Hospitality | Hôtel Populus, Denver — Studio Gang, Wildman Chalmers Design et Fowler Architecture and Interior Design
Populus, premier hôtel à bilan carbone positif des USA.
Stratégiquement situé au cœur du centre civique de Denver, l’hôtel Populus incarne une icône architecturale de la politique d’avant-garde environnementale et de développement durable menée depuis plus de trente ans par la capitale du Colorado. Il est l’œuvre de Jeanne Gang connue pour sa philosophie d’« idéalisme réalisable » !
Denver, ville d’exception(s)
Fondée en 1876, l’ancienne ville minière fut une étape de la Conquête de l’Ouest. Ses 716 577 habitants font de la capitale du Colorado la 26e ville la plus peuplée des USA. Elle s’est développée dans la vallée de la rivière South Platte aux pieds orientaux des Rocheuses et aux portes occidentales des Grandes Plaines. Avec 1000 m minimum d’altitude et 52 sommets à plus de 4270 m, le Colorado est l’état américain le plus haut. Denver est d’ailleurs surnommée The Mile-High City (1609 m d’altitude soit un mile) ! Ses 600 parcs et espaces naturels en font l’une des villes les plus vertes des États-Unis.
On y décompte à ce jour plus de 1300 km de pistes cyclables, sa principale artère étant exclusivement réservée aux piétons et aux cyclistes. Son climat semi-aride lui vaut d’être ensoleillée 300 jours par an. Elle a su devenir une métropole dynamique à taille humaine offrant un mélange unique d’histoire, de culture, de nature et d’activités de plein air.
Des acteurs engagés
Implanté au Colorado, en Pennsylvanie et dans l’état de Washington, Urban Villages Inc. est un développeur immobilier qui conçoit, construit, et investit dans des projets dynamiques et intégrés générant des bâtiments extraordinaires consommant moins d’énergie, moins de matériaux et favorisant la biodiversité. Il s’est porté acquéreur de ce terrain à l’angle de la 14th Street et de Colfax avenue dont la proue fait face au Civic Center Park que ceinturent l’hôtel de ville, la Cour d’appel et le Capitole de l’état, tout proche du très fractal Denver Art Museum dessiné par Daniel Libeskind.
Il a confié l’exploitation de l’hôtel de 265 clés à Aparium Hotel Group – jeune marque hôtelière américaine engagée à redéfinir l’expérience de l’hospitalité à travers sa mission « Hotels Done Differently ». Elle combine le sens des affaires avec le charme des hôtels de style de vie indépendant et des concepts architecturaux d’hébergement et de restauration d’avant-garde.
Urban Villages Inc. a choisi le Studio Gang pour faire de cette opération de douze étages (12 451m2) la nouvelle icône architecturale de Denver. « Denver atteint un équilibre unique entre le fait d’être une ville dynamique et une porte d’entrée vers certains des paysages naturels les plus impressionnants du pays. Notre objectif a été de nous inspirer de ce caractère urbain distinctif et de cette écologie riche pour créer un bâtiment qui contribuerait à définir l’horizon de cette ville prospère », explique Jeanne Gang, associée fondatrice du studio, pour son premier projet dans la région du sud-ouest américain.
Investissant l’intégralité de la parcelle triangulaire et dépourvu de tout espace dédié au parking, l’édifice semble faire un clin d’œil au célèbre Flatiron Building de New York. Mais il s’en démarque par les trois étonnantes façades immaculées festonnées verticalement qui le caractérisent et dont les ondulations correspondent aux largeurs de chambres. Sur une structure béton intégrant des cendres volantes afin de réduire la quantité de carbone émise lors de la construction, les panneaux ont été préfabriqués en béton renforcé de fibre de verre (GFRC) lavé à l’acide pour faire ressortir l’agrégat du matériau et donner au bâtiment sa teinte naturelle et lumineuse. « Chaque élément comporte une série de fenêtres distinctives dont la géométrie est inspirée des motifs caractéristiques des peupliers faux-trembles (Populus tremuloides) si caractéristiques du Colorado, décrypte l’architecte. Elles évoquent les marques sombres en forme d’œil laissées sur l’écorce des arbres suite à la chute de leurs branches inférieures à mesure qu’ils grandissent. Plusieurs se parent d’une visière qui canalise l’eau de pluie tout en ombrageant les vitrages. Les fenêtres changent de taille et de forme en fonction des espaces publics et privés qu’elles éclairent. Celles du socle s’élèvent à 30 pieds (9,144 m) de hauteur pour encadrer les entrées et les vues sur l’hôtel tout en animant la déambulation piétonne à ses alentours. Depuis les chambres d’hôtel en étages, les clients ont une vue immersive sur le Capitole de l’État et le Civic Center Park voisins et sur les montagnes Rocheuses, au lointain. Les baies de certaines chambres sont dotées de sièges intégrés, offrant des espaces habitables où les clients peuvent se lover au plus proche de la nature. »
Le rez-de-chaussée accueille la réception sous double hauteur, le restaurant Pasque et un bar à café de part et d’autre du sculptural escalier cintré investissant la proue et desservant le centre de remise en forme, un salon modulable et un espace évènementiel constituant le premier étage. Au douzième et dernier étage, une vaste terrasse crénelée constitue le rooftop du restaurant-bar Stellar Jay d’où l’on peut embrasser le panorama.
