SPACE COW BOY

Esquisse d’une promenade sonore

ARCHITECTURE + MUSIQUE

Marie Jeanne Hoffner, artiste plasticienne et Nicolas Karmochkine, architecte, proposent une nouvelle série d’articles qui offrent une mise en perspective de la relation entre la musique et l’architecture.

Rodolphe Burger se prête volontiers au jeu de la relation entre espace et son, comme un parcours de vie qu’il trace en écho. À l’origine, le rock c’est l’ailleurs et la raison du départ, c’est la possibilité d’être hors de chez soi, de se projeter loin. C’est cet appétit pour le voyage qui favorise en contrepoint la possibilité d’un retour aux racines. GOOD est son dernier album, où la mémoire des lieux resurgit à chaque morceau, Rome, Lausanne, chaque musique nous invite dans ses univers habités.

Série « c’est dans la vallée » 2004 © Vincent Leroux

Texte : Marie Jeanne Hoffner & Nicolas Karmochkine
Image à la une : Série « c’est dans la vallée » 2004 © Vincent Leroux

Série « c’est dans la vallée » 2004 © Vincent Leroux

Rodolphe Burger nous accompagne dans un déplacement musical qui évoque ses parcours aux teintes rock, blues, punk, au travers des lieux qui le racontent et l’accompagnent. Dès le début, l’ex-leader de Kat Onoma s’est ouvert au monde par la musique, elle efface les frontières, il s’en affranchit. Quitter l’Alsace natale était essentiel pour aller à la rencontre de nouveaux espaces, hors champ le mouvement de la musique appelle à la traversée des territoires. Une échappée belle, comme son premier séjour aux USA, où, dans un effet miroir, avec cet ami portoricain rencontré à Brooklyn, tous deux ont exactement les mêmes références, les mêmes vinyles. Une évidence, la musique représente « la véritable mondialisation ».

Si la voiture est idéale pour voyager au son du rock’n roll, la musique électrique de Rodolphe Burger installe un espace, elle s’apprécie suivant le lieu où on l’écoute. « Vox Populi », le travail sonore du Tramway, à Strasbourg (2000) puis à Paris (2012), a littéralement permis à Burger de nous transporter par le son. Il ne s’agit pas d’une bande-son pour la ville, mais d’une signalétique. Un habillage sonore situé, qualitatif, qui redonne sa valeur aux mots, aux accents, aux noms propres devenus communs, qui résonnent chez ceux qui habitent les quartiers.

© Christophe Urbain

« C’est important que ce soit de vraies voix pour les stations, des noms, comme à Strasbourg, des totems, prononcés par les gens. C’est un nom propre, un nom qui définit un lieu. »

Cow boy venu de l’Est, il explore son territoire peuplé d’accents profonds et de lieux secrets. Il retrouve son heim (chez-soi) en 2000 à Sainte-Marie-aux-Mines par la création du festival « C’est dans la vallée » où chaque projet musical entre en écho, il l’habite et ils deviennent indissociables. Cet ancrage permet aussi une véritable expédition avec Olivier Cadiot, à la découverte du welche (dialecte, qui signifie non-allemand, encore parlé par une communauté locale) ; ils créent ensemble « On n’est pas Indiens c’est dommage », projet mêlant chants welches, navajos et poèmes de Jack Spicer. La musique va redéfinir les lieux, en donner une nouvelle lecture. (…)

 

Retrouvez l’intégralité de cet article au sein d’archiSTORM #85, disponible en kiosque !

Esquisse d’une promenade sonore

Le DJ set de Franklin Azzi

dans la chronique MUSIQUE ET ARCHITECTURE

Texte : Marie-Jeanne Hoffner et Nicolas Karmochkine
Image à la une
: Berges de Seine, Paris © Maxime Dufour

De Nantes aux berges de la Seine, en passant par le boulevard Raspail, les récents projets proposés par l’agence de Franklin Azzi sont comme un subtil assemblage d’inspirations tissées entre image, musique et mode. Le collage est élevé au rang d’art de la conception, jouant de juxtapositions improbables, d’enchaînements et de mixages qui ouvrent une voie à la création de reprises et de surprises.

Franklin Azzi © Alexandre Tabaste

Une belle agence dans le centre d’affaires parisien, quartier de l’industrie et de la confection textile. Empruntant le vocabulaire des couturiers et des tailleurs, collage, empiècement, structure, assemblage, uniforme, coupe, la musique se raconte par les mots qui sont aussi ceux de l’architecture de Franklin Azzi.

Longtemps nourri par les sons qu’il écoutait ou ceux qu’il jouait, il tisse les liens entre composition architecturale et fluidité musicale d’une réflexion qui chevauche les courants autant qu’elle les mixe. Ces collages musicaux sont un écho aux propositions architecturales de l’agence où la création relève d’un style fait d’hybridation. Grandmaster Flash exhumait le son des origines pour en faire des scratchs et des boucles, Azzi prélève et rejoue aussi en mélangeant les genres.

« Rénover des bâtiments des années 60, c’est comme réinterpréter des morceaux »

Dans une relecture du bâtiment de Pierre Duffaut, boulevard Raspail, il revalorise la structure originelle par une peau musicale légère. Elle évoque une portée où les croches, les noires et les blanches donnent un nouveau rythme à la forme imposée. Franklin Azzi ne part plus d’une feuille blanche. Il impose une tonalité, une couleur, où basse et batterie sont les bases rappelant « Never as Tired as when I’m Waking Up » de LCD Sound System qui pose les fondements d’une reprise. Transformation, pérennité des ruines, le concept est là.

Halles, Alstom, Esbanm, Île-de-Nantes © FAA Halles

L’inspiration raconte les histoires culturelles de notre société. Franklin les customise et les sample pour trouver une forme minimale. Alléger, voilà une autre manière d’envisager la technique ; d’habitude cachée, elle devient pour lui un ornement architectural, une forme d’économie qui propose un décor mis à nu comme le jouaient les punks. Sans envie de plaire et sans décor, il préfère aller à l’essentiel. Du Clash de London Calling, Azzi aime aussi les choix vestimentaires qui donnent à comprendre l’identité d’un genre ou l’appartenance à un mouvement ,« les parallèles sont multiples, avec Kraftwerk on voit que c’est un courant global, qu’on ne peut pas les dissocier ». Mais Franklin aime plus encore la chaleur de la pop, la dimension sensible de l’ornement qu’il associe à l’échelle humaine du décor des cathédrales, de l’artisan qui laisse sa trace. Il retrouve cette présence dans la musique baroque de Bach ou de Purcell autant que dans le costume à paillettes de Prince qui danse sur « Baby I’m a Star ». L’origine de cet attrait du détail et de l’image qui fait rêver se retrouve dans les pochettes de 33 tours. Prendre le temps de regarder Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, Electric Ladyland de The Jimmy Hendrix Experience ou celle de Led Zeppelin IV, il y a tant à découvrir… Tellement plus que dans le carré de plastique d’un CD. Que dire du téléchargement d’un mp3…

Halles, Alstom, Esbanm, Ile-de-Nantes © FAA Halles

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…Retrouvez l’intégralité de cet article au sein d’archiSTORM #84, disponible en kiosque !