TRIBUNE LIBRE

AU-DELÀ DU CROQUIS par OLIVIER HERBEZ, ATELIER HERBEZ ARCHITECTES

Ces dernières années, les concours d’architectes, qu’il s’agisse des ImGPs ou des concours locaux, sollicitent toujours plus de visuels, de perspectives ou de vidéos. Le constat de cette surenchère m’attriste quelque peu, me donnant le sentiment, plus que jamais, que tout est question d’image. Mais à trop en produire (pour éblouir), nous pouvons perdre le fil de ce qui nous anime et fait de nous des architectes. Aussi, à travers ma pratique, je cherche à remettre le dessin au cœur de notre métier, ou au moins, avec humilité, à rappeler l’importance du croquis tout au long de la création architecturale.

Les croquis sont indissociables du métier d’architecte. Ils représentent ses idées et font partie de son langage. Ils font naître ses projets et dessinent les villes. Sans être nécessairement figuratifs, ils expriment une intention et reflètent la sensibilité de leur auteur. Les croquis constituent un inépuisable champ d’expérimentation et d’exploration.

Châteaux d’eau, Saint-Germain-en-Laye, croquis du regard, janvier 2020 © AHA

J’accorde une place fondamentale au dessin et prône, au sein de l’agence, la réalisation d’un croquis par jour. Cet exercice permet de conserver l’évolution de chaque idée, chaque intention. Cela enrichit au quotidien la pratique de l’architecture replaçant le dessin au cœur des projets.

Exécuté en quelques instants par la main de l’architecte, le croquis matérialise une idée, un concept, formule une proposition. La matière déposée sur le papier conserve l’empreinte de sa pensée et de sa sensibilité. La ligne est irrégulière. Elle montre le geste, le coup de crayon de son auteur, et révèle ainsi une part de lui-même. Le croquis à la main est une matière première qui vient nourrir un projet. Ce langage universel du croquis nous permet d’échanger et de nous faire comprendre par l’ensemble de nos interlocuteurs.

J’aime à penser que nous avons le plus heureux des métiers du monde : être payés pour dessiner, quel bonheur ! Et je pense qu’il faut, d’une certaine manière, résister aux sirènes de l’informatique lorsqu’il s’agit de produire les visuels de communication présentant nos projets.

Visuel à la une : Façade de la Maison du peuple, Clichy, croquis numérique, avril 2018 © AHA

Retrouvez l’intégralité de la tribune d’Olivier Herbez au sein du daté Juillet-Aout d’Archistorm