Après renouvellement pour moitié des vingt-quatre membres du Conseil national de l’Ordre des architectes début juin, Christophe Millet a été élu à l’unanimité président du Conseil le 13 juin dernier. Cofondateur de l’agence lyonnaise BAMAA Architectes et ancien trésorier du CNOA, il exprime clairement sa volonté de poursuivre le projet de société initié depuis trois ans par l’Ordre… en accélérant les choses autant que possible !
Pourriez-vous me parler de votre parcours personnel ?
J’ai commencé ma carrière sur les chantiers en Saône-et-Loire avant d’intégrer l’École d’architecture de Lyon. Après avoir validé mon diplôme sous la direction de Philippe Madec, j’ai eu la chance de partir faire le tour du monde durant un an. Cela peut étonner mais j’ai compris que la terre est une surface finie dont on ne pourra pas s’échapper ce qui, en termes de conscience professionnelle, est essentiel… Après avoir travaillé pendant six ans dans une agence d’architecture, j’ai fondé l’agence BAMAA Architectes à Lyon en 2010 avec deux associés. Le projet architectural m’anime depuis plus de dix ans et je continue aujourd’hui à exercer en parallèle de mes actions au sein de l’Ordre.
Comment votre engagement dans le Conseil national est-il né ?
Quand je m’engage dans les élections du conseil régional Rhône-Alpes en 2013, j’ai la conviction que la profession mérite mieux en matière de reconnaissance ! Au regard de notre niveau de formation, de compétences et d’assurance, la défiance qu’affichent parfois les maîtres d’ouvrage vis-à-vis des architectes est pour moi extrêmement frustrante. Pour autant, ce n’est pas la bonne raison puisque la mission première de l’Ordre est d’assurer l’intérêt général de l’architecture, c’est-à-dire de faire en sorte que tous les bâtiments conçus le soient par des hommes et des femmes inscrits au tableau de l’Ordre, assurés et diplômés. Nous protégeons donc autant le consommateur que l’architecte.
Vous venez d’être élu président le 13 juin dernier à l’unanimité par les vingt-quatre membres du Conseil national. Sur quelles actions allez-vous vous concentrer ?
Le Conseil se réunit mi-juillet pour écrire la feuille de route des trois prochaines années. Il y a des sujets sur lesquels nous nous sommes déjà engagés. Le premier, c’est de s’inscrire dans la continuité des actions menées durant le précédent mandat en soutenant le projet de société initié et en incitant l’ensemble des architectes inscrits à l’Ordre à le porter, partout sur le territoire. Le deuxième, c’est d’accroître les échanges entre tous nos partenaires : les syndicats, les assureurs, ou encore les maisons de l’architecture, mais aussi tous les organismes autour de l’architecture en générale.
Qu’en est-il du dialogue avec votre ministère de tutelle ?
La principale caractéristique de l’Ordre est d’être sous la tutelle unique du ministère de la Culture et d’être, de fait, à l’écart des ministères du Logement, de la Transition écologique et de l’Économie avec lesquels nous travaillons au quotidien. Cela rend le dialogue avec eux plus complexe. Il est donc nécessaire que l’Ordre reste identifié et crédible auprès de ces différents ministères dans les années à venir. Situés en marge de tout corporatisme, nous apportons de vraies solutions à un grand nombre de problématiques (logement, aménagement des villes…). Dans cette perspective, nous avons publié, en 2022, un plaidoyer, Habitats, villes, territoires. L’architecture comme solution, que nous présentons lors de nos rendez-vous institutionnels et ministériels. Nous avons également publié des fiches illustrant des propositions concrètes et chiffrées. Enfin, nous lançons dès le mois de septembre prochain, une trentaine de rencontres territoriales « Architectures et Territoires » qui auront pour objectif d’encourager le nécessaire dialogue entre architectes et acteurs locaux. Elles permettront d’échanger autour des problématiques qui s’imposent à nous depuis quelques décennies, telles que le recul du trait de côte, les risques naturels, ceux liés à l’économie des ressources, la qualité du logement… et de proposer des solutions adaptées à chaque territoire.
Texte : Coline Jacquet
Visuel à la une : Cinéma Le Grand Palais, Cahors par Antonio Virga © Luc Boegly
— Retrouvez l’intégralité de l’article dans archistorm 128 daté septembre – octobre 2024