Nature intériorisée
Conçue par Wildman Chalmers Design assisté d’Emma et Michelle Fowler pour le mobilier, l’architecture intérieure se veut plus contextuelle en proposant à la clientèle une expérience sensorielle, celle d’être au cœur d’un bosquet de trembles, et éthique en prescrivant un maximum de matériaux durables, naturels et/ou recyclés. Ainsi, les lattes de bois constituant le plafond du hall réutilisent celui de clôtures à neige du Wyoming ; le comptoir du Pasque est surmonté d’une sculpture en reishi (obtenu à partir de mycélium) ; un mur en yakisugi (bois brûlé japonais) accueille les clients du sky-bar… Une quinzaine de tapis Navajo sont accrochés ici ou là. Les ascenseurs diffusent des enregistrements sonores captés dans les forêts de l’état par Jacob Job, le chant des oiseaux variant selon les conditions météorologiques, l’heure de la journée ou les saisons.
La municipalité de Denver est tombée sous le charme de l’architecture de Jeanne Gang qu’elle a retenue pour travailler sur le Civic Center Park !
— Retrouvez l’article dans Archistorm 131 daté mars – avril 2025
Réalisation | 87 rue Notre-Damedes- Champs, Paris — B+A ARCHITECTES
Dans le 6e arrondissement de Paris, l’ancien siège de la MAIF situé au 87 rue Notre-Dame-des-Champs a été acquis par l’Université Paris-Panthéon-Assas. L’édifice a fait l’objet entre 2018 et 2024 d’un projet de réhabilitation et d’extension porté par l’agence B+A. L’histoire du 87 Notre-Dame-des-Champs a été complexe à retracer. L’agence a travaillé à l’étude de l’édifice in situ et en archives, pour découvrir son histoire architecturale et technique. Inauguré en 1958, le bâtiment avait subi des transformations qui avaient modifié son apparence. Les objectifs du projet ont consisté à restaurer la cohérence de cette architecture, à favoriser son insertion en site urbain et à apporter une nouvelle valeur d’usage aux anciens bureaux. La restructuration a ainsi permis d’établir 3 000 m2 de locaux d’enseignement et quatre logements en surélévation.
« Le récit de la continuité »
L’agence B+A adopte sur l’ensemble de ses projets une approche respectueuse du contexte et de l’histoire des lieux. Une étude attentive de l’existant permet d’identifier les caractéristiques essentielles de chaque édifice et de définir leur potentiel de transformation.
Ce projet de réhabilitation et d’extension incarne donc pleinement la philosophie de l’agence basée sur « le récit de la continuité ». En effet, pour ses architectes, le dialogue historique et interculturel est essentiel, l’approche de B+A valorise donc de manière réfléchie les éléments historiques, les ressources et les spécificités fonctionnelles et esthétiques en faveur de l’élaboration de projets respectueux tout en répondant aux besoins contemporains.
L’histoire du 87 Notre-Dame-des-Champs est par ailleurs complexe à retracer. L’agence a longuement travaillé à l’étude de l’édifice in situ et en archives, à la découverte de son histoire à la fois architecturale et technique. Ces recherches ont permis d’établir une chronologie du bâtiment.
« Ce projet incarne une vision : celle d’une université résolument ancrée dans son environnement, capable de répondre aux enjeux académiques, écologiques, économiques et sociétaux. »
— Stéphane Braconnier, président de l’Université Paris-Panthéon-Assas
Histoire de l’ancien bâtiment industriel
Conçu à partir de 1954 par deux disciples d’Auguste Perret, Christian Édouard-Lambert et Jean-Pierre Epron – qui signe là sa première œuvre –, l’édifice constitue un témoin de l’architecture moderne d’après-guerre.
La structure en béton exécutée par l’entreprise Perret se distingue par des caractéristiques techniques innovantes. Les planchers nervurés de seulement 5 cm d’épaisseur et l’emploi de potelets biseautés témoignent d’une démarche rationaliste et illustrent une époque à laquelle l’économie de matière primait.
