Liautard & the Queen, ou LATQ, est née en 2020 de la nouvelle association de Maxime Liautard, architecte d’intérieur et designer, diplômé de l’école Penninghen, avec Soraya Djemni-Wagner, autodidacte et experte dans le domaine du luxe. Ils se sont connus au sein du Studio KO dans les années 2012, et comptent aujourd’hui à leur actif les restaurants parisiens BB, Perruche, La Scène, La Môme Monte-Carlo, l’hôtel Maison Palmier, et de nombreuses résidences privées. Maxime, Soraya, deux personnalités singulières ne cessant de trouver des projets à leur juste mesure ! Leur agence, située au 89 rue du faubourg Saint-Antoine dans le 11e arrondissement de Paris, témoigne de leur talent à mixer les styles en toute élégance !

Le premier projet livré de LATQ est la pâtisserie de Cyril Lignac à Saint-Tropez. Située sur la route des plages, le célèbre pâtissier souhaitait une boutique différente, moins sophistiquée, plus gourmande qu’à Paris, touchant une clientèle touristique certes, mais aussi locale. Une vitrine de pâtisserie à double arrondi exhibe ses formes généreuses, mettant l’accent sur les délicieux gâteaux, contrastant avec la simplicité de la poutraison et des étagères en bois où l’esthétique du pain, en toute sobriété, est renforcée.

La commande du restaurant La Môme de 450 m2, à Monte-Carlo, arrive ensuite. Le restaurant est situé en roof top au-dessus de l’hôtel Port Palace, en face du Palais des Festivals. L’identité est voulue chic ! Tout le sol est traité en marbre et avec un calepinage d’inspiration italienne. Avec cette chance de jouir d’un budget conséquent pour leur projet, ils intègrent des fauteuils iconiques : ceux de Ludwig Mies van der Rohe et ceux de Pierre Paulin, légèrement revisités pour l’occasion, puisque les assises sont couvertes de tissus marqués ; les premiers en velours Paon de Nobilis (avec l’accord de Knoll), le second en Zèbre (avec l’accord de Paulin-Cassina) : des assises iconiques aux couvertures singulières. Un projet « archi » où certains éléments renforcent l’esthétique hiératique de l’architecture de l’hôtel tout en la réchauffant : les miroirs entourés de bois de chêne aux pieds de boules, les portes, toujours en chêne, au rainurage en carrés.

Une caissière vend des cigarettes dans ce restaurant, à l’ancienne. Elle dispose de son propre comptoir traité en cabinet de curiosités. Le rappel à Grace Kelly se retrouve dans le salon VIP. De passage, le prince Albert aurait adoré la photo de Grace Kelly, pourtant simplement chinée chez YellowKorner. Toutes les consoles et banquettes sont conçues en loupe d’orme pour le côté bateau et yachting ! Les luminaires vintage ont été récupérés dans une grande villa de Saint-Tropez, remis en état et replacés dans le restaurant.

© Yann Deret, Clement Vayssieres

Cette conception semble tout droit issue d’un film ou d’une saga. Et certains d’entre eux figurent parmi les incontournables. Les œuvres indémodables que l’on aime voir et revoir, en ressentant toujours autant de plaisir. Autre chose que Le plaisir de Max Ophüls, même si le déroulé contient plusieurs unités de lieux et de temps. Ainsi en est-il des établissements du Groupe La Môme. À la tête de cette superproduction : Antoine et Ugo Lecorché, qui ouvrent en 2015 le premier chapitre d’histoires qui se dérouleraient à la belle époque de la Côte d’Azur : tout d’abord l’élégante et glamour La Môme, où se croisent une clientèle chic et locale et des hôtes venus du monde entier. Puis le cocktail-bar, ouvert en 2017, inspiré des mythiques bars new-yorkais. Et, à quelques pas de là, sur la célèbre Croisette, la Môme Plage et son inspiration French Riviera des années 1950 fortement inspirée des Riva Aquarama, et où l’on imaginerait bien starlettes et réalisateurs de la Nouvelle Vague. