Patrimoine | Paris début de siècle : la polychromie restaurée

Les deux expositions consacrées en 2024 aux grands magasins ont montré à quel point ces programmes furent des terrains d’expérimentation et d’innovation : commerciale, mais aussi spatiale, technique et esthétique. La mise en couleur d’une façade pour les Galeries Lafayette, en 1912, fait partie des gestes oubliés de cette histoire marquée par les modes et le renouvellement. Elle est désormais restaurée et évoque les aspirations d’une génération d’architectes amateurs de polychromie.

On doit à Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra (1861-1875), l’un des premiers manifestes d’un Paris pittoresque et coloré, dans son ouvrage À travers les arts, paru en 1869 : « […] je m’imagine le jour où les tons fauves de l’or viendront piqueter les monuments et les constructions de notre Paris ; je m’imagine les tons chauds et harmonieux qui frémiront sous le regard charmé. […L]es fonds des corniches reluiront de couleurs éternelles, les trumeaux seront enrichis de panneaux scintillants, et les frises dorées courront le long des édifices ; les monuments seront revêtus de marbre et d’émaux, et les mosaïques feront aimer à tous et le mouvement et la couleur. Ce ne sera plus le luxe faux et mesquin ; ce sera l’opulence, ce sera la sincérité. »

Marqué par le croisement de l’Art nouveau, du rationalisme pittoresque et de l’éclectisme monumental, le Paris de 1900, lui, fut peut-être le plus coloré de l’histoire. La couleur, au demeurant, n’était pas le seul agent de cette animation des façades prônée par Louis Bonnier, auteur du nouveau règlement de voirie en 1902 et décidé à en finir avec la ville régulière, incarnée par la rue de Rivoli puis les percées haussmanniennes : la sculpture a aussi amplement participé de ce projet d’animation de la rue et d’individualisation de l’immeuble. Avec l’Art nouveau et ses céramiques émaillées, la couleur s’affranchit alors de la structure au profit de la façade ; et bien qu’elle ne lui soit pas totalement liée, cette approche est contemporaine d’un autre phénomène : l’emploi de plus en plus massif du béton armé dans la construction, un matériau qui lui-même va susciter une réflexion spécifique sur la notion de parement coloré. Une innovation technique en rencontre une autre avec le développement des grès flammés, plus particulièrement ceux d’Alexandre Bigot. Par son mode de cuisson, le grès présente la qualité de produire des couleurs moins violentes que la faïence ; il a en outre cette faculté, plus précieuse encore, d’être quasi inaltérable. Avant que ne domine la firme de ses anciens collaborateurs Alphonse Gentil et Eugène Bourdet, Bigot fut le principal artisan de la coloration parisienne avant 1914. On lui doit aussi bien les motifs à connotations érotiques de son propre immeuble, 29 avenue Rapp (7e, 1900), dont il confie la construction à Jules Lavirotte, les efflorescences du 14 rue d’Abbeville (10e, Édouard Autant, 1901) que les sobres feuillages du 25 bis rue Benjamin-Franklin (16e, 1903) des frères Perret. Dans ce dernier immeuble, c’est la totalité de la façade qui fait l’objet d’un habillage de grès, ce qui n’empêche nullement une distinction nette, presque pédagogique, entre éléments porteurs et non porteurs. Réalisés par Émile Müller, cette fois, les grès du 9 rue Claude-Chahu (16e, Charles Klein, 1903) se distinguent par leurs motifs de chardons, expression parmi d’autres d’une présence végétale qui n’a rien d’anecdotique.

Tandis qu’Henri Sauvage poursuit cette histoire en optant pour un revêtement intégral inspiré des travaux d’Otto Wagner – tantôt avec les carreaux de faïence de la firme Boulanger, tantôt avec les céramiques de Gentil et Bourdet –, c’est aussi par la peinture que Ferdinand Chanut traite la façade des Galeries Lafayette élevée sur la rue de la Chaussée d’Antin (1911-1912). L’architecte, alors directeur du service d’architecture et des travaux du grand magasin, la réalise en même temps que la spectaculaire rotonde intérieure coiffée d’une coupole en verre polychrome. L’objectif de cette campagne de travaux est d’étendre le magasin en cœur d’ îlot et d’unifier l’espace en créant des volumes et un décor inspirés des bazars orientaux. Dans cet esprit, la façade doit agir comme un signal et attirer le passant vers l’intérieur du magasin. Unique en son genre dans le paysage parisien, elle vaudra à Chanut d’être primé au concours des façades de la Ville de Paris, en 1913.

