REALISATION

57 LOGEMENTS SOCIAUX, SAULX-LES-CHARTREUX PAR N.O.A

Comment penser collectif et social en commune rurale ? Comment graduer l’intimité d’une habitation individuelle ? Confrontée à ces questions dans un environnement politique conflictuel, l’agence N.O.A livre 57 logements dont la sobriété et la justesse de composition devraient adoucir les susceptibilités locales.

Faire accepter des constructions nouvelles dans une commune de moins de 6 000 habitants n’est pas chose aisée. Jean Flégeo, ancien maire de Saulx-les-Chartreux, lâché par une partie de son équipe municipale, puis débarqué à la suite d’élections anticipées en 2016, peut en témoigner. L’objet de la fronde ? Une extension urbaine jugée démesurée, peu compatible avec « l’essence rurale du village », situé à une vingtaine de kilomètres de Paris. « La Zac du Moulin, c’est une des causes principales de notre départ. À l’origine, ce projet immobilier ne prévoyait que 300 logements. Puis c’est passé à 400, et maintenant à 581. Cela représente près de 1 500 personnes supplémentaires », expliquait alors Didier Vivien, ex-élu de la majorité, dans Le Parisien. Ce à quoi Jean Flégeo répondait : « On est bien obligé de construire afin de respecter la loi sur les logements sociaux. »

Créée en 2003, la Zac du Moulin présentait pourtant de nombreux atouts à même de faire consensus : promenades plantées, jardins, sentes, hauteurs construites modérées, habitations individuelles groupées, le tout orchestré par l’AUA de Paul Chemetov. L’opération bénéficiait même d’une petite notoriété inespérée par le truchement de Jean & Aline Harari, qui y réalisèrent 49 logements sociaux récompensés par le prix de l’Équerre d’argent 2016 dans la catégorie Habitat. « Quelques bâtiments mal construits ont probablement changé la perception des élus et de la population », analyse Frédéric Nakache, cofondateur de l’agence N.O.A. D’autres immeubles ont pu paraître hors d’échelle, donc hors sujet, dans ce territoire majoritairement pavillonnaire.

C’est en période de plein chambardement municipal que N.O.A et Immobilière 3F ont tout de même réussi à obtenir leur permis de construire. Le grand mérite des architectes fut de ramener le programme de 47 logements collectifs à une dimension proche de l’habitat intermédiaire. Mot-clé : le morcellement. « Le cahier des charges de Paul Chemetov imposait une implantation en L assez dense en lisière d’un jardin. Au lieu de dessiner un bâtiment de forte épaisseur, nous avons préféré jouer sur les altimétries et les volumétries, explique Fannie Orihuela, cofondatrice de l’agence N.O.A. La hauteur maximale autorisée par le règlement étant fixée à l’acrotère ou à la gouttière, nous avons pu créer des toitures en pente sous lesquelles nous avons logé un niveau supplémentaire, autrement dit l’étage haut des duplex. » (…)

Fiche technique :

Maître d’ouvrage : I3F
Maître d’œuvre mandataire : N.O.A (Nakache & Orihuela Architectes)
Bureaux d’études TCE : LGX Ingénierie
Surface de plancher : 3 794 m2
Coût de travaux : 6,6 M€ HT
Livraison : septembre 2019

Texte : Paul Clément
Photos : Pierre L’Excellent

Retrouvez l’intégralité de la réalisation au sein du daté Mai-Juin d’Archistorm