Le Studio rallie deux structures créées par Alain Cottrell il y a quarante ans, qui se rassemblent et se recomposent aujourd’hui autour d’Alain Cottrell, Élodie Cottrell, Stéphane Cottrell, Pierre Macary et Jérôme Michelangeli, dans une dynamique commune pour former une équipe de plus de 60 personnes dédiée à la conception et l’exécution de projets à grande échelle et à l’international. L’ensemble des programmes liés à la ville et leur développement y sont aujourd’hui étudiés. L’expertise des équipes en France et en Espagne est mutualisée pour plus d’efficacité dans la conception des bâtiments dans la plupart des secteurs : édifices tertiaires, logements, centres commerciaux, hôtels, terminaux aéroportuaires, pôles universitaires et sportifs.
Les équipes d’architectes de MAAC dessinent et conçoivent avec la même attention et la même signature ces projets.
Primés en de nombreuses occasions, les projets de MAAC se caractérisent par la constance du dialogue entre l’architecture et le lieu, entre le bâtiment et son contexte.
On retrouve dans chacun d’entre eux cet héritage voulu par MAAC d’une architecture métissée, rationnelle et intransigeante dans son rapport à la qualité environnementale.
Comment est née l’idée d’un tel regroupement ? Pouvez-vous nous expliquer l’origine de ce projet entre la France et l’Espagne ?
MAAC :
Une équation à trois inconnues ?
On fait souvent appel aux mathématiques afin de résoudre des situations où la logique a sa place, mais dans lesquelles la complexité du sujet requiert un processus structuré, jalonné. Ça a été le cas pour ce projet de regroupement d’agences entre Paris et Madrid, initié par Alain Cottrell il y a maintenant deux ans.
Trois agences aux profils et caractéristiques diverses, Les Architectes CVZ, agence fondée par Alain Cottrell, spécialisée en grands projets commerciaux depuis 45 ans, CMA, agence orientée vers la commande publique en France gérée par Élodie Cottrell et Pierre Macary ; enfin IAD | International Architectural Diplomacy, bureau installé à Madrid, à vocation internationale, créé par Stéphane Cottrell et Jérôme Michelangeli en 2000. Les agences ont décidé de se rapprocher pour offrir un service pluriel et homogène et une ouverture à une clientèle institutionnelle et internationale.
L’idée de ce regroupement, d’abord né d’une dynamique de travail, est liée évidemment à un lien familial fort autour de l’architecture et à des collaborations ponctuelles sur des projets, concours et candidatures qui ont permis à ce processus de se profiler progressivement.
On comprend aisément, vu la diversité des profils de ces trois agences, la nécessité de trouver un vecteur commercial fort et identifiable afin de permettre une prospection généralisée autour d’une clientèle existante solide, et jusqu’à présent limitée aux spécialités de chacune des parties.
Certains jalons ont été posés depuis 2015 avec une première étape de la fusion entre les agences CVZ, IAD France et CMA. Des projets devenus communs comme la réalisation du Citizen M La Défense en cours de livraison, le concours gagné pour le parc commercial Le Patio à Sainte-Geneviève-des-Bois, la phase finale du concours pour la restructuration et l’agrandissement de l’aéroport Aimé-Césaire à Fort-de-France ont renforcé le projet d’un rapprochement annoncé.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien au sein d’archiSTORM #85 en kiosque !
UNE SIMPLICITÉ ABSOLUE
MAISON DES SCIENCES DE L’HOMME À PARIS
François Chatillon Architecte ACMH
et Michel Rémon & Associés
Restaurer et valoriser un édifice patrimonial du XXe siècle implique un savoir-faire particulier et un respect total de l’œuvre, dans une optique d’évolution spatiale et fonctionnelle adaptée aux usages à venir. C’est dans cet état d’esprit que les architectes François Chatillon et Michel Rémon ont mené à bien cette restructuration pointue très réussie.
Cet ouvrage, tout de verre et de métal, offre un contrepoint moderne au bâti haussmannien alentour en pierre.
Édifiée entre 1965 et 1969, par les architectes Marcel Lods, Paul Depondt et Henri Beauclair, la Maison des Sciences de l’Homme fait figure d’immeuble pionnier de l’architecture moderne du xxe siècle. Implanté à l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi, en plein VIe arrondissement de Paris, ce bâtiment atypique est bien repérable dans le tissu urbain haussmannien environnant dominé par la pierre. L’ensemble comporte deux bâtiments, le premier de neuf étages ouvrant sur le boulevard et le second de quatre étages donnant sur la rue : ces deux ouvrages étant reliés par un édifice passerelle pourvu de quatre étages.