La façade est composée de trois étages et de trois travées, chacune couronnée par un arc sommital. La structure est une ossature métallique ancrée dans la trame en béton armé du magasin, qui porte un parement de pierre calcaire sculptée de motifs végétaux et géométriques ouvragés. La toiture, qui s’étage en gradins en profitant du profil permis par le règlement de 1902, est entièrement recouverte de carreaux de céramique et de mosaïque peints ; un décor qui s’est considérablement appauvri au fil du temps, lavé par la pluie et la pollution atmosphérique. En outre, les Galeries Lafayette ouvrent en 1930 un concours en vue d’agrandir le magasin et d’unifier ses façades. Parmi les concurrents à cet exercice de camouflage, on trouve alors deux des maîtres de l’Art déco français, Henri Sauvage et Pierre Patout, mais aussi les frères Perret. Le premier venait de montrer son savoir-faire à la Samaritaine et le deuxième allait remporter la consultation, sans réaliser pour autant la totalité de son projet. L’architecture de style paquebot livrée par Patout en 1932 amputera cependant celle de Chanut d’une travée, avant que Jean Démaret ne lui superpose, en 1958, une construction de plusieurs niveaux.

En 2023, l’agence GFTK (Marie-Amélie Tek et Romain Greif) engage des études sur la base d’une observation fine des clichés anciens, qui révèlent au moins trois tons différents appliqués au décor sculpté : les fleurs et les feuilles sont de teintes claires, les perles et les roses se démarquent avec plus de densité, enfin l’or illumine l’ensemble. Le dernier ravalement opéré en 2006 a hélas effacé les ultimes vestiges de polychromie, à l’exception de quelques traces d’ocre et d’or dans les creux. L’analyse minutieuse du décor intérieur du magasin, en parfait état, a néanmoins permis de restituer, par analogie et comparaison, toutes les couleurs de la façade. Avant cela, de nombreux essais préalables de mise en teinte ont été réalisés à même le mur, tout au long des phases de l’étude, par tous les temps, et observés sous l’incidence de toutes les lumières. La maçonnerie de pierre sous-jacente a été restaurée et consolidée, entraînant au passage des reprises structurelles importantes de l’ossature métallique. Les ouvrages remarquables tels que les décors de mosaïque, les ferronneries, les huisseries, ont été conservés et restaurés dans leurs dispositions d’origine le plus souvent. Certaines parties altérées ou manquantes ont été restituées et réintégrées. Les rampants de toiture ont été nettoyés et la polychromie des céramiques ravivée. Les menuiseries extérieures ont été remises en jeu, repeintes et réparées. Les grilles de ventilation, elles, ont été repensées pour s’intégrer uniformément dans cette composition cohérente.

Après la façade de l’Opéra, dont la restauration en 2000 avait révélé la variété des matériaux, après la salle Labrouste à la Bibliothèque nationale de France en 2016, cette restauration d’une polychromie manifeste est l’occasion de rappeler combien la couleur a fasciné les architectes du XIXe siècle et du début du XXe. Contemporaine du théâtre des Champs-Élysées, qui a marqué les esprits par son éclatante blancheur, la façade « byzantine » de Chanut reflétait une conception plus éclectique ; après-guerre, le croisement des deux approches donnerait certaines des œuvres les plus originales de l’Art déco.

Par Simon Texier
Visuel à la une : © Ferdinand Chanut, coupole des Galeries Lafayette, 1912

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Focus | Maison de Champagne Pol Roger, Épernay — PACE Architectes

La Maison de Champagne Pol Roger s’est engagée dans un projet architectural d’envergure, implanté à Épernay, au cœur d’un site chargé d’histoire, à proximité immédiate de l’avenue de Champagne, classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Ce nouvel édifice de 18 000 m², développé sur quatre niveaux, combine prouesse technique, respect du patrimoine et modernité pour répondre aux exigences de production tout en honorant les traditions champenoises.

Ce site porte la mémoire d’un événement marquant survenu le 23 février 1901 : l’effondrement de deux niveaux de caves à plus de 18 mètres de profondeur, engloutissant les installations de l’époque. Ce passé dramatique a guidé la conception du projet. Une structure complexe repose sur une dalle de répartition soutenue par des pieux enfoncés dans la craie franche, protégeant ainsi les vestiges du XIXe siècle. Ces restes enfouis, préservés pour d’éventuelles explorations futures, rappellent l’importance de la mémoire dans une région où chaque détail participe à l’histoire du Champagne.

L’architecture extérieure se distingue par la juxtaposition de huit nefs qui s’élancent le long de la pente naturelle du terrain. Sept de ces volumes accueillent les fonctions de production, tandis que la huitième, située près du château, est destinée à l’accueil des visiteurs. Cette nef, par son atmosphère raffinée et ses matériaux chaleureux, évoque l’élégance de la cuvée Sir Winston Churchill, emblématique de Pol Roger. La façade, composée de briques rouge-orangé typiques des Maisons de Champagne, est ponctuée de larges ouvertures vitrées qui illuminent les espaces intérieurs, conciliant ainsi esthétisme traditionnel et modernité fonctionnelle.

À l’intérieur, l’organisation est claire et rationnelle. Les deux niveaux inférieurs, partiellement enterrés, sont dédiés aux étapes cruciales de l’élevage et du dégorgement. La lumière y est tamisée, avec des nuances orangées spécialement étudiées pour protéger les vins du « goût de lumière ». Le rez-de-chaussée, spacieux et baigné de lumière naturelle, abrite les chaînes d’habillage et d’expédition, tandis que le dernier niveau, sous la toiture, est réservé au stockage des matières sèches nécessaires au conditionnement des bouteilles.

