deux voisins – la devanture vitrée continue du vaste lobby en partie encastré sous Le Trianon. Des voilages en lin préservent son intimité sans le priver de la clarté ni de l’animation extérieures. Le lieu surprend quelque peu dans ce quartier où le style pseudo Napoléon III ou le kitsch prédominent trop souvent. Ici, se déploie une version poétique, voire onirique, d’un étrange mélange boisé entre le wabi sabi japonais et le design scandinave. Semblant faire l’éloge de la modestie, cette capsule de sérénité immaculée, ayant conservé à bon escient quelques traces de son passé (maçonnerie brute, colonnes en fonte), a mis en œuvre un inhabituel minimalisme géométrique presque exclusivement menuisé en eucalyptus. L’étonnante banque d’accueil se révèle des plus fonctionnelles. Deux caissons pyramidaux investissent le plafond de part et d’autre de la poutre de soutènement, celui au-dessus de la réception se déforme pour absorber la retombée de l’escalier (dérobé) menant au premier étage.
Celui-ci dessert une salle de jeu et de projection secrète – habillée d’eucalyptus du sol au plafond qui parfume l’atmosphère feutrée – où visionner à loisir la rare collection de LaserDisc de films et concerts mythiques des années 1980 et 1990 réunie par Abel Nahmias. Encore quelques marches pour accéder aux deux niveaux de chambres. Elles sont au nombre de seize, et quatre d’entre elles sont des duplex, elles sont toutes différentes et équipées de doubles fenêtres à menuiserie bois avec double vitrage, l’isolation phonique y ayant été tout particulièrement soignée. Tous de la même essence, parquet, cimaise, tête de lit et chevets, bureau, assise, luminaires, tablette filante le long des baies, escalier, rampe-garde-corps… embaument subtilement l’eucalyptol et apaisent l’ambiance. La colonne-lavabo se résume à un bloc de pierre marmoréenne ocre rouge. La quincaillerie, l’appareillage électrique et les liseuses font appel au laiton. Certaines chambres mansardées sont équipées de tabatières (heureusement modernisées).
Il est vraiment heureux que de nouveaux venus autodidactes viennent bousculer l’hôtellerie parisienne aux concepts trop souvent anémiés, y compris lorsqu’ils tombent dans l’excès. Les hôtes ont aussi le droit de pouvoir y respirer en toute sérénité, comme le confirment les nombreux prix récemment obtenus par l’établissement.
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Focus | Le collège Claudine Hermann, Massy — Ameller Dubois
Fin 2024, le collège Claudine Hermann a ouvert ses portes à 800 élèves sur le site de Vilgénis à Massy. Il s’agit du 101e collège construit par le Département de l’Essonne, marquant une nouvelle étape dans l’engagement de la collectivité pour un enseignement de qualité. Cet établissement s’intègre harmonieusement dans un cadre exceptionnel, autrefois occupé par le Centre de Formation des Apprentis de l’Aérien d’Air France.
Le site de 22 hectares, en partie classé et à la forte empreinte boisée, constitue un écrin naturel que le projet a su préserver. Afin de limiter son emprise au sol, le collège adopte une forme compacte et exploite la pente naturelle du terrain. Conçu en U, il s’oriente vers l’espace boisé du parc de Vilgénis et s’articule autour d’une cour paysagée, offrant ainsi un environnement propice à la détente et aux interactions sociales des élèves.
L’architecture du collège repose sur un soubassement en béton lasuré, assurant robustesse et protection. Les étages supérieurs, quant à eux, sont construits en structure bois et largement vitrés pour maximiser l’apport en lumière naturelle et ouvrir l’établissement sur son environnement arboré. L’isolation est assurée par des matériaux biosourcés, et des brise-soleil motorisés permettent une régulation thermique efficace, renforçant ainsi les performances environnementales du bâtiment.
L’intégration du collège dans son environnement ne se limite pas à sa structure. Deux bâtiments existants en limite Nord-Est ont été préservés et réhabilités. L’auditorium a fait l’objet d’une restauration minutieuse pour être accessible aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, tandis que l’ancien restaurant a été transformé en cinq logements de fonction, renforçant le lien entre l’établissement et son personnel.