« La chance de ce projet est de conserver des utilisateurs “historiques” sur place et de leur offrir les conditions et normes actuelles de confort dans un lieu institutionnel pour les Parisiens, enfin restauré. »
Si dès l’origine du projet, cet immeuble abritait la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) et l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), ces deux entités sont désormais complétées par l’arrivée de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE). Restructuré par l’agence François Chatillon Architecte (mandataire) associée à l’atelier d’architecture Michel Rémon & Associés, cet ensemble précurseur a été bâti selon plusieurs techniques innovantes. Le système constructif mis en œuvre se compose d’une structure mixte associant des poteaux et poutres métalliques à des planchers en béton précontraint, ces derniers provenant du procédé de dalle précontrainte Wilenko, du nom de l’ingénieur qui l’a inventé. La spécificité de ce système rationnel a trait à la finesse des planchers permettant de monter neuf niveaux dans un gabarit limité à trente mètres de haut.
En cœur d’îlot, les façades arrière entièrement vitrées des trois édifices sont rythmées par la structure métallique apparente
Une restitution fidèle
L’autre particularité technique porte sur les façades en mur-rideau qui, assemblant des complexes de châssis en acier et double vitrage – mesurant 1,25 m de large (trame de base) et 2,50 m de haut –, participent à l’unité globale des diverses façades, où la transparence est omniprésente. Si le bâtiment principal et la passerelle comptent 1 032 modules, le bâtiment secondaire en affiche 228. Ces façades sont dotées de volets extérieurs en aluminium perforé, mobiles et manœuvrables depuis l’intérieur, à l’aide de manivelles servant à réguler l’apport de lumière naturelle. Ces complexes vitrés, accompagnés de ces volets repliés et de l’ossature apparente des poteaux en acier, apportent de l’épaisseur au bâtiment et expriment avec élégance l’architecture caractéristique de ce type d’édifice contemporain.
« Dans cette architecture forte des années 1960-70, d’une simplicité absolue, tout se tient. Notre fierté a été de redonner à voir cette architecture qui fait sens. »
Or, cette façade, dénuée d’ouvrants et reliée à un système de conditionnement d’air formé de caissons d’éjecto-convecteur, fait de cet ouvrage l’un des premiers de la capitale ayant bénéficié d’une ventilation maîtrisée. Concernant la rénovation complexe de cet ensemble remarquable, les architectes ont opté, en collaboration avec l’EPAURIF et la DRAC notamment, pour une restitution fidèle s’appuyant sur des recherches documentaires (archives), des témoignages et des investigations in situ, ayant conduit à l’élaboration de plusieurs études et diagnostics. Comme le remarque l’architecte ACMH François Chatillon, « dans cette architecture forte des années 1960-70, d’une simplicité absolue, tout se tient. Notre fierté a été de redonner à voir cette architecture qui fait sens ».
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage :
EPAURIF/Établissement public d’aménagement
universitaire de la région Île-de-France
Maîtrise d’œuvre :
François Chatillon Architecte, Architecte en chef des Monuments historiques (ACMH), mandataire, Michel Rémon & Associés, Atelier d’architecture, architecte associé
BET TCE : Igrec ingénierie
BET façades : Roux & Associés ingénierie
BET désamiantage façades (jusqu’à l’APD) : Antea Group
Retrouvez l’intégralité de ce texte au sein d’archiSTORM #85 maintenant disponible en kiosque !
Le Petit Agenda Architectural
Texte : La Rédaction
Aperçu des Manifestations
…
L’ARCHITECTE. PORTRAITS ET CLICHÉS
Cité de l’architecture & du patrimoine – Paris 16e
Vue atelier Bigot, 1933, IFA
Jusqu’au 3 septembre 2017
L’exposition retrace et nous fait découvrir, essentiellement par l’image, l’apparition et l’évolution de la figure de l’architecte, sa formation, son univers de création, ses méthodes de travail, en solitaire ou en agence, ses outils et son vocabulaire. Longtemps placée au sommet de la hiérarchie des arts, l’architecture fut la « clé de voûte de tous les arts ». Aujourd’hui, plus qu’autrefois et grâce au développement des médias, l’architecte est un personnage qui fascine notre société contemporaine.
