RÉALISATION

ATELIER BRUNO GAUDIN & VIRGINIE BRÉGAL

 

Le 11 janvier 2017, le chef de l’État a inauguré la première phase de travaux de Richelieu, nouveau nom donné au site historique de la Bibliothèque nationale de France. L’idée ? Créer un « pôle d’excellence » avec les bibliothèques de l’INHA et de l’EnC, et constituer la plus importante collection d’histoire de l’art au monde. Mais aussi révéler un patrimoine architectural oblitéré par le temps et les amoncellements d’ouvrages, les couloirs labyrinthiques et les réseaux techniques hors d’âge…

 

 

(…) « Sur neuf années de travail, quatre ont été consacrées aux études. Pendant plusieurs mois, nous avons réalisé des dizaines de schémas de circulation et de répartition des programmes sur des feuilles A3 », se remémore Guillaume Céleste, l’un des chefs de projet. L’ambition d’ouvrir le site plus largement au public a conduit l’atelier parisien d’architecture à concevoir un hall d’accueil traversant entre les rues Vivienne et Richelieu. Celui-ci a été doublé au 1er étage par une passerelle entièrement vitrée afin de mettre en communication les ailes opposées de la cour d’honneur. Complément indispensable de cette entreprise de fluidification des parcours et de clarification du plan global, la seconde phase de travaux établira des liaisons perpendiculaires nord-sud, au travers des galeries Mansart et Mazarine. Avec, en ligne de mire, la constitution d’une trame fédérant les disparités architecturales.


Car ce sont bien les variétés de styles, de stratégies d’aménagement et d’époques qui ont intéressé Bruno Gaudin et Virginie Brégal, n’hésitant pas eux-mêmes à assumer leur contemporanéité lorsqu’ils ont dû composer la salle de lecture de l’EnC et celle des Arts du spectacle, bardée de lattis de bois clair. « La Bibliothèque est une stratification exceptionnelle de tranches d’histoire dans un même lieu. Il fallait la rendre lisible », explique Bruno Gaudin.

Le cas du magasin central illustre parfaitement ce propos. Érigé par Labrouste dans le prolongement de sa salle de lecture – qui, classée, a été restaurée par Jean-François Lagneau (ACMH) –, ce chef-d’œuvre de métal de quatre niveaux avait été profondément modifié par Roux-Spitz pour devenir une vaste armoire à livres de onze étages, desservis par des monte-charges aux teintes industrielles et des escaliers d’un seul tenant. Plutôt que de céder à la facilité d’une démolition-reconstruction (le bâtiment n’était pas protégé !), à laquelle les importantes difficultés techniques de sa mise en conformité devaient logiquement mener, l’atelier Gaudin l’a divisé en grandes « entités historiques », planchers coupe-feu intercalés et pompiers à demeure.

 

 

Salle de lecture de Labrouste, restaurée par J-F Lagneau

 

Au sous-sol, le double niveau de stockage (réalisation en sous-œuvre de Roux-Spitz de 1930) a été sauvegardé. Il a reçu un local technique, point de départ des gaines qui irriguent l’édifice. Au-dessus, le magasin de Labrouste a été converti en espace mixte de conservation et de consultation de 80 places pour l’INHA. L’atelier Gaudin en a révélé la juxtaposition des structures, retrouvé la légèreté et les qualités spatiales. (…)

« C’est la première fois dans la vie de la Bibliothèque Richelieu qu’un projet global et cohérent peut voir le jour. Il couvre tous les espaces, de fonds en combles. » Virginie Brégal  

(…) Ultime couche de cet incroyable millefeuille historique, le dernier étage du magasin central est également à mettre au crédit de Bruno Gaudin et de Virginie Brégal, signant une seconde fois leur préférence pour le blanc et le gris. Pour le reste, il faudra attendre 2020, année estimée de l’achèvement du projet. Au programme : l’ouverture à tous les publics de la Salle ovale de Pascal et le plein déploiement des nouvelles distributions, dont on mesure déjà les vertus dans les beaux lambris de pierre recouvrés du vestibule de la cour d’honneur…

 

Fiche technique :
Maître d’ouvrage : ministère de la Culture et de la Communication, ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Maître d’ouvrage déléguée : OPPIC (opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture)
Maître d’œuvre  : Atelier Bruno Gaudin & Virginie Brégal – Chef de projet : Raphaële Le Petit avec Guillaume Céleste, Céline Becker, Nicolas Reculeau et Alexandre Ory
Maîtrise d’œuvre MH classés : Jean-François Lagneau architectes (phase 1), Michel Trubert (phase 2)
BET : EGIS Bâtiments
Éclairage et conception lumière) : L’Observatoire 1
Économiste : Thierry Hellec sous-traitant avec Thierry Montagne
Acousticien : ACV Acoustique
Coordination SSI et préventionniste : Casso & associés
Surfec / SHON : 35 000 m2
Coût : 70,8 M€ HT

 

Texte : Tristan Cuisinier
Visuels : © Marchand Meffre et Takuji Shimmura

Retrouvez l’ensemble de l’article dans archiSOTRM #83