Chaque espace a été conçu pour répondre aux besoins des opérateurs tout en valorisant leur environnement de travail. Les grandes baies vitrées ouvrent les ateliers sur le paysage champenois, offrant confort visuel et luminosité. Cette approche fonctionnelle est complétée par une attention aux détails architecturaux qui témoignent de la volonté de la Maison d’inscrire ce projet dans une démarche pérenne et respectueuse de son héritage.

En réinterprétant les codes architecturaux d’Épernay, Pol Roger renoue avec les pionniers de son passé industriel tout en affirmant son ancrage dans la modernité. Cet édifice incarne un équilibre subtil entre mémoire et innovation, intégrant des solutions techniques ambitieuses sans jamais trahir l’essence de son patrimoine.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Pol Roger
Maîtrise d’oeuvre : PACE Architectes
Surface : 18 000 m2
Budget : NC
Programme : Restructuration d’une Maison de Champagne

Par la rédaction
Photographie : © Fred Laures

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Réalisation | Tour Aurore, Courbevoie — VIGUIER architecture urbanisme paysage et Sisto Studio

La tour Aurore, signée par l’agence d’architecture DVW, est inaugurée en 1970. Témoin majeur de la naissance du quartier de La Défense, la tour est le sixième des sept IGH de première génération du secteur. Laissé vacant à la fin des années 1990, l’édifice échappe à la démolition et fait l’objet d’un projet de restructuration et de réhabilitation lourde porté par le nouveau propriétaire Aermont. Le vaste projet est conduit sous la maîtrise d’œuvre des agences Viguier architecture urbanisme paysage et Sisto Studios. Réunissant deux bâtiments dénommés « Tour » et « Pavillon », le projet intègre la réhabilitation de la tour existante, surélevée de six étages, le remplacement du bâtiment adjacent et le réaménagement des abords du site.

Naissance du projet de réhabilitation

En 2017, après l’abandon de plusieurs projets par les anciens propriétaires, la tour Aurore est mise en vente, et Aermont rachète l’ensemble immobilier. Le nouveau propriétaire, assisté d’Orfeo Développement (AMO), missionne alors une équipe de maîtrise d’oeuvre autour des agences Viguier et Sisto Studios pour la conception d’un projet de réhabilitation et d’extension de la tour Aurore. Cette équipe composée de Setec TPI, Atys, AE75 en membres principaux, développe un projet ambitieux s’appuyant sur une réutilisation raisonnée de l’existant repositionnant la tour et son quartier. Le projet prévoit une tour de bureaux, ainsi qu’un pavillon ERP, nouveau bâtiment, accueillant des services destinés aux usagers de la tour, mais aussi au quartier. Le chantier débute fin 2019 et est confié à un groupement d’entreprises de VINCI Construction (Petit DPr, Tunzini, Phibor, Saga et Uxello).  La livraison a lieu en 2022.

Au global, l’ensemble du projet se sera déroulé sur cinq ans, une durée relativement courte dans le cadre d’un chantier sur un immeuble de grande hauteur (IGH).

Une tour emblématique du quartier des affaires

Ainsi, la tour Aurore conserve sa place à La Défense. Témoin de la naissance du quartier en chantier depuis douze ans, le sixième des sept IGH de première génération du secteur est inauguré en 1970. L’implantation en quinconce des différentes tours dans le projet urbain découle de leur position par rapport à l’axe majeur de l’Esplanade de La Défense. Leur dessin répond aux exigences du schéma directeur mis en place par l’Établissement Public Paris La Défense (EPAD, devenu Paris La Défense) en 1958. Une norme, déterminée par les architectes Robert Camelot et Jean de Mailly, impose 24 mètres de large pour 42 mètres de long, limitant la hauteur des constructions à cent mètres.

« Le projet intègre des espaces et des volumes exceptionnels sur plusieurs niveaux pour lesquels des solutions de façades double, voire triple, hauteur, ont été conçues avec les enjeux de dimensionnement mécanique et de contrainte de levage et installation associés. C’est l’occasion de souligner toute la singularité du bâtiment pavillon dont les trames resserrées et élancées, rythmées par des lamelles vitrées, ont représenté un défi pour assurer, avec le minimum d’emprise visuelle, la reprise d’efforts conséquents (vent) et la prise en compte des mouvements et déformations des structures. »
Groupe Kyotec

Nouvelle génération de tours

Le projet Aurore intègre la nouvelle génération de tours restructurées, qui répond aux ambitions de Paris La Défense visant à réduire l’impact environnemental de l’expansion du quartier.

Réunissant deux corps de bâtiment aujourd’hui dénommés « Tour » et « Pavillon », le chantier comprend la réhabilitation de la tour, surélevée de six étages, le remplacement du bâtiment adjacent et le réaménagement des abords du site. Les nouvelles liaisons établies entre les trois niveaux urbains qui encadrent l’édifice participent à reconnecter les différents niveaux de circulation. Par sa position en bordure de dalle, la tour connecte les trois niveaux piétonniers, raison de la mise en place de trois entrées distinctes.

