AR(T)CHITECTURE

REGARD TRANSVERSAL ENTRE ART ET ARCHITECTURE

 

L’artiste français, résident américain depuis 1976, a fait le choix de revenir dans l’arrière-pays niçois dont il est originaire. Le moulin des Serres, architecture bucolique en bord de la Nartuby, accolé à une ancienne usine, lui sert depuis 1989 l’espace à vivre et d’atelier où entreposer et tester ses imposantes sculptures enchevêtrées en acier Corten. La Fondation créée en 2014 est installée dans un immense parc de sculptures jalonné par une fascinante installation de James Turrell et l’inédite chapelle conçue par Frank Stella.

Vue intérieur du moulin avec la collection © Venet Foundation

Ouverte aux amateurs passionnés jusqu’à fin septembre sur réservation, offre l’une des rares occasions de découvrir des œuvres d’artistes majeurs de la scène artistique américaine des années 1960 en mains privées. Cette exceptionnelle collection constituée à travers le temps témoigne de l’affection entretenue par des rapports épistolaires entre artistes d’une même génération – On Kawara lui enverra sa série de cartes postales I got up at… 1 December- 31 December 1969. La collection n’en a pas encore le nom que Venet multiple les achats (Dan Flavin), les commandes (Plan for Bernar Venet de Sol LeWitt Relâche Venet par Morellet, 1995), et les échanges (Morris, Motherwell, Mosset). Tout récemment il s’est entendu avec l’artiste arte povera Jannis Kounellis pour obtenir une oeuvre qui fait écho à l’une de ses premières réalisations radicales (Tas de charbon, 1963).

C’est grâce à la vente d’une pièce d’Arman que Venet part le rejoindre à New York et y rencontre la scène artistique minimaliste et conceptuelle. À son contact,l’artiste français abandonne la désintégration matérielle à l’oeuvre dans ses cartons contrecollés aux couleurs laquées. Il compose des installations à partir de tubes biseautés surmontés d’un descriptif avant de se résoudre à ne porter sur la toile que la reproduction de schémas mathématiques (formes moléculaires, paraboles de la fonction sur toile), des représentations graphiques de problèmes, diagrammes (Reading in mathematical social science, 1969). Sans commentaire, les œuvres sont incontestables. L’usine du Muy présente actuellement quelques-unes de ces oeuvres sur toile transformées en simple transmission d’informations.

Mais Bernar Venet est un artiste de la rupture. Il opère une première interruption des diagrammes et autres signes mathématiques, en 1971, pour les « lignes mathématiques déterminées » puis « indéterminées » à partir de 1976. De l’esprit cartésien, il évolue vers les terres vierges du non-géométrique. Venet développe d’immenses arcs de cercle en acier Corten, juste maintenus par des fondations de béton comme pour ces deux grands arcs sur la place d’Armes du château de Versailles (86,5° Arc × 16) en 2011. Leur particularité, comme le souligne Catherine Millet, contrairement à ceux des architectes, est de reposer sur le sommet. (…)

Texte : Alexandra Fau
Visuel à la une : Vue de la galerie en 2009 © Venet Foundation

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