1er prix Benoit Rotteleur, Architecture

© Nicolas Waltefaugle

Entre Vendée et Paris, l’agence de Benoit Rotteleur, architecte, développe des projets d’habitat individuel mais aussi collectif.

Aux Sables-d’Olonne, dans le quartier de la Chaume, à mi-chemin de la côte sauvage et du port de plaisance, Benoit Rotteleur livre la nouvelle adresse d’un « jeune couple de retraités ». La parcelle proposée se situe en cœur d’îlot ; elle est de fait encerclée de murs et de voisins formant un terrain carré. « Le projet aborde cette clôture d’enceinte comme une frontière entre intérieur et extérieur, privé et public. Placée au centre de la parcelle, l’emprise de la maison est une réduction en plan du terrain », explique l’architecte.

Le travail volumétrique est, ensuite, une déclinaison de cette géométrie parfaite et imposée. « Pour offrir un rapport privilégié avec le jardin et profiter des multiples orientations, la maison s’ouvre sur ses quatre angles. À l’intérieur, un espace libre en étoile relie les quatre orientations. Entre ces deux diagonales viennent s’implanter quatre volumes regroupant l’ensemble des usages de la maison », précise Benoit Rotteleur. Parfaitement symétrique, cette organisation génère des perspectives mais aussi des rétrécissements et des ouvertures. « Cette danse des volumes apporte une grande flexibilité et une diversité d’usages », renchérit-il.

À cette originalité, l’architecte associe la discrétion du parti esthétique. L’ensemble est en effet conçu pour s’insérer dans un environnement bâti sans faire événement. Les murs sont de couleurs claires et le toit à quatre pans est habillé, dans « un souci de qualité de matière », de tuiles. Le matériau choisi est une tuile en terre cuite, grand moule, galbée, à emboîtement double et à double recouvrement, parfaitement adaptée à une toiture de faible pente, typique de Vendée. Le dessin du toit fait d’ailleurs place à un large débord qui a été calculé pour laisser entrer le soleil durant les mois d’hiver et arrêter les rayons pendant l’été pour éviter les surchauffes. Il laisse aussi déborder les tuiles de 8 cm par rapport à la panne afin d’éviter la mise en place d’une gouttière disgracieuse. L’eau de pluie retourne donc naturellement à la terre. Le matériau est ainsi mis en valeur ; il contribue à faire l’identité d’un lieu.

2ème prix ARCHIDIUM

© Nicolas Waltefaugle

De crêtes en combes, le massif jurassien déroule son paysage vallonné. Au lieu-dit Le Souillot, une parcelle en belvédère bénéficie de ce panorama caractéristique du Haut-Doubs ; elle se fait très tôt l’adresse convoitée d’une famille qui rêve d’y établir sa maison. Sensibles à cette situation, les deux associés d’Archidium, agence implantée à Besançon, auteure d’élégantes villas contemporaines, imaginent, à cet endroit, une construction respectueuse de l’environnement naturel mais aussi bâti. Le projet proposé s’intègre aux formes existantes et aux constructions voisines dont les toits sont traditionnellement à doubles pans. La famille, maître d’ouvrage, était par ailleurs attachée à une forme d’originalité sans excentricité. « Nous avons donc proposé un événement architectural singulier mais que nous voulions inscrit dans son environnement et, pour ce faire, nous l’imaginions couvert de tuiles rouges », résume Pierre Boissenin, architecte fondateur.

Pour des raisons d’accessibilité, voulue par la famille, l’ensemble des espaces de la maison devaient être de plain-pied. La forme de la parcelle et ses atouts visuels – autrement dit les perspectives vers le grand paysage – ont induit la disposition de trois volumétries différentes, occupées chacune par des fonctions appropriées. « Le séjour d’un côté et les chambres de l’autre sont orientés vers la combe et s’articulent de manière à ouvrir une terrasse intime dominant le paysage alors que le volume associé au garage se positionne en recul de la rue pour définir une cour », explique-t-il.

Structurellement, le projet se compose d’un socle en béton et de parois CLT isolées pour les murs. L’unique système de chauffage de la maison est un poêle à bois. La maison est couverte de tuiles mécaniques rouges, en toiture comme en façade. La toiture au dessus du séjour cathédrale est constituée de panneaux structurels CLT de 16 cm d’épaisseur laissés apparents et recouverts d’un isolant semi-rigide de 28 cm puis d’un OSB de 22 mm. La toiture des chambres, en combles perdus, est posée sur des fermettes. Le bardage en tuile répond d’une pose traditionnelle sur contrelattes et liteaux. Comme le bois intérieur, la peau de tuiles rouges extérieure protège l’ossature en bois et limite la surchauffe d’été ; elle a également été choisie pour ses vertus architectoniques et participe de l’ambiance générale.

« Cette utilisation de la tuile en toiture et bardage permet une insertion contemporaine respectueuse dans le lieu-dit où le matériau est très majoritairement employé », précise l’architecte. Il s’agissait aussi de penser l’homogénéité du traitement extérieur pour mettre en valeur la volumétrie du projet sans pour autant en concurrencer la lecture ou la compréhension. En outre, dans un souci de travailler avec des filières locales, la tuile choisie  a été produite à moins de 70 kilomètres du chantier.

La Maison S – tel est son nom – se fait l’illustration parfaite d’une manière de penser l’art de bâtir, mieux, d’une approche architecturale fondée sur la compréhension d’un territoire et de ses atouts sans renoncer à proposer un événement architectural contemporain et singulier.

 

Texte : Jean-Philippe Hugron
Visuel : © Nicolas Waltefaugle

— Retrouvez l’intégralité du dossier dans le numéro spécial Terre d’architecture, Architecture et Terre Cuite, Grand Prix la Tuile Terre Cuite, Architendance 2022.