Une entrée secondaire mène du boulevard circulaire vers l’entrée basse du bâtiment. Le niveau de la dalle de la place de l’Iris, dalle inférieure à celle de la place des Reflets, donne accès au pavillon. L’entrée principale via la dalle supérieure s’effectue par un portique, marqué par un retour de l’auvent au niveau de la jonction entre la tour et le pavillon. Cet espace de transition, en faible retrait par rapport à la façade, donne sur un hall d’accueil commun, conçu à l’image d’une rue intérieure. Lieu de transition entre l’espace public et la sphère privée, ce volume connecte les deux entités réparties de part et d’autre et mène aux ascenseurs desservant les étages. Il accueille également un restaurant d’entreprise dans l’étage de socle intermédiaire.

Une écriture réinterprétée dans un langage contemporain

La restructuration respecte la géométrie originelle de la tour, appliquée aussi au dessin de la surélévation. Les verres irisés de teintes orangées ont été déposés et remplacés par des vitres de teinte neutre. Les façades réhabilitées bénéficient d’une surface vitrée plus importante, permettant l’éclairage naturel des bureaux, également protégés par un système de stores intérieurs. Les bandeaux en béton ont été démontés et remplacés par des menuiseries plus légères, en inox brossé, à l’exception de l’auvent qui se démarque par sa teinte noire. Le traitement en transparence du verre au niveau du soubassement apporte une certaine porosité visuelle entre l’intérieur et l’extérieur.

Les niveaux dédiés aux bureaux, du premier au 32e étage, sont desservis par deux batteries d’ascenseurs. À chaque niveau, le palier d’accès, vitré et traversant, bénéficie de luminosité naturelle et offre une visibilité des lieux afin que l’on s’y oriente plus aisément.

Avec une surélévation de six niveaux, le bâtiment de la tour atteint 130 mètres de haut. Les poteaux de façade ont été surélevés d’une fine structure métallique. Les poteaux situés juste en arrière des façades de verre deviennent invisibles depuis l’extérieur grâce à leur teinte foncée qui s’harmonise avec celle des façades. Le 33e étage, étage noble entièrement décloisonné et ouvert par une loggia, est destiné à accueillir un lieu de réception. Au sommet de la tour, la toiture-terrasse accessible a fait l’objet d’un traitement paysager, conçu par les paysagistes de l’agence Viguier. Le choix a porté sur des aromates et des bambous, végétaux ne développant pas de racines profondes, nécessitant peu d’arrosage et faciles d’entretien.

Principes architecturaux du Pavillon

L’architecture du pavillon, édifice de huit niveaux relativement bas dans le quartier, joue de contrastes avec la tour. Son implantation répond aux règles énoncées par le PLU, mais découle aussi d’une proposition de dialogue avec les immeubles voisins.

Privilégier une construction plus haute que le bâtiment initial permet de créer davantage d’espaces ouverts aux publics. Ce bâtiment, entièrement classé comme établissement recevant du public (ERP, inséré dans l’immeuble de grande hauteur), accueille un restaurant au rez-de-dalle. Les étages intermédiaires logent un drugstore, un auditorium, et des espaces de travail individuel ou collaboratif. Le niveau de bureaux situé directement au-dessus de l’auditorium peut être aménagé en espaces de réunion. Les deux derniers étages accueillent plusieurs salons privatifs, une brasserie et un bar ouvert en terrasse.

L’ossature se compose d’une charpente métallique posée sur les voiles des parkings en sous-sol. La façade sud, légèrement en retrait par rapport à la place, permet de créer un dégagement et participe d’une lecture urbaine plus aérée. L’inflexion de la façade nord permet de dessiner un parvis au niveau du boulevard.

Des lamelles verticales de 60 centimètres de profondeur entourent l’enveloppe entièrement transparente des façades, protégées par ces brise-soleil en verre sablé. Ce matériau translucide crée une protection tout en diffusant une lumière en partie filtrée vers l’intérieur des plateaux.

Disposées selon une trame régulière d’un mètre, ces ailettes apportent un rythme visuel à la façade, entrant en contraste avec l’aspect lisse et réfléchissant des vitrages des IGH. Symbole architectural matérialisant l’entrée au sein du pavillon, une porte monumentale en métal foncé située sur la façade mène du parvis de la place de l’Iris vers le restaurant. À l’intérieur, les matériaux non transformés laissés bruts dialoguent avec la façade.

Chaque niveau possède une esthétique propre qui se révèle par une différenciation des matériaux appliqués aux revêtements. Afin de créer une esthétique d’inspiration industrielle, les techniques logées aux plafonds, seulement recouvertes de peinture noire, demeurent apparentes.

Entretien, Jean-Paul Viguier, Fondateur et architecte, Laure Barthelot, Architecte et Thomas Poletti, Architecte, Viguier architecture urbanisme paysage

Paris La Défense a consenti à conserver la tour existante plutôt que de la remplacer. Que pensez-vous de cette alternative ?

JPV : La transformation du bâti est un sujet majeur de l’actualité architecturale. C’est pourquoi l’agence s’intéresse aux opérations de transformation à grande échelle et s’oriente vers elles.

