ART ET ARCHITECTURE

DAMIEN HIRST À LA FONDATION CARTIER
CERISIERS EN FLEURS
DU 6 JUILLET 2021 AU 2 JANVIER 2022

2021 est l’année du retour à la peinture de l’artiste star Damien Hirst. Si l’Anglais est connu pour ses installations ironiques et sa cote élevée, il n’en est pas à sa première tentative picturale. À la Fondation Cartier et, comme le titre de l’exposition l’indique, il déploie un panorama de peintures immenses de cerisiers en fleur au cœur de l’architecture de Jean Nouvel. À partir du 6 juillet 2021, comme pour prolonger le printemps.

« Les Cerisiers en fleur parlent de beauté, de vie et de mort. Elles sont excessives, presque vulgaires. […] Elles sont ornementales, mais peintes d’après nature. […] Les Cerisiers en fleur sont tape-à-l’œil, désordonnées et fragiles, et, grâce à elles, je me suis éloigné du minimalisme pour revenir avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural. »

Pour sa première exposition dans une institution française, Damien Hirst dévoile une nouvelle série de 30 tableaux, agencés seuls, en diptyques, triptyques, quadriptyques et même dans un assemblage de huit toiles.

View from Damien Hirst’s studio Photograph by Prudence Cuming Associates. ©Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved, DACS 2021

L’artiste est connu pour avoir été le leader des Young British Artists (YBA) qui opéraient dans les années 1990. Dès ses débuts, en 1986 avec la série Spot Paintings, par exemple, il s’inspire de la peinture des expressionnistes abstraits. Ce vaste ensemble avait été conçu comme une série sans fin et dénombre aujourd’hui plus de 1 000 tableaux. Ces peintures sont mathématiquement animées de points de couleur ordonnés en grille, comme des nuanciers créés par une machine. Plus récemment, en 2016, Damien Hirst évoquait au sujet de sa nouvelle série de peintures Colour Space la dimension gestuelle que l’on retrouve dans Cerisiers en fleur : « À l’origine, je voulais que les taches aient l’air d’avoir été peintes par un humain essayant de peindre comme une machine. Colour Space revient à l’élément humain, de sorte que l’on retrouve la faillibilité de la main humaine dans les coulures et les incohérences. […] Je les vois comme des cellules sous un microscope[1]. » Les fleurs des cerisiers qui envahissent la Fondation Cartier sont également infiniment cellulaires. Ces parcelles de couleurs juxtaposées ne sont pas sans évoquer les grands mouvements artistiques des XIXe et XXe siècles, notamment les travaux des pointillistes ou les drippings de Jackson Pollock. Le thème de l’arbre que l’artiste aborde comme sujet de vie et de mort porte les réminiscences de l’œuvre de Paul Signac ou encore de Georges Seurat. Non moins narratif, mais certainement plus abstrait, Damien Hirst nous plonge dans une vue au microscope. Sa végétation se caractérise par un foisonnement de couleurs et un agencement très gestuel qui s’éloigne du minimalisme qu’on lui connaît.

À l’occasion de l’exposition, plusieurs films ont été réalisés en collaboration avec Damien Hirst. Un moyen métrage et une vidéo tournée en 360 degrés nous font découvrir l’intimité de l’atelier de l’artiste dans son studio londonien.

The Triumph of Death Blossom, 2019 Photographed by Prudence Cuming Associates. © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved, DACS 2021

[1]. Site de la galerie Gagosian : www.gagosian.com/exhibitions/2018/damien-hirst-colour-space-paintings/ (Traduit de l’anglais.)

Texte Camille Tallent
Visuel à la une Damien Hirst, 2019 © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved, DACS 2020

Retrouvez l’article sur Damien Hirst à la fondation Cartier dans Archistorm daté Juillet Aout 2021