Ce bâtiment de deux étages accueillait initialement le siège de l’imprimeur Marinoni et abritait de lourdes machineries, avant de changer de propriétaire et de subir diverses transformations. À la fin des années 1970, il est converti pour devenir le siège de la compagnie d’assurances de la MAIF. La façade d’origine est adaptée au profit d’un mur-rideau avec habillage en travertin, l’intérieur est entièrement restructuré en bureaux et la structure est modifiée.
Nouvel usage des lieux
Face à un manque de cohérence globale, le projet de transformation de l’agence B+A propose de recouvrer l’identité architecturale du bâtiment d’origine et de l’adapter au programme universitaire en répondant aux besoins d’accueil de l’établissement.
La distribution globale a été pensée pour répondre aux flux générés par les étudiants. La restructuration permet d’établir 3 000 m² de locaux d’enseignement de l’université, avec des salles de cours, des bureaux, une bibliothèque centre d’études, des locaux dédiés aux chercheurs, un auditorium ainsi que des espaces conviviaux et deux cafétérias respectivement destinées au personnel et aux étudiants, ouvertes sur une terrasse commune.
« Le scénario retenu pour cette opération consiste en la transformation d’un immeuble de bureaux en une école sur son socle et des logements dans son couronnement. L’enveloppe et l’intérieur du bâtiment ont été retravaillés en profondeur pour permettre d’accueillir ces nouveaux usages, tout en respectant les normes en vigueur. »
— Adrien Berenger, Directeur Adjoint Asset Management, Pôle Institutionnel France, La Française REM
Adapter et valoriser l’existant
Le bâtiment existant est conservé dans sa totalité, le programme comprend sa transformation complète et repose en cela sur plusieurs interventions majeures.
Le creusement du patio permet de créer un puits de lumière éclairant tous les niveaux, jusqu’au sous-sol qui abrite le centre d’études. Les anciens plateaux de bureaux ont été décloisonnés et redistribués dans une logique de modularité, afin de s’adapter aux besoins futurs. La rampe d’accès a été comblée et le parking souterrain réhabilité pour créer de la surface noble. Enfin, une surélévation de trois niveaux permet de maximiser l’espace et de créer quatre logements, ce qui s’inscrit dans une logique de densification maîtrisée du tissu parisien.
En ce qui concerne le parti architectural, la structure poteau-poutre en béton a été préservée. Les habillements de façade ajoutés au cours des années 1970 ont été démontés pour restituer la modénature et rendre à l’édifice son dessin d’origine. Le nouvel aspect est volontairement sobre et privilégie des teintes claires pour souligner les façades historiques et respecter l’esthétique architecturale du quartier.
La surélévation prolonge la trame verticale du bâtiment, elle conserve la volumétrie de la façade sur deux niveaux puis se place en retrait sur le niveau d’attique. Le choix d’une structure légère en acier-bois préfabriquée répond à des contraintes de portée tandis que le bardage en aluminium natu-
rel, créant un jeu de reflets avec le ciel parisien et faisant écho aux toitures en zinc, a été choisi pour sa discrétion visuelle.
Approche environnementale et solutions bioclimatiques
L’approche environnementale vise à minimiser l’impact écologique du bâtiment. La conservation de la structure existante a permis de préserver les éléments d’origine. Le recours à des procédés de construction sèche et à la préfabrication a permis de limiter les déchets et de réduire l’empreinte carbone du chantier. Ces solutions ont également facilité une mise en œuvre rapide et ont permis de limiter les nuisances sonores durant les travaux.
Le projet paysager comprend la perméabilité et la végétalisation de la parcelle dans l’objectif de favoriser la percolation des eaux pluviales, et celles qui ne peuvent pas être infiltrées sont récupérées pour alimenter les réservoirs des sanitaires. Le patio est également végétalisé afin de constituer un îlot de fraîcheur, les toitures libérées d’emprises techniques sont plantées de prairies fleuries avec graminées et les terrasses accessibles de couvre-sol et de plantes aromatiques.
Enfin, le projet intègre des solutions bioclimatiques contribuant à l’optimisation de la gestion naturelle de la lumière, de la chaleur et de la ventilation afin d’assurer performances énergétiques et durabilité du bâtiment dans son ensemble.
Entretien avecMichaël Fellmann et Yvan Icart, Architectes, Gérants et Stéphane Delaby, Architecte, B+A Architectes
Quels sont les principes qui ont permis de définir les actions de réhabilitation effectuées sur cet édifice historique ?
Pour comprendre l’histoire du bâtiment et ses caractéristiques techniques, nous avons procédé à une analyse in situ des éléments constructifs, visibles lors du démontage des plafonds afin de mieux comprendre les différentes phases de construction et leurs spécificités. Des recherches complémentaires ont été menées par le service du DHAAP de la ville de Paris, confirmant nos hypothèses. Ces découvertes ont permis de dégager un récit cohérent sur l’évolution du bâtiment.
