Depuis 1973, le groupe Serge Ferrari conçoit, développe et fabrique des toiles composites innovantes pour des applications d’architectures légères et d’aménagements extérieurs. Une recherche permanente de l’excellence qui lui permet de maîtriser toutes les technologies entrant dans la production de matériaux composites souples, performants et particulièrement dédiés à l’enveloppe du bâtiment.

Sur quels marchés stratégiques travaillez-vous et en quoi votre maîtrise technologique vous permet-elle de produire les matériaux de grande qualité que l’on vous connaît ? Je pense en particulier à votre technologie brevetée PRÉCONTRAINT.

Nos marchés stratégiques sont les Infrastructures sportives, type couvertures de stades ou arènes multisports, mais aussi équipements sportifs de proximité (courts de tennis, salles polyvalentes), pour des enveloppes de bâtiments offrant le confort de la lumière naturelle tout en étant isolés afin de répondre aux exigences de la RE 2020. Et les Infrastructures de transports : toitures de gares ou plateformes d’échanges multimodaux, dans ces applications de bâtiments non clos. Là, ce sont la capacité de la toile à réaliser des grandes portées libres et son apport de lumière naturelle ou de transparence qui sont déterminants.
La technologie PRÉCONTRAINT, avec son système de contrôle bidirectionnel du matériau durant tout le processus de production, apporte à la toile une durée de vie renforcée grâce à une protection supérieure en crête des fils, une stabilité dimensionnelle pour une parfaite adéquation aux études techniques, et une homogénéité et une régularité du matériau pour plus de sécurité.
Nous avons aussi les composites Verre/PTFE qui sont la spécialité de notre filiale Verseidag depuis quarante ans, avec un système d’enduction multicouche venant élargir le champ des fonctionnalités des matériaux du groupe Serge Ferrari. Ils apportent des niveaux supérieurs de réaction au feu et une meilleure esthétique dans le temps. La Halle de la Villette est d’ailleurs en cours de rénovation avec ces matériaux.

Centre national de glisse (CCSN) © Wang Mingsheng/Chinanews.com/CNSC

Concernant le secteur spécifique de l’architecture tendue, vous développez des toiles dédiées, là aussi très performantes. Pouvez-vous nous parler notamment de la membrane composite transparente STFE qui est l’une de vos principales nouveautés ?

Le STFE est une vraie rupture technologique puisqu’il apporte à la fois de la transparence et une grande résistance mécanique tout en restant léger. Jusqu’à ce jour, cette transparence était principalement apportée par le verre, qui a bien sûr beaucoup de mérites, mais qui reste lourd et requiert d’importantes structures secondaires porteuses, ou alors par des films type ETFE qui, n’ayant que très peu de résistance mécanique intrinsèque, se mettent en œuvre, soit par des coussins gonflables nécessitant des équipements de soufflerie et des back up, soit par des réseaux très denses de câbles métalliques. Le STFE, étant à la fois structurel et transparent, permet des mises en œuvre en tension sans apport de soufflerie, qui allient légèreté et durabilité. C’est pour cela qu’il a été retenu pour des toitures de gares à Londres actuellement en cours de construction.

À ce propos, vos toiles composites se retrouvent aux échelles nationale et internationale dans de nombreux projets architecturaux. Pouvez-vous me dire quelles sont les installations qui vous semblent les plus notables ?

Nos installations conçues pour les JO de Pékin, le Court Philippe Châtrier de Roland-Garros, ou la toile STFE du Grand Palais Éphémère à Paris sont bien sûr des références notables dans notre parcours. Nous pouvons également citer des réalisations en cours comme le parc Olympique du Caire où nos matériaux ont été retenus sur plusieurs ouvrages, dont Cairo Arena : en toiture, avec un matériau produit « sur mesure » permettant une protection thermique grâce à sa sous-couche opaque et à son traitement faible émissivité ; en façade, avec une grille ajourée permettant une ventilation naturelle salutaire et des formes géométriques originales en grands panneaux complexes.

Stade national de patinage de vitesse (CNSSO) par l’agence Populous © Zheng Fang/Visual China/BIAD/Lu Shiliang/Cai Zhaoyun

Outre leur légèreté et leur souplesse, les toiles composites Serge Ferrari s’inscrivent également dans un principe très actuel de durabilité et de recyclage. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce point particulièrement lié aux questions environnementales ?

Cette légèreté, non seulement dans le matériau composite mais dans tout le système constructif (une économie significative en structure porteuse et en réduction du poids de charpente), permet de réduire considérablement l’empreinte carbone du bâtiment. Plusieurs études de cas sont en cours sur des ACV comparatives de bâtiments complets.
La fin de vie des composites sera quant à elle traitée par un système de dissolution sélective du composite pour faire « réapparaître » les composants d’origine et les utiliser comme de nouvelles matières premières. Le premier démonstrateur POLYLOOP sera opérationnel à l’usine de La Tour du Pin fin 2023 et d’autres unités seront proposées aux acteurs de la profession pour une diffusion de cette technologie au plus près des lieux d’utilisation des matériaux.

Texte : Laurent Catala
Visuel à la une : Toile SFE pour le Grand Palais Ephémère de Paris, réalisé par GL events avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte © Carine Schmitt, Hans Lucas

— retrouvez la réponse d’expert Serge Ferrari dans Archistorm 114 daté mai – juin 2022