INTERVIEW

ARCHITECTES ASSOCIÉS : NICOLAS KARMOCHKINE ET DENIS MONTEL

 

 

Selon vous, quel est l’esprit des lieux sur ce site suburbain à composante industrielle ? De quelle manière avez-vous abordé ce projet complexe ?

Nicolas Karmochkine : Les ateliers de maroquinerie de la société Hermès étaient implantés sur ce site depuis 1992. Comme bon nombre de villes de banlieue, Pantin avait une tradition artisanale et industrielle, avec notamment la sellerie et l’automobile. Quand nous avons entrepris le projet en 2007, ce territoire avait amorcé sa mutation. Sur cet îlot, Hermès utilisait déjà une dizaine d’ateliers, et d’anciens entrepôts et garages, comme lieux de stockage, production et exposition, les signes d’une transformation en cours.

Denis Montel : Le tissu industriel appelant une échelle urbaine forte, cet immense îlot a nécessité la création d’une rue qui a permis de le redimensionner.

N.K. : Aujourd’hui, l’îlot, déterminé par ses deux rues (Hoche et Auger) et cette voie piétonne créée dans le cadre de la ZAC, apparaît très découpé, à cause des nombreux immeubles de logements et des copropriétés existants.

D.M. : En fait, il existe une typologie variable.

N.K. : C’est à partir de cette typologie de parcellaire mixte, que nous avons abordé le projet. Pour réunir ces diverses parcelles, Hermès a engagé le dialogue avec les propriétaires, dans le but de constituer un foncier respectant ce parcellaire en lanière. Ce dernier est devenu une espèce de leitmotiv sur le plan des alignements sur rue et des accroches en mitoyenneté, en rapport avec les typologies particulières d’immeubles, de villas et de maisons de ville du site. Si l’habitat domine, la mixité, toujours existante, passe par la Cité des Métiers Hermès qui forme le tissu artisanal.

Qu’en est-il de l’insertion urbaine de l’opération, dans un quartier en pleine requalification ?

D.M. : La commune souhaitait redynamiser l’accès à son centre. Et cette opération, qui fait partie de la ZAC, participe de cette volonté de revitalisation.

N.K. : Dans cette ZAC presque achevée, s’inscrit une place de marché qui, située devant un des bâtiments de la Cité, accueille, deux fois par semaine, un marché forain apportant un côté festif au lieu.

D.M. : Requalifier cet îlot suppose de recréer des fronts, retrouver des alignements et des gabarits, afin de redessiner un profil urbain au cœur d’un îlot de forme complexe et morcelée. L’intérieur de l’îlot a été vidé de ses nappes de toitures et nous avons construit sur ses limites, en créant un vide, où s’enchaînent cinq jardins dessinant un espace vert continu d’un hectare environ qui sert d’espace d’agrément pour les riverains. Ce vide assure ainsi une liaison physique entre les différents édifices d’Hermès.

N.K. : La complexité du projet vient de l’intérieur de cet îlot que l’on a cherché à hiérarchiser, en créant des jardins organisés, selon une composition ordonnée. Nous avons conçu quatre bâtiments assez dissociés les uns des autres, dans leur usage, fonctionnement et structure. A l’image de la maison de banlieue, chaque édifice bénéficie d’une relation à la rue et à son propre jardin. Et nous avons décliné les matériaux et les mises en oeuvre, en s’en inspirant, tout en les réinterprétant.

 

 

Texte : Carol Maillard
Visuels : © Frédéric Delangle et Michel Denancé

Retrouvez l’intégralité de cet interview au sein de l’ouvrage CITÉ DE MÉTIERS HERMÈS – RDAI ARCHITECTURE de Carol Maillard – Collection L’Esprit du Lieu – Architecture disponible en librairie !