…
MUTATIONS / CRÉATIONS
Centre Georges_Pompidou – Paris 3e
Jusqu’au 3 juillet 2017
Intitulé « Mutations / Créations », le nouveau rendez-vous du Centre Pompidou est résolument tourné vers la prospective et l’interaction des technologies numériques avec la création ; un territoire partagé entre art, innovation et science. Cette manifestation annuelle convoque, pour sa première édition, la musique, le design et l’architecture en proposant deux expositions – « Imprimer le monde » et « Ross Lovegrove ».
…
« DÉSERT » DE STÉPHANE THIDET
Abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen l’Aumône
Jusqu’au 27 août 2017
Pour son exposition personnelle à l’abbaye de Maubuisson, Stéphane Thidet a pensé trois œuvres contextuelles qui ont pour point commun leur rapport au sol, au paysage, au géologique, à une idée de l’épure en écho à cet ancien lieu cistercien qui accueille ses nouvelles pièces.
Informations pratiques : Abbaye de Maubuisson
site d’art contemporain du Conseil départemental du Val d’Oise
avenue Richard de Tour
95310 Saint-Ouen l’Aumône
…
DAVID MICHAEL CLARKE
Mme Orain et la mogette magique
La cuisine, centre d’art et de design
Du 3 juin au 18 septembre 2017
Nègrepelisse
Chez David Michael Clarke, pour reprendre une formule empruntée à Robert Filliou, l’art n’est pas message mais partage. Articulant son exposition autour d’une structure muséographique inspirée de l’architecture de la maison de Mme Orain (de Roger Le Flanchec), il traite de l’habitat moderniste et de ses utopies, conviant dans son salon fantasque des œuvres de différents artistes.
Découvrez notre agenda des futurs manifestations architecturales dans tous les numéros archiSTORM, toujours disponible en kiosque !
Réflexions sur l’Architecture Moderne
Les Grands Projets Présidentiels Labellisés Patrimoine du XXe Siècle
Texte : Simon Texier
Dix édifices et ensembles urbains, dix grands équipements publics, chacun témoignant de l’engagement de l’État dans les politiques architecturales et d’aménagement du territoire sous la Ve République, ont récemment obtenu la labellisation au titre du « patrimoine du XXe siècle ». Cette labellisation permettra, indique le ministère de la Culture, « d’ouvrir le regard sur ces édifices qui sont des lieux exceptionnels architecturalement mais aussi des lieux de vie et de travail ».
Parmi les dix grands équipements publics ayant récemment obtenu le label « patrimoine du XXe siècle », car témoignant de l’engagement de l’État dans les politiques architecturales et d’aménagement du territoire sous la Ve République, une large majorité a été réalisée sous le septennat de François Mitterrand. La série de grands projets mis en œuvre est de fait l’un des temps forts de la politique urbaine dans Paris au XXe siècle. Facilitée par un accord tacite entre l’Élysée et l’Hôtel de Ville, elle constitue une tentative, unique par son ampleur, pour renouveler la structure monumentale de la capitale.
Entrée sud du parc de la Villette, architecte : Bernard Tschumi. La grande halle, architecte : Reichen & Robert. Le conservatoire de musique et la cité de la Musique, architecte : Christian de Portzamparc.
Moins d’un an après son élection à la présidence de la République, le 9 mars 1982, François Mitterrand annonce un programme de huit « Grands projets » pour Paris. La Villette, site de 55 hectares – encore entaché par la faillite du marché d’intérêt national de la viande –, devra accueillir un parc, une cité de la musique et un musée des sciences dont l’étude avait été lancée par Valéry Giscard d’Estaing ; il est ensuite prévu un opéra populaire à la Bastille, une salle de concert rock sur l’échangeur de la porte de Bagnolet – abandonnée en 1983 –, la reconstruction du théâtre de l’Est parisien, un monument à La Défense abritant deux ministères et un centre international de la Communication, un nouveau ministère des Finances à Bercy permettant de réaliser le « Grand Louvre » et, enfin, un Institut du monde arabe à Jussieu. S’ajoute à cela l’achèvement du projet de musée du XIXe siècle dans l’ancienne gare d’Orsay. Trop conscient des échecs auxquels ont conduit les différends entre la Ville et l’État, Mitterrand s’est préalablement assuré, le 11 février 1982 auprès du maire de Paris, Jacques Chirac, de l’accord de la municipalité. Inquiet du coût de ce programme, ce dernier fera néanmoins remarquer que « le chef de l’État a, pour Paris, une série de projets qui recoupent très largement les préoccupations de la Ville [1] ». Et pour cause, la géographie des « Grands projets » épouse, pour l’essentiel, les contours du programme de réhabilitation de l’Est parisien.