Nous avons constaté une grande hétérogénéité des éléments de structure. Les planchers nervurés en béton, caractéristiques des constructions industrielles de l’après-guerre, cohabitent avec des planchers hourdis et des dalles pleines, témoignant de modifications successives. Cette superposition compliquait la compréhension de la structure et a nécessité une analyse plus approfondie visant à garantir la faisabilité des transformations envisagées.
Entretien avec Catherine Reynaud, Direction Déléguée Région Île-de-France, Directrice Pôle Immobilier Tertiaire, Demathieu Bard Immobilier
En quoi ce projet de réhabilitation s’inscrit-il dans la stratégie du groupe ?
Nous agissons en tant que promoteur adossé au groupe de construction Demathieu Bard. Notre expertise couvre tous les types de produits, avec une prédilection pour des opérations de taille moyenne. Nous œuvrons à l’échelle nationale. Nos projets suivent une logique en trois temps d’achat, de transformation puis de revente dans l’objectif de créer de la valeur d’usage.
La réhabilitation d’immeubles tertiaires, notamment en Île-de-France, reflète parfaitement cette approche. Dans le cadre de l’immeuble situé rue Notre-Dame-des-Champs, nous avons exploité la constructibilité résiduelle grâce à une surélévation accueillant des logements et à l’aménagement des sous-sols, jusqu’alors destinés au stationnement automobile, qui n’avaient plus de sens dans une ville qui privilégie les mobilités douces.
Notre stratégie consiste aussi à questionner les usagers afin de répondre aux demandes spécifiques et de rester en adéquation avec le marché local. Pour ce projet en particulier, l’Université d’Assas, propriétaire des édifices voisins, a trouvé dans notre projet une opportunité pour installer des locaux d’enseignement adaptés à ses besoins.
Enfin, il est essentiel pour nous de développer des projets attractifs pour les investisseurs. Cela passe par une attention accrue aux performances environnementales afin de contribuer à une ville plus vertueuse et durable, mais aussi à la cohérence avec l’environnement urbain.
Fiche Technique :
Maîtrise d’ouvrage : Demathieu Bard Immobilier Investisseur : La Française Real Estate Managers Maîtrise d’œuvre : B+A Architectes, Mandataire Bureau d’études TCE: SAS Mizrahi Programme : Reconversion d’un immeuble de bureaux en réhabilitation – restructuration – extension pour y installer des locaux d’enseignement supérieur de l’Université Paris-Panthéon-Assas et 4 logements en accession Surface : 3 770 m2 dont 3 220 m2 enseignement et 550 m2 logements Budget : 12,3 M € HT
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Entretien | Valode & Pistre, la révolution de la transformation
Îlot Breizh, accueillant le nouveau siège de GRDF et un hôtel industriel RIVP à Saint-Denis, extension en mer de 6 hectares à Monaco, quartier mixte Rive Nature en bord de Seine à Villeneuve-la-Garenne… Si l’actualité est dense pour l’agence Valode & Pistre, une révolution beaucoup plus profonde n’en est pas moins en marche au sein des équipes. La célèbre agence consacre désormais 80 % de son activité aux réhabilitations. Plongée dans la vision de Valode & Pistre avec Denis Valode.
Pour chacun de vos projets, votre agence se nourrit d’un contexte et de la place de l’Humain. Pouvez-vous nous expliquer comment vous envisagez les projets avant de les concevoir ?
Nous accordons beaucoup d’importance à étudier l’histoire et la géographie du lieu que nous abordons dans un premier temps. Cela nous permet de nous interroger sur toutes les dimensions du projet : climatique, environnementale, urbaine, paysagère, historique, sociale, symbolique.
Notre projet d’extension sur la mer à Monaco prend, par exemple, mesure de l’histoire du lieu, de sa composition, du fonctionnement du nouveau territoire dans son contexte. Les 6 hectares construits sur la Méditerranée reprennent exactement la forme naturelle de la côte à la période néolithique (à – 36 mètres). Une colline à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer a été aménagée afin de permettre au territoire de fonctionner comme un phénomène géographique naturel. Tout un travail sur la densité a été réalisé afin d’apporter de la mixité de fonction (logements, restaurants, commerces, promenades, musée, etc.). Les voitures ont été installées en sous-sol pour permettre un quartier entièrement piéton, la végétalisation a pris grande place, avec notamment l’implantation de plus de 1000 arbres de grande hauteur, une canopée et un maquis. Des promenades ont été aménagées. Au total, 3 hectares de l’ensemble sont accessibles à tous les publics. L’ensemble de ce nouvel écosystème est construit sur des caissons retenant la terre afin d’impacter le moins possible l’océan et absorbe l’énergie de la mer grâce à ces fanons de béton.