Nous partagions ce point de vue avec l’investisseur qui a pris le risque de ne pas détruire. Le principe de réhabilitation correspond aussi au désir de Paris La Défense de transformer ces quartiers pour les adapter aux normes actuelles.

LB : Le projet précédent prévoyait la démolition totale d’Aurore et son remplacement par un édifice beaucoup plus haut et dont l’emprise était plus importante, ce qui avait suscité de vives réactions et des oppositions des riverains. La conservation du bâti existant a permis une insertion moins violente dans le paysage urbain de La Défense et une adhésion plus certaine de la population.

TP : L’intérêt de travailler à partir de l’existant était avant tout patrimonial. Sur un plan environnemental, cela a également permis d’employer moins de ressources et de produire moins de déchets.

Entretien, Nicolas Sisto, Architecte, Sisto Studios

Pour quels espaces votre agence a-t-elle plus particulièrement œuvré ?

J’ai agi en tant que consultant de l’agence Viguier jusqu’au permis de construire du projet d’ensemble, et en tant qu’architecte en charge de la construction de la tour basse limitrophe, dite « pavillon ». Nous réalisons, par ailleurs, certains intérieurs des espaces communs de la tour, c’est-à-dire le hall d’accueil, le salon de thé, ainsi que l’espace partagé, d’inspiration penthouse, situé au dernier étage.

Nous avons conçu l’architecture et l’aménagement intérieur du pavillon. Notre équipe réalise de nombreuses opérations de rénovation et mène systématiquement des enquêtes visant à connaître l’histoire du bâtiment afin d’en déduire ce qu’il est souhaitable, ou non, de conserver. À partir de ces éléments, nous concevons un projet en phase avec l’existant, tout en construisant quelque chose de nouveau, capable de traverser les époques.

En lieu et place de l’ancienne banque située au pied de la tour, nous avons pris la décision de bâtir un pavillon destiné à accueillir du public. L’ancien édifice de la banque, haut de deux étages, ne possédait pas de fondations « indépendantes », mais profitait de la structure du parking souterrain. Il a été possible de conserver cette liaison et de construire l’ensemble des étages du pavillon.

Entretien, Alexandre Petit et Morgane Koenig, Orfeo Développement

La réalisation consiste en deux projets portés respectivement par les agences Viguier et Sisto, l’un de restructuration et l’autre de construction neuve. Comment avez-vous organisé le croisement de deux chantiers ?

Il a fallu avant tout organiser la conception d’un ouvrage unique (l’ensemble Aurore forme un unique immeuble de grande hauteur) avec deux architectes : l’agence Viguier et Sisto Studios.  Si ce projet a pu naître, c’est entre autres par la collaboration et le dialogue entre les architectes, appuyés par une maîtrise d’œuvre technique unique.

La mise en chantier des deux parties du projet s’est effectuée par le biais d’un seul marché de travaux avec un groupement d’entreprises constitué de sociétés VINCI Construction (Petit, Tunzini, PHIBOR, SAGA, UXELLO) dont l’entreprise Petit a été mandataire.

Il a par la suite fallu suivre deux sous-chantiers, chacun avec ses spécificités et ses contraintes, ainsi que les interfaces avec les travaux entrepris par Paris La Défense sur les abords de l’immeuble.

La Commission de Sécurité, intervenue en octobre 2022, a permis de valider la bonne réalisation des travaux et d’acter le démarrage de l’exploitation de l’immeuble.

Entretien, François Lebrun, Directeur d’Activité, setec tpi

Ce projet mêlait à la fois construction neuve et surélévation d’une structure existante. Quelles sont les particularités de ces deux constructions ?

La surélévation de la tour et le pavillon ont donc tous deux été réalisés sur des structures existantes. Dans les deux cas, il a fallu concevoir des structures les plus légères possibles (une ossature métallique supportant des planchers mixtes acier / béton) afin de limiter les renforcements nécessaires sur les structures existantes, et optimiser ainsi le coût de construction et l’empreinte carbone du projet.

En plus de l’augmentation de poids, il nous a aussi fallu gérer l’augmentation de prise au vent du projet ; si, pour la tour, nous avons profité du fait qu’elle possédait un noyau de contreventement avec un peu de marge de résistance, pour le pavillon aucun noyau n’existait, et en créer un aurait obligé à le fonder à travers le parking existant, ce qui aurait alors fortement impacté le fonctionnement de ce dernier. Nous avons donc imaginé un bâtiment atypique, sans noyau, et venant se buter sur la tour via des planchers communs pour s’équilibrer vis-à-vis des efforts de vent.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Aermont – SNC AER 2
Assistant au maître d’ouvrage :  Orfeo Développement
Architecte mandataire : Viguier architecture urbanisme paysage
Architecte associé :  Sisto Studios – architecte du pavillon de l’ensemble Aurore et des espaces communs de la tour.£
Maître d’œuvre et conseils  : setec tpi (Structure), ATYS Engineering (Fluides) Bollinger+Grohmann (Façade), ACV (Acoustique), Seulsoleil (Éclairage), Artelia (Maître d’oeuvre d’exécution), G-ON (AMO Environnement), CSD & Associés (Préventionniste SI), Cap-SSI (Coordonnateur SSI) Socotec (Bureau de contrôle), AE75 (Économiste de la construction)
Entreprises : Groupement VINCI Construction France (Petit DPr / Uxello / Phibor / Tunzini / Saga), Kyotec (façades)
Programme : Réhabilitation et extension d’une tour de bureaux des années 1970 à La Défense. Construction d’un pavillon neuf. Auditorium, services associés et commerces.
Surface : 39 000 m2
Budget : 100 M€ HT
Certifications : NF HQE Excellent, BREEAM Excellent, WELL Gold, WiredScore Platinum, Ready to OsmoZ, ALDREN, Well Health & Safety
Livraison : Novembre 2022