Le traitement des espaces extérieurs repose sur une véritable stratégie végétale. L’armature verte préexistante a été préservée et renforcée, permettant la création de six espaces remarquables. Parmi eux, le parvis forestier guide les élèves à travers l’espace boisié classé, offrant une transition naturelle vers l’établissement. Au cœur du projet, un grand cèdre a été conservé et mis en valeur par un anneau fédérateur, témoignant de la volonté de lier patrimoine naturel et innovation architecturale.
Le collège Claudine Hermann répond aux exigences contemporaines en matière d’architecture et de développement durable. Son échelle horizontale assure une intégration discrète dans son quartier, tout en affirmant son statut d’équipement public de premier plan.
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Département de l’Essonne Entreprise mandataire : Urbaine de Travaux Maîtrise d’œuvre : Ameller Dubois Surface : 7 200 m2 Budget :21 M€ HT
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Focus | Extension de la tribune du stade Jean Bouissou, La Ciotat — Atelier des Architectes Pirollet Associés et Baito Architectes associés
Conçue en 1958 par l’architecte Robert Henri Provin, la tribune de La Ciotat se distingue par une structure tramée en poteaux et poutres en béton peint. Ce système porteur soutient 900 places de gradins et couvre les vestiaires ainsi que les locaux techniques situés sous rampant. La toiture en béton, formant un auvent aérien, est un élément caractéristique marquant de l’édifice. En porte à faux, avec une sous-face lisse et des poutres retroussées, elle s’ouvre intégralement sur le terrain de sport, accentuant ainsi l’aspect moderne et fonctionnel du bâtiment.
Cependant, avec le temps, la tribune a subi une dégradation progressive, présentant des problèmes d’étanchéité, une surconsommation énergétique et une perte de fonctionnalité. Face à ces enjeux, la mairie de La Ciotat a initié un ambitieux programme de réhabilitation visant à restaurer et moderniser cet équipement tout en respectant son identité architecturale.
Le projet de réhabilitation s’est articulé autour de la restauration des gradins afin d’assurer l’étanchéité du bâtiment, avant de réaménager les locaux situés à l’aplomb. Une démarche radicale a été adoptée pour transcender les contraintes techniques et proposer une nouvelle lecture de l’équipement.
Si la tribune et sa couverture ont été conservées, le rez-de-stade a été entièrement dégagé, permettant de révéler la structure originelle de l’édifice. De nouveaux vestiaires et locaux sportifs ont été créés dans des volumes indépendants, judicieusement glissés sous le rampant des gradins. Ce dispositif intelligent optimise la gestion des volumes à chauffer et ventiler, tout en profitant de la sur-toiture des gradins pour une protection thermique efficace.
En parallèle, une attention particulière a été portée à la gestion des flux et à l’accessibilité des gradins. L’entrée a été repensée pour valoriser l’image du bâtiment, avec un totem architectural regroupant un ascenseur et un escalier monumental. Cette extension, reliée par une passerelle à la tribune, abrite également des locaux annexes pour le public.
Le choix du béton planchette pour la réhabilitation renforce l’identité et la volumétrie distinctive de l’extension. Cette approche artisanale met en valeur l’esthétique brute et authentique de l’édifice, tout en assurant une durabilité accrue face aux intempéries. De plus, la patine naturelle que développe ce matériau au fil du temps conforte la pérennité de l’ouvrage et son intégration harmonieuse dans son environnement.
La Ciotat – BAITO Architectes
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Ville de la Ciotat Maîtrises d’œuvre : Atelier des Architectes Pirollet Associés et Baito Architectes associés Surface : 29 300 m2 Budget : 2,05 M€ HT Programme : Équipement sportif
Petite agence d’ingénierie et d’architecture navale, BOW conçoit, calcule et développe des structures flottantes. Architecture d’eau douce ou d’eau salée, les créations de l’agence s’échelonnent du petit voilier de 3 mètres au bâtiment de 40 mètres en passant par des structures artistiques. Rencontre avec Youri Guedj, capitaine à la barre de BOW.
BOW (Be On Water) est un cabinet d’architecture navale. Pourquoi cette volonté de vous consacrer aux objets flottants ?