Le quartier mixte de Tilburg aux Pays-Bas est également un bel exemple de notre travail sur la densité heureuse avec un travail de densification vers le haut pour éviter l’étalement urbain et une forte inspiration de l’architecture locale. Issy Cœur de Ville ou Rive Nature, en bord de Seine, à Villeneuve-la-Garenne sont de belles illustrations de notre conviction de la place cruciale de la nature en ville et de notre combat contre la pensée dominante pour imposer une nature apportant du mieux-vivre et contribuant aux îlots de fraîcheur.
Comment intervenez-vous sur le grand territoire de la Chine via votre bureau sur place ?
Nous sommes installés depuis une vingtaine d’années en Chine. Nous travaillons beau-
coup sur de très grands équipements publics comme des centres de congrès ou de gigantesques halles d’exposition. À Shenzhen,
nous œuvrons actuellement sur un bâtiment d’un million de mètres carrés et 2 kilomètres de long. Trois stations de métro le desservent ! Il s’agit d’une échelle incroyable que nos esprits européens n’ont vraiment pas l’habitude d’appréhender. Ce bâtiment doit être conçu pour pouvoir accueillir une très grande foule.
Si les échelles sont différentes, concevoir en Chine sous-tend en revanche, comme en France et en Europe, de prendre en compte les forts enjeux environnementaux. Sur ces dimensions inédites, il est essentiel de penser aux flux de circulation et surtout de conditionner le plus naturellement possible la température car il peut faire extrêmement chaud au sud de la Chine. Des jardins ont été installés sur les toits.
Notre projet à Hangzhou reprend toutes ces préoccupations, auxquelles s’ajoute une grande attention à la dimension symbolique, très importante dans la culture chinoise. Le bâtiment prend la forme d’un éventail, clin d’œil également à la forme géographique du terrain. Ici encore, il s’agissait de travailler à la régulation thermique via le sujet de l’ombrage et de la circulation de l’air. Nous avons également livré une très grande halle d’expositions à Jinan et œuvrons sur la deuxième tranche du chantier comprenant la réalisation d’un hôtel et d’une salle de congrès.
Chaque région de Chine souhaite développer sa vitrine et porte un très grand intérêt à la qualité architecturale et à une dimension environnementale.
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Portrait d’agence | GM Architecture
« En architecture, il faut peu s’exprimer et garder de la retenue. » Cette phrase, prononcée par Jean Guervilly, résume la philosophie de l’agence. Considérant cette discipline comme une réponse à une problématique plutôt qu’une signature personnelle, Jean Guervilly milite pour une architecture simple et rationnelle.
L’originalité n’est donc pas une quête pour l’agence de Jean Guervilly et Françoise Mauffret, installée à Saint-Brieuc depuis 2000. Leur structure à dimension familiale reflète cette sobriété revendiquée, incarnée dans des projets épurés et durables, où priment la justesse des matériaux, la lumière et le respect du site. À travers une conversation sans détour, les architectes reviennent sur les réalisations les plus emblématiques, témoins de leurs principes architecturaux : une retenue assumée, un souci constant pour la lumière et une attention portée à l’intemporalité des bâtiments.
Une architecture en retenue
Pour Jean Guervilly et Françoise Mauffret, l’architecture doit avant tout être honnête et sans artifice. Une architecture qu’ils définissent comme « propre ». Chaque élément a ainsi sa raison d’être et le choix du matériau est alors essentiel. « L’objectif est de chercher la durabilité dans nos projets », résume l’architecte breton.
Le complexe sportif de Brézillet construit par Jean Guervilly en 1995 marque un premier jalon de cette approche. C’est un bâtiment entièrement réalisé en métal. Jean Guervilly, alors peu attiré par ce matériau, le trouve mal employé et au service de réalisations souvent très expressives. « Lors d’un voyage en Angleterre pour visiter les constructions en métal, j’ai été séduit par l’extension réalisée par Michael Hopkins à Lord’s Cricket Ground à Marylebone », se souvient-il. La façon de réaliser la peau extérieure, sobre et rigoureuse, l’inspire pour le projet : un bâtiment rectangulaire de 60 x 100 mètres, des façades en tôle d’aluminium pliée de 4 mm d’épaisseur, assemblées par emboîtement. Tout est calepiné dans le pas unitaire de le Reglit (75 cm) et les couleurs sont réduites à celle des matériaux. Jean Guervilly a choisi de porter la toiture non pas dans la plus petite portée mais dans la longueur du gymnase. Deux poutres tridimensionnelles de quatre mètres de hauteur supportent l’intégralité de la couverture. Ces éléments viennent préserver la ligne épurée de l’ensemble et en font disparaître la structure.