Par Cléa Calderoni
Toutes les photographies sont de : © Nicolas Castets

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Focus | Crèche Simone de Beauvoir, Liévin — Trace Architectes

Située à Liévin, au cœur du quartier des
Marichelles, la crèche Simone de Beauvoir, conçue par Trace Architectes, est un espace unique où architecture et enfance s’harmonisent. Avec sa géométrie fluide et ses courbes accueillantes, ce projet transcende la simple fonctionnalité pour offrir aux enfants, aux parents, et au personnel un environnement chaleureux et inspirant.

L’organisation spatiale de la crèche repose sur un concept clair et ludique : un puzzle. Chaque entité programmatique s’emboîte naturellement pour former une structure cohérente et intuitive. Cet agencement en « pièces de puzzle » favorise une appropriation immédiate des lieux par ses occupants.

L’espace central, véritable cœur du projet, relie les trois unités de vie, la zone technique, et les espaces administratifs. Cet atrium lumineux dessert les salles d’activités et garantit une communication fluide entre les différentes fonctions. Les contours circulaires de chaque espace délimitent des zones spécifiques : refuges, aires de jeu, ou espaces de rêve, tous conçus à l’échelle de l’enfant.

La crèche se distingue par son architecture auda- cieuse qui tranche avec le paysage traditionnel du quartier. La façade, un bandeau courbe en tuiles de terre cuite émaillées, dialogue subtilement avec les maisons environnantes tout en affirmant sa singularité.

Les tuiles vernissées, parsemées de teintes colorées, confèrent à l’édifice un aspect vivant et changeant. Leur pigmentation varie au fil des saisons, reflétant la lumière, le ciel, et les ombres environnantes. Ce jeu de textures et de couleurs rend la façade à la fois protectrice et dynamique, évoquant une peau reptilienne animée par une force intérieure.

L’enveloppe du bâtiment, conçue comme une peau souple, s’adapte à son environnement et à ses usages. Côté rue, elle se replie pour préserver l’intimité des occupants tout en marquant distinctement l’entrée principale. À l’intérieur du cœur d’îlot, elle s’ouvre largement pour inonder de lumière les salles de vie et d’activités, tout en protégeant les dortoirs et les zones techniques.

Les creux formés par le mouvement des façades offrent des espaces extérieurs privilégiés : un parvis accueillant pour les parents et des jardins sécurisés pour les enfants. Ces espaces de transition renforcent le sentiment d’intimité et de sécurité.

Les courbes fluides des façades et les matériaux soigneusement sélectionnés expriment un équilibre entre protection et dynamisme. Les tuiles vernissées, aux finitions lisses et éclatantes, non seulement reflètent la lumière naturelle mais symbolisent aussi l’énergie vibrante des enfants.

À l’intérieur, la lumière est omniprésente. Les ouvertures généreuses sur le cœur d’îlot
garantissent des espaces lumineux et apaisants, essentiels pour le bien-être des tout-petits et du personnel.

L’architecture de la crèche Simone de Beauvoir incarne une vision bienveillante de l’enfance. Chaque détail, de l’organisation spatiale à l’enveloppe extérieure, reflète un soin particulier pour créer un cadre protecteur et stimulant. Ce projet illustre une compréhension fine de l’équilibre entre la nécessité de sécurité et le besoin d’exploration propre aux enfants.

Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Liévin
Maîtrise d’œuvre : Trace Architectes
Surface : 1 437 m2
Budget : 4,4 M€ HT
Programme : Remplacer l’équipement vétuste et non adapté au fonctionnement d’un équipement de petite enfance en créant une structure qui facilite la libre circulation des enfants sans contraintes et la prévention des Troubles Musculo Squelettiques (TMS) du personnel ; une flexibilité des
espaces de façon à permettre leur transformation, reconversion ou changement d’utilisation en fonction des besoins de la structure.

Par la rédaction
Visuel à la une : © Denis Paillard

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Entrée en matière | Déclinaisons textiles : entre acoustique, esthétique et innovation

L’univers du design poursuit son évolution constante et s’ancre toujours plus dans la quête de l’innovation. Une recherche de solutions nouvelles qui viennent s’appliquer à des problèmes ancestraux, à l’image de la protection acoustique, thermique, et solaire. Des éléments desquels nous cherchons à nous isoler, et face auxquels les marques spécialisées dans ces niches techniques rivalisent d’inventivité pour venir répondre de manière efficiente et durable à la quête du confort ultime. La fibre se présente alors comme un allié de choix. Se déclinant en panneaux, rideaux ou encore stores, le textile technique se voit approprier les caractéristiques nécessaires à la création d’un cocon.

