La chapelle Sainte-Madeleine-Sophie-Barat est élevée entre 1939 et 1942, selon les plans de l’architecte Charles Venner, auteur de nombreux édifices religieux construits à Paris et ses banlieues nouvelles pour le compte de l’Œuvre des Chantiers du Cardinal durant les années 1930.

L’édifice, situé avenue de la Liberté à Charenton-le-Pont, dans le Val-de-Marne, est construit sur l’ancien site du château de Conflans, à l’abandon et détruit à partir des années 1920 afin de bâtir un nouveau quartier. La chapelle jouxte l’ensemble d’habitation bon marché Bobillot inauguré en 1934.

L’ensemble bâti comprend une chapelle et un presbytère, ainsi que quelques adjonctions réalisées au fil du temps pour répondre à des situations urgentes. La chapelle d’origine, de plan rectangulaire, est revêtue d’un parement de briques rouges rehaussé de corniches blanches et couverte d’une toiture en tuiles. Des ouvertures terminées par des arcs en mitre ponctuent l’édifice dont le porche se démarque par un portail avec voussure en plein cintre et un tympan de mosaïque.

Racheté par Emmaüs Habitat en 1972 sous l’impulsion de l’abbé Pierre, l’édifice désacralisé accueille dès lors un lieu de vie communautaire. Cette entreprise sociale pour l’habitat gère quelque 14 500 logements sociaux en Île-de-France et œuvre pour leur production et leur rénovation.

Servant d’abord d’entrepôt pour l’association Boîtes de lait, puis de salle des ventes, des logements sociaux y sont ensuite progressivement installés. En 2018, Emmaüs Habitat et l’agence tectōne entament un projet de réhabilitation de l’ensemble devenu vétuste. Ainsi, l’édifice qui n’avait jamais connu de campagne de restauration, fait l’objet, entre 2020 et 2022, d’une restructuration complète selon un projet visant à pérenniser ses vocations d’accueil et d’insertion. La mission consiste en l’assainissement des bâtiments, la rénovation et la mise aux normes des édifices principaux, parties communes et habitats, et comprend la création de surfaces supplémentaires dédiées aux logements communautaires.

(c) CyrilleLallement

À l’arrière de la chapelle, les agrandissements successifs encombraient la cour. La suppression de ces constructions adjointes au bâtiment d’origine permet d’apporter une lisibilité aux espaces en dédensifiant la parcelle, qui bénéficie d’une cour extérieure aménagée.

Les volumes et l’esthétique initiaux de la chapelle ont été retrouvés à la suite des premières opérations de curage, de désamiantage et de dépose. La brique rouge nettoyée a retrouvé son lustre. Les ajouts contemporains se distinguent par un revêtement métallique en zinc, contrastant avec le parement rouge de la chapelle d’origine.

Dans l’ancienne nef restaurée, l’espace de 267m² découpé en cinq travées abrite une salle de ventes et un espace de collecte des dons. Les déposes et les opérations de restauration dévoilent les volumes et participent à la mise en valeur des mosaïques ou encore des fenêtres. La transformation de la mezzanine préexistante permet de dégager sur toute leur hauteur les ouvertures triangulaires d’origines en partie entravées. Les châssis démontés ont été remplacés par des menuiseries en bois clair.

Une surface supplémentaire naît de la suppression de la charpente et de la mise en place d’une surélévation, émergeant du toit. La chapelle en grande partie découverte de sa toiture à deux pans est surélevée sur quasiment toute sa longueur. La partie conservée au niveau du porche a été restaurée. La surélévation reprend la forme de la toiture d’origine, mais s’en démarque par ses matériaux. La charpente, de structure légère en acier et en bois, est abritée par une couverture en zinc. Montée sur 2,10 mètres de haut, elle loge un niveau de plancher additionnel. Dix logements sociaux y sont aménagés afin de compenser les mètres carrés démolis.

Pour ne pas bouleverser la vision de la façade d’origine depuis l’avenue de la Liberté, cette seconde toiture est placée en retrait de 30cm par rapport aux murs latéraux et de 2,50 mètres par rapport à la façade historique élevée plus en amont.

L’accès vers les logements, installés sous combles au deuxième et dernier étage de la chapelle, se fait par l’extérieur, via un large escalier en colimaçon en zinc accolé à la façade arrière du bâtiment, également habillé d’un parement de zinc.

À l’arrière de la parcelle, l’ancien presbytère, pavillon situé en fond de cour, a été réhabilité en hébergement afin d’accueillir huit personnes supplémentaires et une salle polyvalente principalement dévolue à la prise des repas. Les murs extérieurs donnant sur la cour ont été recouverts d’enduits clairs.

Les studios individuels sont répartis sur deux niveaux et l’étage donne aussi accès à une terrasse aménagée.

Texte : Cléa Calderoni
Visuel à la une : Photo © Cyrille Lallement

— retrouvez l’article sur la Réhabilitation de la chapelle Sainte Madeleine-Sophie Barat, Charenton-le-Pont, tectōne dans Archistorm 120 daté mai – juin 2023 !