EXPÉRIENCE HÔTELIÈRE

LES DAIS SONT JETÉS
CANOPY BY HILTON TROCADÉRO, PARIS PAR DTACC, ARCHITECTES, ET JEAN-PHILIPPE NUEL, ARCHITECTE D’INTÉRIEUR

 

La douzième enseigne du groupe Hilton ouvre son premier établissement parisien dans un ancien centre de répartition d’électricité construit en 1923, non loin du Trocadéro. Derrière son unique façade sur rue, d’esprit Art déco, se cachait un vaste blockhaus dont la métamorphose hôtelière a nécessité une restructuration d’envergure menée par DTACC, puis lumineusement mise en scène par Jean-Philippe Nuel.

La nouvelle modénature de la façade principale avec sa marquise (canopy en anglais) et ses grilles en ferronnerie.

Lifestyle… Art déco

Canopy by Hilton se veut une nouvelle marque lifestyle s’adressant aux 20-60 ans, plus particulièrement aux millennials « hédonistes, CSP+, actifs, vivant en milieu urbain et/ou cosmopolite, connectés, nomades, curieux des notions de culture, d’art, d’entertainment et des nouvelles tendances émergentes ». Chaque adresse revendique sa différence en s’ancrant dans son quartier tant par son architecture et sa décoration que sur le plan des services offerts à la clientèle, à commencer par la cuisine. « Les voyageurs veulent un hôtel qui les aide à profiter au maximum de leur voyage et à découvrir le meilleur d’un grand quartier — Canopy by Hilton permet à nos clients de faire exactement cela », résume Gary Steffen, responsable mondial de l’enseigne.

Les « empiècements » en métal découpé et les claustra du lobby-bar-restaurant du rez-de-chaussée sous la généreuse verrière acier l’inondant de la lumière du jour.

 

En s’implantant le long de la belle mais courte avenue d’Eylau, le Canopy by Hilton Trocadéro s’inscrit — au-delà de la place du Trocadéro — dans l’axe monumental de la perspective du Champ de Mars et de la tour Eiffel. Ainsi choisit-il d’être au cœur de l’arrondissement le plus vert de la capitale, mondialement reconnu pour son patrimoine architectural de la première moitié du XXe siècle — tout particulièrement celui hérité de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, avec les palais de Chaillot et de Tokyo, qu’il côtoie depuis sa construction originelle. Mais la colline de Chaillot compte pas moins de trois chefs-d’œuvre d’Auguste Perret : l’immeuble d’habitation du 25, rue Franklin avec sa façade béton et céramique conçu avec son frère Antoine (1903), le théâtre des Champs-Élysées (1913) et le palais d’Iéna (1939) — ancien musée des Travaux publics abritant aujourd’hui le Conseil économique et social.

Coming out architectural

Propriété de la Ville de Paris, le terrain d’une assiette d’environ 1 550 m2 se développe sur 60 mètres de profondeur et 25 mètres de largeur — celle de son unique façade sur rue mesurant 20 mètres — et sur 2 mètres de dénivelé (fond de parcelle). Occupant la totalité de l’emprise à l’exception de deux courettes, le bâtiment « industriel » existant abritait des bureaux de GRDF du rez-de-chaussée au 6e étage (en bonne partie désaffectés) et un parc de stationnement à RDC et R−1 ; sous ce dernier, une galerie souterraine fait traverser le terrain à deux câbles (alimentation BT et télécom).

Tons feutrés d’une suite avec vue sur la Tour Eiffel.

Pris en bail à construction par la société de réassurance Scor, la reconversion en hôtel 4 étoiles de cet édifice très introverti — un bunker quasi aveugle — imposait une profonde et lourde restructuration, confiée à l’agence DTACC, spécialiste en la matière. L’architecte l’a évidé sur les cinq niveaux supérieurs afin de créer une généreuse cour centrale trapézoïdale orientée au sud (30 x 17 m), que bordent sur trois côtés la plupart des 123 chambres de l’hôtel. Compte tenu de la grande hauteur sous plafond du rez-de-chaussée et du 3e étage, un entresol a été aménagé dans celle du premier (accueillant les quelques bureaux conservés par GRDF), ainsi qu’un étage supplémentaire en restructurant les planchers du 1er au 3e. L’immeuble a gagné de fait deux niveaux sans que soit modifié son gabarit. Après dévoiement de la galerie souterraine, trois niveaux de sous-sol ont été creusés en infrastructure, le niveau existant étant réaffecté aux services et à l’aire de livraison du Canopy, le R−2 accueillant 22 places de stationnement pour les clients et les deux derniers, 40 places pour les véhicules d’intervention de GRDF. Il fallut bien sûr déplacer la rampe permettant d’y accéder, qui débouche désormais à droite de la façade sur rue, tandis que le porche initial accueille maintenant la clientèle.

La modénature de la façade sur l’avenue a été entièrement redessinée tout en étant confortée dans son style Art déco. Avant tout, au linteau filant couronnant le soubassement de baies en entresol (comme dans l’haussmannien voisin) a été substitué un portail magnifié — une grille monumentale en ferronnerie dotée d’une belle marquise. Vingt chambres et suites y prennent dorénavant le jour dans les quatre étages, celles des trois niveaux supérieurs en bénéficiant grâce au retrait de balcons ou terrasses avec vue sur la Dame de fer. Côté cour, l’ensemble des habitations sont vitrés toute hauteur, à l’arrière d’une trame aléatoire d’éléments en alu thermolaqué.

La toiture-terrasse du 7e étage s’est muée en rooftop paysager où prendre un verre ou un snack. Les conduits d’extraction divers adossés au mur pignon de l’immeuble voisin offrent à la cour un étonnant patchwork de mini-jardins insérés dans son bardage alu ajouré. (…)

Fiche Technique

MAÎTRISE D’OUVRAGE : SCOR
ARCHITECTE : Jacques Cholet (DTACC)
ARCHITECTE D’INTÉRIEUR : Jean-Philippe Nuel
BET STRUCTURE : Acetech
ENTREPRISE GÉNÉRALE : Fayat
AGENCEMENT : CEA : Ebene & Tradition ;
FF&E : Nawrocki (hébergement + zones communes partielles)/Atelier 41 (zones communes partielles)/Amoris (bar roof-top + stools zones Communes)

Texte Lionel Blaisse
Photo Courtesy Canopy by Hilton Trocadéro, Nicolas Matheus, Courtesy DTACC

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le Canopy by Hilton Trocadéro dans Archistorm daté juillet – aout 2021