« Si on disait qu’il y a un style MITTERRAND, je serais flatté, mais il n’y en a pas. J’ai un certain goût pour les formes géometriques, pures. La Géode, l’Arche de la Défense correspondent aux formes pures et simples qui me plaisent plus que les autres…dans mon adolescence, je me suis beaucoup promené dans Paris, je rebâtissais. » François Mitterrand – 1988
Les vœux du président prendront rapidement forme. Ministres et conseillers ont pour mission de faire vite : le choix des sites, celui des architectes, mais surtout les modes de financement doivent être entérinés avant les élections législatives de 1986. Le retrait du président en cas de victoire de l’opposition n’est pas exclu et la droite a déjà fait savoir qu’elle différerait la mise en œuvre de certains chantiers. Les exigences du calendrier, comme la volonté de François Mitterrand d’imposer sa marque dans l’esthétique générale des « Grands projets », ont alors compromis le caractère démocratique des consultations – lorsqu’il y en eut. (…)
[1] Cité par François Chaslin, Les Paris de François Mitterrand, Paris, Gallimard, 1985.
Retrouvez l’intégralité de cet article au sein d’archiSTORM #84, maintenant disponible en kiosque !
De Nantes aux berges de la Seine, en passant par le boulevard Raspail, les récents projets proposés par l’agence de Franklin Azzi sont comme un subtil assemblage d’inspirations tissées entre image, musique et mode. Le collage est élevé au rang d’art de la conception, jouant de juxtapositions improbables, d’enchaînements et de mixages qui ouvrent une voie à la création de reprises et de surprises.
Une belle agence dans le centre d’affaires parisien, quartier de l’industrie et de la confection textile. Empruntant le vocabulaire des couturiers et des tailleurs, collage, empiècement, structure, assemblage, uniforme, coupe, la musique se raconte par les mots qui sont aussi ceux de l’architecture de Franklin Azzi.
Longtemps nourri par les sons qu’il écoutait ou ceux qu’il jouait, il tisse les liens entre composition architecturale et fluidité musicale d’une réflexion qui chevauche les courants autant qu’elle les mixe. Ces collages musicaux sont un écho aux propositions architecturales de l’agence où la création relève d’un style fait d’hybridation. Grandmaster Flash exhumait le son des origines pour en faire des scratchs et des boucles, Azzi prélève et rejoue aussi en mélangeant les genres.
« Rénover des bâtiments des années 60, c’est comme réinterpréter des morceaux »
Dans une relecture du bâtiment de Pierre Duffaut, boulevard Raspail, il revalorise la structure originelle par une peau musicale légère. Elle évoque une portée où les croches, les noires et les blanches donnent un nouveau rythme à la forme imposée. Franklin Azzi ne part plus d’une feuille blanche. Il impose une tonalité, une couleur, où basse et batterie sont les bases rappelant « Never as Tired as when I’m Waking Up » de LCD Sound System qui pose les fondements d’une reprise. Transformation, pérennité des ruines, le concept est là.
L’inspiration raconte les histoires culturelles de notre société. Franklin les customise et les sample pour trouver une forme minimale. Alléger, voilà une autre manière d’envisager la technique ; d’habitude cachée, elle devient pour lui un ornement architectural, une forme d’économie qui propose un décor mis à nu comme le jouaient les punks. Sans envie de plaire et sans décor, il préfère aller à l’essentiel. Du Clash de London Calling, Azzi aime aussi les choix vestimentaires qui donnent à comprendre l’identité d’un genre ou l’appartenance à un mouvement ,« les parallèles sont multiples, avec Kraftwerk on voit que c’est un courant global, qu’on ne peut pas les dissocier ». Mais Franklin aime plus encore la chaleur de la pop, la dimension sensible de l’ornement qu’il associe à l’échelle humaine du décor des cathédrales, de l’artisan qui laisse sa trace. Il retrouve cette présence dans la musique baroque de Bach ou de Purcell autant que dans le costume à paillettes de Prince qui danse sur « Baby I’m a Star ». L’origine de cet attrait du détail et de l’image qui fait rêver se retrouve dans les pochettes de 33 tours. Prendre le temps de regarder Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, Electric Ladyland de The Jimmy Hendrix Experience ou celle de Led Zeppelin IV, il y a tant à découvrir… Tellement plus que dans le carré de plastique d’un CD. Que dire du téléchargement d’un mp3…
…Retrouvez l’intégralité de cet article au sein d’archiSTORM #84, disponible en kiosque !
