FRÉDÉRIC IMBERT

Designer 

Visuel à la une : © Frédéric Imbert

 

Frédéric Imbert a été choisi pour faire la scénographie de la sixième édition des Rendez-vous de la Matière. Une invitation à découvrir la logique de paysage qui nourrit ce jeune designer. 

 

© Frédéric Imbert

Diplômé en 2010, Frédéric Imbert a toujours été attiré par la diversité. « Au départ, j’étais intéressé par de nombreuses choses : l’architecture, l’urbanisme, le design, le paysage. L’architecture d’intérieur s’est imposée à moi car elle était un peu au croisement de tous ces univers. » Son expérience de touche-à-tout se lit dans son parcours, sinueux, mais il se définit avant tout comme designer. Après des études en alternance, qui l’ont conduit à travailler sur la rénovation de grands noms de l’hôtellerie cinq étoiles tels que le Ritz à Paris ou le Grand Hôtel de Saint Jean Cap Ferrat, puis à goûter à l’événementiel au sein d’une agence organisant des défilés de mode, son premier poste l’amène dans une équipe explorant des projets de lighting design aux quatre coins du monde. Il part travailler notamment au Liban sur un projet de façades lumineuses pour un cinéma à Beyrouth ; le début d’une longue histoire. « Au début, je ne pensais rester que quelques semaines là-bas. En fait, j’y suis resté deux ans et demi, et depuis je vis à Paris et garde un pied bien ancré à Beyrouth ». Il y travaille ensuite pour plusieurs entreprises d’architecture d’intérieur, mais surtout sur les projets d’architecture durable. « Beyrouth a agi comme un booster me permettant d’oublier mes habitudes, de me recentrer sur mes idées et de commencer à poser les bases de mes projets futures ». De retour en France, Frédéric Imbert concrétise son idée de départ : créer son propre studio. Avec cette fois-ci le design, et notamment le design mobilier en tête. « Quelques mois après être rentré de Beyrouth, je me suis lancé en solo et une série de belles rencontres a débuté. Lorsque l’équipe d’Isabel Marant m’a contacté, j’ai été conforté dans l’idée que le moment était venu. J’ai dessiné quelques pièces de mobiliers maintenant présentes dans les nouvelles boutiques. Depuis, j’ai l’impression d’être guidé par des ondes positives dans mes rencontres, comme avec l’équipe d’Artefacts Paris qui me donne carte blanche pour travailler le marbre et me permet d’éditer du mobilier dans ce matériau que je ne n’aurais pas imaginé pouvoir travailler si rapidement dans ma carrière ».

 

© Frédéric Imbert

© Frédéric Imbert

 

Dans ce domaine, que Frédéric Imbert considère aussi comme une étape importante avant des projets d’architecture d’intérieur plus larges qui se profilent déjà à l’horizon, il crée des meubles fonctionnels, des objets, lui permettant de travailler la matière, des formes très sculptées. « C’est l’idée de la bibliothèque suspendue Bookshelf01. Elle est faite de mousse sculptée, sans outils techniques en dehors d’une lame, même pas une règle. Tout est histoire de geste et de regard, l’apprentissage de l’observation. Elle est habillée de différents papiers, agrégats de pierre, de sable avec un peu de béton pour atteindre la texture que je désire à l’envie, puis enduite d’une résine.  J’aime surtout la façon dont elle réagit à son environnement. Elle semble évoluer avec la lumière quand des zones plus brillantes apparaissent ou que des ombres se créent. J’aime cet aspect vivant et évolutif. » Cet attrait, Frédéric Imbert le puise justement dans son intérêt pour le vivant en général, lui qui a grandi dans le « paysage à la fois doux et très marqué » du Vexin. Passionné de botanique, il garde actifs ses petits projets de jardins, signe qu’il aimerait aussi davantage travailler dans cette direction. « Comme mon travail repose beaucoup sur le geste de la main, comme je sculpte, je m’inspire un peu de cette façon très organique de travailler la matière. C’est aussi souvent le plâtre que moi qui décide ». Naturellement, le paysage se retrouve dans la scénographie que Frédéric Imbert a conçu pour les Rendez-vous de la Matière. Une manière d’élargir sa patte de designer vers de nouvelles échelles en restant dans une certaine continuité. « La scénographie fait partie de la diversité de mon travail. Pour l’Espace Commines, mon idée a été de continuer sur cette logique de paysage, de lui trouver un prolongement scénographique. Un paysage est souvent constitué d’éléments hétéroclites qui parviennent à créer une forme d’harmonie : des arbres, des champs, des collines. Pris individuellement, ils n’ont rien à voir les uns avec les autres ». Le paysage urbain n’a cependant pas été oublié dans cet agencement. Un paysage de gratte-ciels, une « skyline » de formes, y fixe ainsi le regard dans le prolongement des différents espaces d’exposants. Car bien sûr, les exposants, et la manière de les intégrer, eux et leurs matières, a aussi été pensé dans le décor. « J’ai beaucoup réfléchi à la cohérence des couleurs utilisées (bleu, couleurs terre), à des formes hétéroclites, déconstruites. Là aussi, j’ai essayé de garder cette notion de continuité paysagère, en dessinant non pas des stands mais plutôt des ʺélémentsʺ allant dans le sens de cette homogénéité bigarrée. »

 

 Découvrez le focus sur Frédéric Imbert dans le numéro spécial Archistorm n°12, daté mars-avril 2019 !