Passionné par la mer et les voiliers, j’ai découvert l’architecture flottante fluviale au sein de Seine Design où j’ai beaucoup appris sur la pratique de l’architecture navale, avant de reprendre des études de philosophie des sciences. Ingénieur naval de formation, j’ai ressenti ensuite le besoin de me lancer en indépendant afin de me consacrer entièrement aux projets flottants, au gré d’une période où les architectes s’intéressaient de plus en plus aux fleuves. Si une certaine fascination pour la Seine existe depuis toujours, un regain d’attention a notamment été observé en 2012 avec la fermeture des voies berges puis la mise en place de politiques urbaines d’aménagement des fleuves ou encore grâce à la vague de concours de Réinventer la Seine. J’ai ensuite créé BOW avec Alan Le Calvez, un ami de promotion de l’ENSTA Bretagne en 2020. Aujourd’hui, Alan a quitté l’entreprise pour voguer vers de nouveaux projets, mais nous poursuivons nos missions de conception, de calcul et de développement de structures flottantes. Nous intervenons différemment et à diverses étapes en fonction des projets. Nous pouvons en effet concevoir et construire des voiliers de 3 à 7 mètres, tout comme des architectures flottantes de plus de 40 mètres, amarrées sur les eaux intérieures des fleuves. Nous fabriquons également des bateaux de servitude (de petits ou gros bateaux dédiés aux croisières, à la restauration, etc.), des barges… Enfin, nous accompagnons la réalisation de structures flottantes artistiques. Nous œuvrons actuellement, à titre d’exemple, aux côtés de Feda Wardak à Cognac, sur une œuvre de 20 mètres de haut. Depuis cinq ans, nous sommes les concepteurs et commanditaires de nouveaux modèles d’embarcations en autoédition, que nous commercialisons.
L’architecture flottante est-elle si différente de l’architecture terrestre ?
Je dirais qu’il y a des contraintes fortes en architecture navale dont on ne peut absolument pas s’affranchir. Pour une structure flottante, le poids est contrôlé tout au long du projet. Il existe une nécessité de synthèse entre tous les corps de métier et tous les aspects du projet (structure, amarrage, stabilité, aménagement, choix des matériaux…) qui est encore plus forte que sur une architecture terrestre. Enfin, lorsqu’il faut faire flotter un bâtiment, je pense que nous sommes un peu plus tributaires des savoir-faire des entreprises spécialisées.
Mais, pour certains projets, nous pouvons toutefois vraiment rapprocher architectures navale et terrestre. C’est le cas d’un projet de théâtre flottant à Lyon, pour lequel nous nous sommes affranchis du cadre de la construction navale traditionnelle pour réaliser une coque en béton et une charpente en bois.
Faut-il être navigateur pour bien concevoir des architectures navales ?
La navigation est ma passion première mais elle n’est pas indispensable. Concevoir un voilier ou un bâtiment de 40 mètres amarrés, n’est pas du tout la même histoire. Pour créer un établissement public flottant, savoir naviguer ne sera pas différenciant ; alors que pour réaliser un voilier ou tout type de bateau qui avance sur l’eau, l’expérience de la navigation sera un plus mais n’est pas obligatoire.
Quel est le plus grand défi que vous avez relevé ?
Bizarrement, ce ne sont pas les plus gros chantiers. Les petits projets sont souvent les plus compliqués. Nous travaillons actuellement sur une planche de surf en kit en bois contreplaqué et en liège. Je ne dirais pas qu’il s’agit du plus grand défi que nous ayons jamais rencontré, mais ce projet nous a donné plus de fil à retordre que prévu !
Existe-t-il une figure de l’architecture navale que vous aimeriez saluer ?
Archimède, car son principe est à l’origine d’une grande partie de l’ingénierie navale. Il est vraiment très présent dans notre quotidien. J’ai été passionné par les aventures nautiques d’Éric Tabarly et Olivier de Kersauson, leurs histoires, leurs approches, mais il est difficile de ne choisir qu’un navigateur en particulier. Enfin, Eugène Cornu, Jean-Jacques Herbulot, Pierre Gutelle, François Vivier, et plus récemment Paolo Bua, sont des architectes navals qui m’inspirent encore beaucoup dans leurs approches de la conception.