Saviez-vous que le MAC VAL est le seul musée d’art contemporain entièrement consacré à la création française du moment ?

Est-il un musée au sens figé ou sacré du terme ?

Car ici, l’on y danse et l’on y papote !

On y débat aussi, on bouge d’intérieur en extérieur et vice-versa, on y étudie, on y réside même, on y apprend, on y conserve, on y déploie, on s’y attarde, on y regarde, on y écoute, mais encore ?

Singulier, situé à Vitry-sur-Seine dans le département du Val-de-Marne, inauguré en 2005, le MAC VAL est né de la création des FDAC en 1982. Ces fameux fonds départementaux d’art contemporain, issus de la politique de décentralisation des années Mitterrand, avec la création de nouveaux conseils départementaux permettant à l’art d’aujourd’hui d’être présent dans chaque département de France. La particularité du MAC VAL ayant été, à l’initiative du département, de créer un lieu permettant d’exposer les collections, de le construire et de le faire vivre.

Le projet architectural fut confié à Jacques Ripault (1953-2015), figure majeure de l’architecture française dans les années 1990 et 2000. Les travaux de son atelier exposés tour à tour à Venise, Florence, Bergame ou encore Pékin témoignent de la résonance de son architecture. Ce virtuose de l’espace et de la lumière aimait dire que « l’architecte ne doit pas se borner à suivre la commande, mais toujours rechercher les espaces de liberté ». Si tout finit par passer, c’est ce qu’il a laissé ici. Un merveilleux outil pour l’art, baigné de lumière, parfois même un peu trop au regard de la conservation des œuvres. Mais jamais trop lorsqu’il s’agit de révéler la création. Une architecture qui sert l’œuvre et non l’inverse.

Aujourd’hui est venu le temps de l’après-Covid, ce temps où, après une longue et douloureuse fermeture, le MAC VAL retrouve cette liberté incarnée, avec sa réouverture et l’arrivée de la nouvelle ligne T9 du tramway place de la Libération, au pied du parvis du musée, chantier urbain mené tambour battant par la Région Île-de-France. Le nouveau flux de la ligne 15 du métro est attendu, lui, pour 2025-2026.

Dignes de cet élan retrouvé, sous le regard particulièrement attentif du nouveau directeur Nicolas Surlapierre, les trois expositions du moment ont été inaugurées le 3 février dernier.

Histoires vraies est une exposition collective montrant les œuvres d’une quarantaine d’artistes, ouverte depuis le 4 février. Elle prendra fin le 17 septembre 2023. Basée sur l’idée que « tout est fiction, le réel étant superposition, feuilletage tissé d’histoires diverses et variées, en s’attachant cette fois moins aux effets d’aller-retour entre l’art et le monde qu’aux approches parallèles des réalités », elle expose une quarantaine d’artistes, de toutes les générations : Aletheia (Hugo Dumont, Anthony Vernerey), Alexis Foiny, Alice Brygo, Anaïs-Tohé Commaret, Anne Brégeaut, Anne-James Chaton, Aurélie Ferruel et Florentine Guédon, Aurélien Mauplot, Collectif 1.0.3, Esther Ferrer, Étienne Charry, Farès Hadj-Sadok, Hippolyte Hentgen, Jean-Charles de Quillacq, Jordan Roger, Katia Kameli, Kenny Dunkan, Kent Monkman, Laura Bottereau et Marine Fiquet, Marie Losier, Mary Sibande, Mehryl Levisse, Olivier Nottellet, Pejvak, Regine Kolle, Romain Kronenberg, Sam Moore, Sebastien Loghman, SMITH, Suzanne Husky, Sylvie Ruaulx, Véronique Hubert, Vincent Volkart, Virginie Barré, Yan Tomaszewski, Youri Johnson.

Retenons Aurélien Mauplot, qui confronte dans une image cohérente et puissante hyperréalisme et picturalité, matières à réfléchir sur la fonte des glaces, Étienne Charry, lequel nous entraîne dans sa spirale « dédalique » entre féminin et masculin, mode et architecture, dans une temporalité distendue d’un quotidien tant ordinaire que superfétatoire, jusqu’aux méandres temporels ou non de nos spiritualités culturelles. Laura Bottereau et Marine Fiquet traversent une oreille quasi « prothésique » avec une fleur d’iris presque fanée, interrogeant par là même notre nature éphémère et notre capacité à entendre : un tympan percé par une fleur ? Romain Kronenberg, SMITH et Véronique Hubert nous emportent avec du noir, du blanc ou encore des gris ésotériques, avec un coussin rouge sang et frais pour ce qui est de la note féminine !

Romain Kronenberg © Adagp, Paris 2023

Les actualités de la collection sont, elles, relatées dans les deux autres expositions temporaires.