AGENCE RDAI ARCHITECTURE
INTERVIEW
ARCHITECTES ASSOCIÉS : NICOLAS KARMOCHKINE ET DENIS MONTEL
Selon vous, quel est l’esprit des lieux sur ce site suburbain à composante industrielle ? De quelle manière avez-vous abordé ce projet complexe ?
Nicolas Karmochkine : Les ateliers de maroquinerie de la société Hermès étaient implantés sur ce site depuis 1992. Comme bon nombre de villes de banlieue, Pantin avait une tradition artisanale et industrielle, avec notamment la sellerie et l’automobile. Quand nous avons entrepris le projet en 2007, ce territoire avait amorcé sa mutation. Sur cet îlot, Hermès utilisait déjà une dizaine d’ateliers, et d’anciens entrepôts et garages, comme lieux de stockage, production et exposition, les signes d’une transformation en cours.
Denis Montel : Le tissu industriel appelant une échelle urbaine forte, cet immense îlot a nécessité la création d’une rue qui a permis de le redimensionner.
N.K. : Aujourd’hui, l’îlot, déterminé par ses deux rues (Hoche et Auger) et cette voie piétonne créée dans le cadre de la ZAC, apparaît très découpé, à cause des nombreux immeubles de logements et des copropriétés existants.
D.M. : En fait, il existe une typologie variable.
N.K. : C’est à partir de cette typologie de parcellaire mixte, que nous avons abordé le projet. Pour réunir ces diverses parcelles, Hermès a engagé le dialogue avec les propriétaires, dans le but de constituer un foncier respectant ce parcellaire en lanière. Ce dernier est devenu une espèce de leitmotiv sur le plan des alignements sur rue et des accroches en mitoyenneté, en rapport avec les typologies particulières d’immeubles, de villas et de maisons de ville du site. Si l’habitat domine, la mixité, toujours existante, passe par la Cité des Métiers Hermès qui forme le tissu artisanal. Qu’en est-il de l’insertion urbaine de l’opération, dans un quartier en pleine requalification ?
D.M. : La commune souhaitait redynamiser l’accès à son centre. Et cette opération, qui fait partie de la ZAC, participe de cette volonté de revitalisation.
N.K. : Dans cette ZAC presque achevée, s’inscrit une place de marché qui, située devant un des bâtiments de la Cité, accueille, deux fois par semaine, un marché forain apportant un côté festif au lieu.
D.M. : Requalifier cet îlot suppose de recréer des fronts, retrouver des alignements et des gabarits, afin de redessiner un profil urbain au cœur d’un îlot de forme complexe et morcelée. L’intérieur de l’îlot a été vidé de ses nappes de toitures et nous avons construit sur ses limites, en créant un vide, où s’enchaînent cinq jardins dessinant un espace vert continu d’un hectare environ qui sert d’espace d’agrément pour les riverains. Ce vide assure ainsi une liaison physique entre les différents édifices d’Hermès.
N.K. : La complexité du projet vient de l’intérieur de cet îlot que l’on a cherché à hiérarchiser, en créant des jardins organisés, selon une composition ordonnée. Nous avons conçu quatre bâtiments assez dissociés les uns des autres, dans leur usage, fonctionnement et structure. A l’image de la maison de banlieue, chaque édifice bénéficie d’une relation à la rue et à son propre jardin. Et nous avons décliné les matériaux et les mises en oeuvre, en s’en inspirant, tout en les réinterprétant.
Retrouvez l’intégralité de cet interview au sein de l’ouvrage CITÉ DE MÉTIERS HERMÈS – RDAI ARCHITECTURE de Carol Maillard – Collection L’Esprit du Lieu – Architecture disponible en librairie !