Editorial

À l’écart de l’agitation de la ville, l’architecte Pierre Minassian nous accueille dans son agence. Jeux de transparence sur le jardin, lignes sobres, matériaux bruts, l’atmosphère est ici apaisée.
Dans son bureau de verre, les suites de Bach se déroulent de façon ininterrompue et guident la concentration sous l’oeil bienveillant du cèdre centenaire. En tant que chef d’orchestre de la production de son agence, rien ne lui échappe. Des réalisations atypiques, où la ligne architecturale est claire et témoigne de la recherche d’une évidence que Pierre nomme « l’architecture vraie ».
Sa pratique hors du temps et des tendances l’inscrit dans la suite des grands noms de l’architecture qui ont donné leurs lettres de noblesse à la maison individuelle et auxquels il doit ses premières émotions architecturales. Ludwig Mies van der Rohe et la Maison Farnsworth, Rem Koolhaas et la Maison Lemoine.
Les réalisations de Pierre Minassian illustrent à la lettre les dires de Paul Chemetov qui définit la maison individuelle comme le laboratoire de l’architecture. C’est à travers ces projets privés aux lignes épurées et aux formes sculpturales aisément reconnaissables que Pierre a expérimenté puis affirmé son art pour l’étendre à une gamme de typologies infinie. Pour lui, chaque projet est une opportunité de faire évoluer sa pratique et ses connaissances, une recherche constante autour des matériaux et techniques constructives.
Ce fils d’architecte aurait pu être musicien, photographe, paysagiste ou menuisier, il a choisi d’être un peu tout cela à la fois, à travers l’approche singulière de son métier qu’il aborde comme une synthèse des affinités et passions qui l’animent.

« Pour moi, il y a trois règles à respecter dans l’architecture : le sens, le site et le fonctionnement. Le sens en premier, car c’est la vérité philosophique, l’intégrité du projet. »
Pierre Minassian

Maison l’amour du Ninja

La maquette
Objet indissociable de la pratique de l’architecte dès les premiers pas de l’étudiant, la maquette est élevée au rang d’art chez AUM, l’une des rares agences à l’utiliser encore dans sa pratique quotidienne.

Mise en forme d’un concept, expression immédiate d’une idée, la maquette est présente à tous les stades de la réflexion.
Outil de recherche, elle se compose de quelques feuilles découpées, d’un morceau de carton, d’une poignée d’épingles au tout début de l’étude, puis, une fois la forme établie, elle transcrit l’intention architecturale dans son expression la plus dépouillée.
Réalisées dans des matériaux qui ne laissent aucune place au doute, les maquettes de Pierre Minassian traduisent l’expressivité du projet. En acier, en béton ou en bois, ce sont de véritables sculptures qui sortent de l’atelier de l’agence. Elles s’installent çà et là, peuplent l’espace de leurs formes puissantes qui racontent l’essence du travail de cet artisan bâtisseur.

Projets en exergue

White Snake House

Surface : 370 m2
Programme : 2 espaces chambre, 2 bureaux, un coin détente, un espace séjour, repas / cuisine
Équipe :Sébastien Desgranges
Lieu : France


Port de l’Occident — centre RDP et fondation d’art

Surface : 5 750 m2
Programme : Immeuble tertiaire, restaurants et fondation d’art privée
Équipe : Chloé Bordjah, Sébastien Desgranges, Joanna Loubly, Juliette Lefrançois
MO : Rives et Développement
Lieu : Lyon – quais de Saône

Autrice : Agnès Strachen Dyp
Photographes : © Erick Saillet, © Vianney Tisseau

— Retrouvez l’intégralité du Hors Série sur Pierre Minassian AUM architectes encarté dans le numéro d’Archistorm 126 d’Archistorm et séparemment en kiosques