Serge Ferrari, Soltis Liris

© Serge Ferrari

Le changement climatique impacte au quotidien nos modes de vie.
Le soleil s’impose comme une force de laquelle il est nécessaire de se protéger, tandis que la recherche de lumière naturelle pour contribuer
à notre bien-être n’a jamais été aussi forte. Un paradoxe qui nécessite des solutions. Serge Ferrari propose de répondre à cette double demande en dévoilant Soltis Liris. Inscrite dans
la conception de bâtiments durables, cette nouveauté tend à permettre de penser en amont la création de façades par l’intégration de stores associés à des vitrages à contrôle solaire. Réalisé en toile composite souple, le Soltis Liris permet de gagner en efficience énergétique tout en garantissant le confort des utilisateurs du bâtiment.

[www.sergeferrari.com]


Perrine Paris

© Perrine Rousseau

Spécialisée dans la création de textile de luxe, la maison Perrine Paris puise son identité dans le savoir-faire artisanal d’Asie et d’Afrique. Là-bas, la fondatrice de la marque découvre des techniques traditionnelles qui l’inspirent dans la création de ses collections. Aujourd’hui dans son catalogue les références sont nombreuses, chacune d’elles empreinte d’un ADN propre. Dans les ateliers Perrine Paris, le tissu se décline en  brodé, chiné, laine, texturé, ou encore en voile. Sa versatilité rend possible son application à de nombreux projets, du tapis au revêtement de mobilier, faisant de la maison une référence dans les commandes sur mesure cristallisées autour
du textile.

[www.perrineparis.com]


Kvadrat, Sport

© Casper Sejersen

La marque danoise Kvadrat se démarque par le caractère novateur de ses productions redéfinissant les codes de cette pratique. Loin de se limiter aux fibres naturelles traditionnelles, les créatifs et chercheurs Kvadrat se distinguent par leur approche ancrée dans l’innovation. Leur dernière création en date en est une nouvelle preuve. Le tissu Sport, créé en collaboration avec la designer Patricia Urquiola, est le premier textile polyester fait à 100 % de plastique recyclé récupéré dans les océans. Imaginé en tant que tissu d’ameublement, il possède des qualités en termes de durabilité qui n’entachent en rien sa performance esthétique. La gamme Sport se caractérise par le point appliqué au tissu venant lui apporter relief et personnalité.

[www.kvadrat.dk]


Slalom, Acoustethics

© DR

Articulée autour du monde de l’acoustique, la marque Slalom tend à proposer des solutions innovantes venant redéfinir les codes de cette spécialité. Loin des solutions traditionnelles et à l’esthétique relayée au second plan, les produits signés Slalom se distinguent par l’union qu’ils promettent entre performance acoustique et design esthétique, le tout avec l’omniprésence d’une vision éthique dans leurs réalisations. Parmi les nombreux produits proposés dans leur catalogue, on retrouve leur nouvelle collaboration avec
la marque Rubelli aboutissant
à la création de deux produits : Cloud Acoustic et Wave Acoustic.

[www.slalom-it.com]


Nown, InfiKnit

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La marque Nown innove en faisant usage de ce textile dans l’univers de l’architecture et du design d’intérieur. De cette recherche naît un produit breveté : InfiKnit. Réalisé à partir de fils tricotés en 3D,
ce textile innovant se démarque
par ses caractéristiques en termes
de durabilité. En effet, sa production réclame 95 % d’eau en moins qu’un tissu traditionnel. Du point de vue de son application dans le champ
architectural, la collection se démarque par sa versatilité et sa flexibilité, lui permettant de s’adapter aux vagues, courbes, et autres géométries complexes, ignorant les limites des autres matières plus traditionnelles. 

[www.nown.com]


Knauf, Organic

© Archimia / Z Studio

Pour imaginer cette solution acoustique baptisée Organic, la marque Knauf a cherché son inspiration dans la nature. C’est à base de laine de bois que sont réalisés les différents produits de cette gamme, s’adaptant à la réalisation aussi bien de panneaux acoustiques que de pièces de mobilier intégré. Une matière de laquelle découle une esthétique faisant elle aussi écho à la nature et s’adaptant aux projets privilégiant des intérieurs chaleureux tout en restant contemporains. Les dalles de laine de bois permettent à tout projet de prendre vie, le tout en s’inscrivant dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement.

[www.knauf.com]

Par Aurore De Granier

— Retrouvez l’article dans Archistorm 130 daté janvier – février 2025

Territoire | Deux projets pour une résidence sociale à Rosny-sous-Bois

À Rosny-sous-Bois, le projet de transformation du Foyer de travailleurs migrants et de l’ancien Centre national d’information routière incarne une nouvelle vision du logement social.