Rose is a rose is a rose, explicite, réunit une sélection de 23 estampes commandées par le Département pour La Roseraie du Val-de-Marne. Exposée dans l’espace du salon, elle est visible jusqu’au 14 mai 2023. On y retrouve par exemple le nom de Claude Viallat, mais aussi Martine Aballéa, Valerio Adami, Dove Allouche, Raphaël Barontini, Carole Benzaken, Jean-Pierre Bertrand, Mark Brusse, Ali Cherri, Delphine Coindet, Mario D’Souza, Nicolas Floc’h, José Gamarra, Cat Loray, Lahouari Mohammed Bakir, Roman Moriceau, Eva Nielsen, Pavlos, Sarkis, Anne Slacik, Valérie Sonnier, Patrick Tosani, Jean-Luc Verna.

Paraboles, dans l’espace de la mezzanine, « met en lumière un ensemble d’œuvres, pour la plupart récemment acquises par le MAC VAL. Elles sont liées entre elles par des thématiques telles que le récit, l’écriture ou encore la représentation. À travers les œuvres exposées [signées Raphaël Boccanfuso, Pierre Buraglio, Angelika Markul, Chryssa Romanos, Thibault Scemama de Gialluly, Jacques Villeglé] le visiteur est ainsi amené à s’interroger sur la façon dont les images et l’histoire peuvent être utilisées et modifiées, ou encore sur les pratiques de réécriture et d’effacement. »

Un don fait au musée par le collectionneur Hervé Acker est aussi visible sur cette mezzanine. On y croise les œuvres d’Ange Leccia, de Jean-Luc Vilmouth, de Philippe Perrin et encore du collectif IFP. Toutes datées des années 1980, elles témoignent de pratiques artistiques hétérogènes et pourtant centrées sur une même volonté d’interroger le rôle de l’œuvre d’art, son statut, son exposition au public.

Tandis qu’au sous-sol, les réserves abritent pas moins de 2 500 œuvres, prêtes à ressurgir. Car cette collection continue de s’enrichir au fil du temps, non pour constituer une exposition permanente, mais pour nourrir les expositions thématiques qui montrent les nouvelles acquisitions, avec agilité, vivacité, dans un esprit très vivant. Si l’œuvre est création à part entière, elle résonne avec les autres œuvres, avec le lieu, lui-même propice à la création.

Laura Bottereau & Marine Fiquet Photo © Bottereau & Fiquet

Le grand auditorium permet de décliner toutes sortes d’événements : rencontres, performances, colloques, concerts, projections et rencontres vidéo. Focus sur le 25 mars 2023, où, dans le cadre des Courts sur l’art, deux films de Christophe Loizillon sont projetés, l’un sur Roman Opalka, l’autre sur Eugène Leroy. Rappelez-vous, dans les années 1980-1990, ce réalisateur tournait une série de courts métrages, portraits d’artistes, imbriquant de manière intimiste, avec rigueur, le travail en atelier et la vie d’artiste captés sur le vif.

Pour marquer le début des vacances d’été, le 2 juillet 2023, le MAC VAL proposera la cinquième édition de son Picnic pour rassembler voisines, voisins et partenaires du territoire, occasion d’ouvrir sur le jardin Michel Germa, parc départemental de 10 000 m2 qui l’entoure. Dessiné par le paysagiste Gilles Vexlard dans un esprit minimaliste, avec respect de la mémoire, dans un langage géométrique, il est agrémenté de sculptures, issues de la collection du musée, des artistes Christian Boltanski, ou encore Julien Berthier, Mauricio Pezo et Sofia Von Ellrichshausen, Eugène Dodeigne, Sara Favriau, Didier Marcel, Nøne Futbol Club, Alain Séchas, James Webb.

Entre ces événements du dehors et du dedans, le restaurant, impatient d’ouvrir de nouveau, est garant de la convivialité. Tandis que, dans le plus grand calme, les visiteurs du centre de documentation viennent se sustenter de la richesse du fonds documentaire principalement constitué de livres sur les artistes. Tout ce dont les artistes en résidence peuvent se nourrir, surtout lorsqu’ils sont en exil.

Hors les murs sont organisés des visites, des parcours. En ateliers ou en visites, dedans ou dehors, nous sommes tous invités au MAC VAL, petits ou grands, personnes en situation de handicap, dans les ateliers MACADO, ou dans les créations croisées, avec en support tous les relais socioculturels et la langue des signes française. À noter, depuis 1991, le Département du Val-de-Marne passe commande chaque année d’une estampe à l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Le tirage no 1 entre dans la collection du MAC VAL et une affiche, tirée de cette estampe, est offerte au public.

Ainsi, si le MAC VAL consigne la création contemporaine, il se renouvelle sur lui-même dans une mise en abyme. À la manière du « cinéma dans le cinéma », de « peinture-peinture », ici, la création s’invite dans l’œuvre.

Texte : Anne-Charlotte Depondt
Visuel à la une : Photo © Marc Domage

— retrouvez Au MAC VAL, RESPIRE, à l’occasion d’une promenade ARtCHITECTURALE ! dans Archistorm 119 daté mars – avril 2023 !