LES NOUVEAUX MÉTIERS DE L’ARCHITECTURE

 

En marge des rôles immuables de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre et de leurs partenaires habituels, opère une ingénierie polymorphe, attentive au cycle de vie du domaine bâti comme à sa valeur économique : l’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour l’environnement. Qu’en tant qu’AMO elle soit chargée de profiler les propriétés d’usage de bâtiments ou de définir un éco-système, une palette de métiers se révèle dans le flux des réalisations.

La Seine Musicale, Boulogne-Bilancourt. Shigeru Ban, Jean de Gastines, architectes.

 

Recoudre l’écosystème de la vallée de la Seine « La Seine Musicale » :
végétalisation de la toiture des équipements

Île Seguin, Boulogne-Billancourt
PPP, Shigeru Ban, Jean de Gastines, architectes, ELAN, écologue du projet, AMO environnement

« Il est plus facile d’éviter que de corriger ! » Carole Peureux-Poirier, ingénieur écologue.

Dès la phase de concours, les écologues d’ELAN ont apporté leur analyse du site au programme d’aménagement urbain et architectural. Sont concernés les enjeux de biodiversité d’un corridor biologique majeur, la Seine, avec ses berges encore naturelles et les coteaux de Meudon : des « milieux » ont été préconisés, avec des « objectifs faune » liés au contexte et aux conditions de biotopes créées principalement autour des oiseaux, mais aussi des insectes (orthoptères, papillons, pollinisateurs). Le projet de végétalisation associe le génie écologique aux techniques d’espaces verts et de confortement de berges, pour des pentes atteignant 76° ; celles-ci ont été validées par une ATEx (appréciation technique d’expérimentation). Ainsi la couverture végétale peut-elle se développer en continu sur la majeure partie du complexe. Le label BiodiverCity a été obtenu en phase DCE (dossier de consultation d’entreprise). La conformité du projet, désormais confiée aux mains de l’entretien, sera vérifiée à la réception finale.

« Le but recherché est que s’installe durablement un milieu en équilibre avec le sol, l’environnement biologique, les usages et la gestion (les méthodes d’entretien), et bien sûr ici les contraintes de sécurité et d’image du bâtiment, avec une part d’incertitude du résultat “biocénotique” (communautés végétales et animales) », Carole Peureux-Poirier, ingénieur écologue.

 

55, rue d’Amsterdam, Paris. Elisabeth Naud, Luc Poux, architectes

 

Requalifier le tissu haussmannien
« 55 rue d’Amsterdam »

Bureaux Gecina, 12 350 m², espaces de réunion et d’exposition, cours et terrasses végétalisées.
Certifications BiodiverCity, Breeam (commissioning Arp-Astrance), HQE, Leed, Well ; label Effinergie BBC Rénovation. Livraison mars 2017. ENLP architectes (Élisabeth Naud, Luc Poux), Natalia Godlewska, chef de projet, GreenAffair AMO environnement.

Dans les années 70, les volumes d’un bel immeuble des années 30 sont saccagés par une restructuration. La tâche impartie à l’agence ENPL, et vérifiée jusqu’à la livraison par le bureau GreenAffair, est la réhabilitation de l’immeuble pour lui redonner sa valeur. Libérer les plateaux, la lumière, le confort, maîtriser ses dépenses énergétiques, végétaliser cours et terrasses : cette réalisation sera exemplaire pour l’investisseur dans une concurrence internationale. Les certifications internationales apportent des transcriptions de l’utilité du bâtiment et de sa valeur tout au long de son cycle de vie, codifiées de manière intelligible pour des partenaires de culture française, nord-américaine ou anglo-saxonne. Les certifications n’innovent pas en termes de contenu, observe Luc Poux : « La prise en compte du bien-être des usagers, de l’insertion dans l’environnement, de l’économie des ressources locales, Alberti l’énonce à la Renaissance ! » (De re aedificatoria, 1452).

Objectif atteint : un entre-deux-guerres revitalisé sans pastiche, le projet a dû jongler avec la conformité et ses interdits.

 

Texte : Jean-Pierre Cousin

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