Mis en service en 1978, le Foyer de travailleurs migrants (FTM), situé au 1 rue Jean-Allemane à Rosny-sous-Bois (Voir le premier article de la série sur la Genèse du projet de résidence sociale à Rosny-sous-Bois. Du foyer à la résidence sociale dans archistorm 121, juillet – août 2023), a fait l’objet d’une requalification consistant à remplacer le bâtiment devenu vétuste par deux nouvelles résidences. La première tranche de travaux achevée a permis la livraison, en juin, de la résidence située sur le terrain même de l’ancien foyer. Une partie des résidents ont commencé à quitter en juillet l’ancien foyer pour s’installer dans la nouvelle résidence Allemane.

En parallèle, la restructuration avec surélévation et extension de l’ancien bâtiment du Centre national d’information routière, localisé à proximité, rue Camélinat, a débuté en octobre et permettra, à terme, d’abriter une seconde résidence de 169 logements, et donc d’égaler la capacité d’accueil de l’ancien foyer. L’enjeu majeur de ce projet de reconversion consiste à ajouter 2 700 m² de surface aux 2 500 m² du programme existant. Les deux résidences cumuleront ainsi 339 logements.

Construction neuve du foyer Jean Allemane, croixmariebourdon architectes associés © Takuji Shimmura

La première résidence accueille trois immeubles de quatre, cinq et six étages, dont l’articulation et la volumétrie résultent de la topographie de la parcelle triangulaire et d’une volonté de cohérence avec le contexte bâti de ce quartier d’habitations collectives et pavillonnaires. Ils sont disposés de façon à aérer les espaces tout en préservant le cadre paysager. Effectivement, pour compenser la surface limitée des espaces de vie individuels, les circulations et les parties communes sont distribuées autour d’un jardin. La résidence existante est implantée sur la partie ouest du terrain, tandis que l’autre partie de la parcelle, présentant une forte déclivité, accueille un espace boisé qui permet d’établir une continuité paysagère avec le bois du Coteau du Fort situé à proximité. L’entrée principale, située  rue Jean Allemane, conduit au bâtiment A, alors que les bâtiments B et C sont implantés le long de la limite sud du terrain. Les trois volumes sont érigés sur un socle commun maçonné, reliés par un corps central en rez-de-chaussée.

Conçu pour répondre à des besoins actuels tout en anticipant de futures évolutions, le projet repose sur une ossature poteaux-poutres permettant une liberté totale de reconfiguration des espaces intérieurs. Cette approche modulaire et adaptable a été rendue possible grâce à l’utilisation de cloisons légères et amovibles, qui peuvent être facilement retirées ou déplacées afin de transformer les logements selon de nouveaux usages. Ce mode constructif associé à des façades à ossature bois préfabriquées, directement posées sur les structures en béton, permet de minimiser l’impact carbone de la construction tout en assurant une excellente performance thermique et acoustique des logements.

En parallèle au projet rue Allemane, 169 logements supplémentaires seront installés dans l’ancien édifice du CNIR.

Inauguré en 1986 l’ancien CNIR, conçu par les architectes Gilbert Delecourt et Ludwik Peretz, accueillait l’organisme interministériel chargé du recueil, du traitement et de la diffusion de l’information routière sur l’ensemble du territoire. L’édifice ferme ses portes en 2016 et, par la suite, en 2020, le site est retenu afin d’accueillir une résidence sociale, dans le cadre d’un protocole de traitement signé entre l’État, la Ville de Rosny-Sous-Bois et Batigère Habitats Solidaires.

L’édifice en béton revêtu de brique se démarque par une volumétrie semi-circulaire dont la forme répond à l’implantation sur un terrain qui présente un important dénivelé. Le projet de transformation a pour objectif de conserver l’écriture singulière de ce dessin d’origine.

Ce projet prévoit notamment l’adjonction d’une extension et d’une surélévation sur deux niveaux, qui épouseront le système constructif existant. Tout d’abord, un espace de 500 m² sera ajouté de façon à dédoubler la couronne sud. Les anciens bureaux accueilleront les logements tandis que le rez-de-chaussée,  autour du hall, hébergera des espaces partagés destinés aux résidents. Dans l’ancienne salle de commandes, le plafond sera démonté afin de créer un patio éclairant les logements en couronne sud. Ainsi, une majorité des logements bénéficiera d’une distribution directe par le couloir central.

Enfin, une surélévation sera réalisée selon des procédés innovants de construction en bois. Le système constructif de l’extension en poteau-dalle de béton préfabriqué s’inscrit dans le prolongement de la structure existante alors que la façade repose sur une ossature en bois. La surélévation correspond à un système léger qui permet de limiter l’ajout de charges. Elle est constituée de modules 3D en bois préfabriqués en usine et en filière sèche puis acheminés sur site. L’addition de ces volumes, pourtant peu perceptible, double la capacité d’accueil de l’ancien édifice.

Par Cléa Calderoni
Visuel à la une : Construction neuve du foyer Jean Allemane, croixmariebourdon architectes associés © Takuji Shimmura

— Retrouvez l’article dans Archistorm 130 daté janvier – février 2025