ARCHITECTURE 3.0

DIGITAL, MULTIMÉDIA, VIRTUEL AU SERVICE DE L’ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME

 

Implanté au cœur d’un ancien bastion militaire construit au XIXe siècle sur les hauteurs du Havre, le Tetris entretient par le biais de son imbrication architecturale et de sa programmation hybride un rapport renouvelé entre patrimoine et modernité dans lequel la culture numérique se découvre un vrai rôle de passeur. Petit tour des lieux à l’occasion du programme estival Exhibit !

Quand on entre dans l’enceinte du Fort de Tourneville au Havre, on est immédiatement surpris par le bâti moderne qui occupe une partie du terre-plein de l’ancienne place-forte militaire. Imbriqués les uns dans les autres, des containers en cohorte se dressent comme un ultime rempart articulé au cœur des fortifications et indiquent qu’il se passe ici quelque chose de forcément un peu plus indiscipliné que de nature.

Inauguré en 2013, le Tetris est une structure portée par l’association Papa’s Production, spécialisée au départ dans la production d’évènements musicaux et qui après vingt ans d’itinérance, a investi une partie de ces lieux qui ont été désaffectés, rachetés par la ville du Havre puis laissés pendant des années à une sorte de laisser-aller alternatif. Tout en s’inscrivant dans cet esprit bigarré – plusieurs ateliers d’artistes, associations et studios d’enregistrement occupent toujours le lieu aujourd’hui de manière conventionnée, mais également les archives municipales de la ville – , elle a choisi de bousculer le désordre établi de l’endroit en élaborant dès 2010 le projet du Tetris et son architecture de containers, projet dont elle a intégralement porté pendant trois ans la maîtrise d’ouvrage, une première revendiquée en France pour une association !

Devenu aujourd’hui Scène de Musiques Actuelles, le Tetris s’ouvre désormais de plus en plus à une culture numérique qui participe plutôt bien à la nature hybride du lieu et à son agencement. « La culture numérique est entrée par la petite porte dans le projet artistique de notre association. On s’y intéressait, elle nous attirait, mais sans vraiment parvenir à le formaliser », explique Franck Testaert, président de l’association et directeur du Tetris.  « Au départ, il y avait la volonté d’être en prise avec la technologie et le monde tel qu’il évolue. Mais au-delà de notre appétence pour les cultures DIY (« Do It Yourself »), issues de l’underground et du « bidouillage », on s’est vite aperçu de toutes les portes qu’ouvrent les technologies numériques dans la création artistique. »

L’association s’est également rendu compte que la création numérique s’inscrivait aussi très bien dans les principes d’économie sociale et solidaire portés par le lieu. « Quand on parle d’ouverture culturelle, de mixité des publics, de décloisonnement, on pense en effet ici que toute la palette de projets, d’œuvres et de créations qu’offrent les arts numériques peuvent permettre de s’ouvrir à un public encore plus large, de réduire la fracture numérique et de créer du lien », poursuit Franck Testaert. Une réflexion qui tombe sous le sens quand on observe au milieu du terre-plein les gens déjeunant dans le Superfort, une structure ouverte en bois aux formes striées accueillant tables, chaises et four à pain, construite via un chantier participatif. (…)

Le Tetris © Laurent Catala

 

Texte : Laurent Catala
Visuel à la une : Tetris EX © Patrick Galais

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