Il partage ce goût pour le détail minimaliste avec Françoise Mauffret, celui-ci devient alors une constante dans leur agence d’architecture. « Nous faisons du réemploi, mais du réemploi architectural » expliquent-ils. Ils déclinent et adaptent les solutions, cherchant toujours la meilleure réponse technique et spatiale, sans effet de mode. Pour le stade couvert d’athlétisme de Nantes et le complexe sportif de la ZAC du Moulon à Saclay, livré en 2022, ils reprennent ces principes : une façade lisse, une ossature métallique apparente, un volume épuré. Cette fois, le bâtiment adopte pour le stade d’athlétisme de Nantes une forme courbe, suivant le relief du site et la géométrie de la piste. Le vitrage installé en partie basse crée une relation fluide entre l’intérieur et l’extérieur, offrant une sensation d’espace et de légèreté.
La question de la lumière est au cœur de leurs réalisations architecturales. Elle façonne les espaces et répond aux enjeux de confort et d’esthétisme. Si elle est présente dès les premiers projets, elle se développe autrement avec le projet de Brézillet qui introduit le Reglit, un verre profilé en U, sur toute la périphérie du bâtiment. La façade présente un nouveau dynamisme et une impression de légèreté. Le jour, le bâtiment diffuse une lumière douce dans les espaces ; la nuit, il s’illumine de l’intérieur, telle une lanterne urbaine.
Ce traitement de la lumière se retrouve dans de nombreux projets de l’agence. Notamment au centre sportif du Havre, où le Reglit dialogue avec les anciens docks, ainsi qu’au Palais des Sports de Toulouse, où il prend la forme d’une façade courbe, s’adaptant au paysage environnant.
Au Pôle Mère-Enfant de l’hôpital de Montreuil-sous-Bois, livré en 2012, la lumière prend une dimension plus humaine et fonctionnelle. Le projet est imaginé comme une boîte chirurgicale rectangulaire (120 x 45 mètres) surmontée d’une lande bretonne. Mais cette fois, l’innovation réside dans la manière de concevoir les façades. Celles-ci sont entièrement réalisées en volets roulants d’aluminium poli, installés non pas aux linteaux des fenêtres mais sur les appuis des fenêtres de l’étage supérieur. Le résultat est une façade en mouvement et évolutive qui s’adapte aux usages du quotidien.
Construire avec le patrimoine
Pour l’agence d’architecture, le réemploi dépasse les principes constructifs : il inclut le dialogue entre nouvelles constructions et patrimoine, avec une approche à la fois respectueuse et affirmée.
Le Centre des Congrès de Rennes, livré en 2018 dans l’ancien Couvent des Jacobins, est sans doute l’exemple le plus important de l’agence. « C’est dans la chapelle du couvent que s’est fiancée Anne de Bretagne avec le roi de France », rappellent-ils. Classé monument historique, le site imposait une intervention délicate pour intégrer au mieux une nouvelle fonction. Plutôt que de chercher une continuité entre les deux
bâtiments, Jean Guervilly et Françoise Mauffret ont assumé un contraste. « Nous aimons cette idée de construire de manière volontaire, à côté d’un bâtiment existant », racontent-ils. Dans ces vestiges, la nouvelle structure s’implante sans pastiche ni rupture brutale. Elle se détache en douceur avec une façade caractéristique en aluminium qui capte et reflète la lumière, tout en préservant un équilibre avec son environnement. La nuit, l’extension devient discrète, s’animant seulement par la tour et son écran lumineux.
C’est également lors de ce type de projet où le respect des alentours est de rigueur, que de nouvelles habitudes prennent vie et sont réutilisées sur d’autres projets. À l’image du traitement des escaliers avec leur garde-corps en tôle laquée et leurs mains courantes en inox de 20 mm de diamètre. Ce détail est repris dans le projet récent du campus Condorcet et pour le complexe sportif ZAC du Moulon à Saclay. « Lorsque nous trouvons un élément architectural qui fonctionne, nous le réemployons et nous l’adaptons sur nos projets », concluent-il.
Jean Guervilly et Françoise Mauffret conçoivent une architecture de la justesse. Ni démonstrative, ni figée, elle évolue par touches, par ajustements, au fil des projets. Sobriété, lumière et respect du contexte guident leur agence, dans une logique où chaque bâtiment trouve naturellement sa place dans le temps.
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Patrimoine | L’aluminium : matières et formes du XXe siècle
Le matériau qui a le plus profondément marqué le XXe siècle est sans doute possible le béton armé. Parmi ceux que l’on pourrait juger secondaires, l’aluminium a lui aussi largement contribué à renouveler le potentiel plastique de l’architecture. Un premier ouvrage vient de lui être consacré.
