OPÉRATION SIGNATURE

Entretien avec François Gillard,
Architecte Associé de l’agence d’architecture SCAU

Pourriez-vous expliquer l’origine de l’îlot respirant ?

Eiffage immobilier Occitanie nous avaient contactés pour une opération dans le cadre d’un concours de promoteurs pour la ZAC de l’Eco-quartier de la Cartoucherie au sein de laquelle les ambitions environnementales étaient fortes. La problématique était de parvenir à créer de la densité en respectant les objectifs écologiques avec comme difficulté d’être une des premières opérations sans contexte existant sur lequel s’appuyer. C’était un bel enjeu dans le cadre des réflexions de l’agence de développer le concept « d’îlot respirant », un îlot qui allie les transparences visuelles, les perméabilités de ventilation naturelle, les rafraichissements adiabatiques de la présence forte du végétal…pour créer un îlot à l’ambiance tempérée où se jouent les ombres et la lumière.

Concrètement comment se traduit le concept à travers le bâti ?

La création de failles verticales a permis à la fois un travail sur l’échelle et sur l’ambiance. Avec les plantations en pots et les grimpantes sur câbles, les failles deviendront dans le temps de véritables jardins suspendus qui donnent accès aux logements. Le découpage vertical des failles permet aussi de créer une échelle de petites tours et d’éviter un « effet barre » qui aurait été particulièrement pathétique pour la façade nord sur parc. Le jeu des altimétries a permis de créer d’autres jardins accessibles sur les toitures.

SCAU, architectes, eiffage, cartoucherie, ilot, opération signature

Quelle est la fonction des éléments verticaux en résille métallique ponctuant les façades ?

La densité forte et les hauteurs importantes posent des problématiques de perception d’échelle. Les verticales des failles sont mises en valeur par des voiles structurels de teintes blanches. Entre ces voiles toute hauteur, les boites en métal qui relient deux ou trois niveaux de manière aléatoire créent une échelle intermédiaire entre la grande hauteur et l’échelle domestique de la sphère intime du logement. Nous avons joué sur les vibrations des teintes pour éviter le côté industriel et uniforme du métal. Nous lui avons apporté de la vivacité, surtout sous les lumières rasantes du matin et du soir, de même qu’avec les contre jours et les reflets des bâtiments blancs édifiés en face.

Comment avez-vous traité l’immeuble de bureaux qui représente Eiffage Occitanie ?

Nous avons privilégié une conception globale de l’îlot qui intègre l’immeuble d’activité dans les logiques bioclimatique et esthétique de l’ensemble. La certification BREEAM entre en cohérence avec la logique globale de l’éco-quartier. L’édifice reprend les mêmes éléments de vocabulaires qui ont été utilisés pour l’habitat, car il y a bien cette volonté d’être dans une cohérence d’ilot,  voire, pourquoi pas, lui offrir un futur de résilience en l’imaginant se muer potentiellement en logements.

Interview : Sophie Trelcat
Photo : Romain Saada

Découvrez le tiré-à-part dédié à l’operation signature d’Eiffage au sein d’Archistorm janvier – février 2019