Matériau léger, résistant, inoxydable et même recyclable, l’aluminium suscite l’intérêt des architectes dès le début du XXe siècle. Utilisé aux États-Unis comme élément de menuiserie (portes, garde-corps), il fait une entrée remarquée dans la Vienne sécessionniste avec l’agence du journal Die Zeit, mais surtout la Caisse d’épargne (1906), l’une et l’autre conçues par Otto Wagner : à l’extérieur comme élément constructif et décoratif pour les piliers d’entrée et la fixation des plaques de revê-
tement, à l’intérieur en parement, bouches d’aération et rampes où il remplace efficacement le bois ou le fer. C’est encore comme substitut du bois que l’architecte américain Francis Plym fait breveter un système de menuiserie métallique et fonde la compagnie Kawneer qui, à partir des années 1930, utilise majoritairement l’aluminium. La puissante firme Alcoa, qui finance la maison Aluminaire dessinée par Lawrence Kocher et Albert Frey (New York, 1931), crée surtout, en 1926 au Québec, avec l’architecte Harry B. Brainerd, la ville modèle d’Arvida pour loger les ouvriers de l’aluminerie. Promu au rang de matériau de construction à part entière avec la réalisation de murs autoportants, l’aluminium connaît un développement spectaculaire grâce à la généralisation des murs-rideaux. Avec le chrome ou le nickel, il est devenu, en architecture comme en design, l’expression de l’épure, de la légèreté et de la souplesse ; c’est pour ces qualités que des constructeurs tels que Richard Buckminster Fuller et Jean Prouvé en ont exploré toutes les possibilités.
Ferronnier de formation, spécialisé dans les structures et les façades légères, Prouvé utilise l’aluminium depuis les années 1930. Après-guerre, il amorce, avec ses Ateliers de Maxéville, un cycle de conception de panneaux préfabriqués qui a fortement marqué l’histoire de la construction. À Paris, rue La Pérouse (1948-1951), Raymond Gravereaux et Raymond Lopez le sollicitent pour le siège de la Fédération nationale du Bâtiment, dont les 126 panneaux de façade en alliage léger comprennent du papier d’aluminium froissé. Au siège de l’O.E.C.E, rue de Franqueville (Jean Démaret, 1948-1949), Prouvé réalise les cloisons intérieures, entièrement en aluminium cette fois. Ce matériau joue un rôle plus décisif encore dans les projets à destination de l’Afrique noire, à partir de 1947 : à la demande de Paul Herbé et Jean Le Couteur ou avec son frère Henri Prouvé, le constructeur travaille sur des équipements scolaires et surtout des maisons « tropicales ». Niamey et Brazzaville verront ainsi arriver les pièces aéroportées de ces objets conçus à la fois comme témoin et vitrine pour l’aluminium français ; le système se résume à un portique en acier et des façades entièrement en panneaux à double paroi d’aluminium. En 1958, Prouvé réalise la maison du Sahara, une tente en tôle d’aluminium plié qui, comme les autres, restera à l’état de prototype.
La variété des usages possibles de l’aluminium dans la construction a bâti en grande partie sa réussite après 1945 : il sert en effet à tous les éléments du bâtiment ou presque, de l’ossature aux menuiseries en passant par les panneaux de façades et les couvrements. Porte de Versailles à Paris, dans le périmètre du parc des Expositions, le palais des Sports (1959) est une première : la salle d’environ 5 000 places doit accueillir tous les types de spectacles, du théâtre à la boxe, sans entraîner de modification. Pour cela, Pierre Dufau et Victor Parjadis de Larivière reprennent en l’amplifiant le système du dôme géodésique, développé en 1952 par Richard Buckminster Fuller : sur un plan circulaire, la coupole autoportante en aluminium de 60 mètres (dite dôme Kaiser) est constituée de 1 100 panneaux en losanges, assemblés en étoile par six – une opération réalisée sur le chantier, par rivetage – avant levage de l’ensemble au moyen d’un mât. De son côté, Jean Dubuisson, qui considère la façade comme un produit industriel changeant au gré de l’évolution des techniques et des modes, a mené pendant trente ans une recherche sur la ligne et l’autonomisation de la façade, profitant de l’aluminium des menuiseries pour en souligner la verticalité. L’enjeu patrimonial est aujourd’hui important, car ces épidermes font l’objet, comme leur auteur l’avait prédit, de déposes presque systématiques dans ses immeubles de bureaux. Il est grand temps de mettre en œuvre les moyens de conserver certains des procédés issus de l’aluminium, plastiquement remarquables, telle la gamme de bardages Sculptura Panels, bacs emboutis en tôle au fort pouvoir d’évocation – le bac Luna a fait l’objet d’un film de Julien Donada en 2023.
L’aluminium fait partie des métaux que l’on dit ductiles, dans la mesure où ils peuvent se déformer plastiquement sans se rompre. Il n’est pas le seul : le cuivre, le zinc, le titane, l’inox – qui n’ont pas les mêmes qualités structurelles –, participent depuis les années 1980 d’une large palette de matériaux de revêtement, auxquels il faudrait encore ajouter les matières plastiques. Le souci contemporain de continuité de l’enveloppe, la recherche d’effets de textures, de reflets ou de patine ont favorisé l’emploi de ces alliages souples, étanches – le zinc est d’abord utilisé pour les toitures – et dont la mise en œuvre autorise de nombreuses combinaisons. Massimiliano Fuksas dans plusieurs de ses projets français, notamment l’opération Candie Saint-Bernard à Paris (1993), mais encore Herzog & de Meuron avec le poste d’aiguillage de la gare de Bâle (1999), ont été parmi les premiers à exploiter ces types de revêtement. Le premier, comme un hommage à la grisaille des toits pari-
siens, recouvre d’une grande vague de zinc un complexe sportif et des logements ; les seconds subliment un programme sans qualité en l’habillant d’un manteau de cuivre et jouent sur la disposition des lames pour créer une multitude d’effets de volume et de couleur.
— Retrouvez l’article dans Archistorm 131 daté mars – avril 2025
Histoire de Marque | Glatz : la protection solaire sur mesure
Née en Suisse il y a plus de 125 ans, la marque de parasols Glatz fête cette année le dixième anniversaire de sa filiale française. Retour sur l’histoire d’une marque qui place son expertise au service de la création de parasols pour les particuliers, comme pour les professionnels.
C’est une marque qui trouve sa force dans sa qualité combinée à la pluralité de ses produits. Spécialisée dans la création de parasols depuis 125 ans, la maison suisse a su trouver sa place sur le marché français en ouvrant sa filiale, à Lyon, il y a maintenant dix ans. Une présence sur le territoire qui met le large catalogue de la marque au service des professionnels de l’hospitality, mais aussi des particuliers en quête de solutions de protection solaire efficaces et qualitatives. Glatz se caractérise en effet par la variété de ses modèles, s’adaptant aussi bien aux petites surfaces des terrasses et jardins de particuliers, qu’aux aménagements extérieurs plus imposants, propres aux univers de l’hôtellerie et de la restauration.
C’est notamment dans ce milieu professionnel que la maison suisse est tout particulièrement affectionnée grâce aux nombreuses solutions qu’elle propose. Parmi ses parasols, on retrouve notamment la ligne Palazzo®, appréciée pour l’adaptabilité de sa forme et de sa taille, pouvant atteindre les 8 mètres de diamètre. Des modèles de parasols de grandes dimensions qui se caractérisent par leur toit plat, conférant à toute terrasse un caractère contemporain, mais aussi par leur résistance aux éléments. Offrant une protection solaire qualitative, ils sont également capables de résister à des rafales de vent allant de 60 à 115 kilomètres par heure. Selon le modèle de toile sélectionné, les parasols de la gamme Palazzo®, mais aussi de la ligne Castello®, sont résistants aux précipitations. Une qualité qui leur permet de trouver leur place sur les terrasses de toutes les régions, y compris dans des zones où la météo pourrait représenter un défi.
Pour permettre aux professionnels comme aux particuliers de trouver le parasol idéal, Glatz se démarque par son approche sur mesure. En effet, chaque parasol est pensé pour s’adapter à sa fonction, sa localisation, mais aussi au design de son futur lieu d’installation. La pluralité du catalogue Glatz se retrouve ainsi dans le choix des différents mâts. Centraux, ils peuvent aussi être déportés, à l’image des modèles Ambiente Nova et Fortano®, permettant de préserver la vue et d’éviter une division de l’espace. Une adaptabilité au paysage qui passe également par le choix des matériaux, visant à intégrer les parasols dans leur décor. Ainsi, certains modèles sont proposés avec un mât en bois, venant apporter chaleur et naturel aux terrasses des hôtels, des restaurants, et des particuliers. Les toiles sont elles aussi sélectionnées pour correspondre aux attentes de chaque client en matière de protection, de coloris et de matière, offrant la possibilité de créer son parasol idéal de A à Z.
Enfin, Glatz est une marque qui s’ancre dans un savoir-faire fondé sur son expérience, mais qui n’en reste pas moins tournée vers l’avenir :“Pour y faire face, notre approche est simple : en priorité, écouter nos partenaires sur l’expérience utilisateur, créer avec eux les meilleures solutions pour ombrager des lieux toujours différents, être en veille constante sur les nouveaux matériaux et rester à l’affût des tendances en matière de décoration, d’ambiance, de matières et de couleurs… Sans faire de concession sur la qualité, la sécurité et la durabilité de nos parasols. Voilà les moteurs de notre recherche, les atouts qui nous différencient et font notre succès depuis 10 ans en France.”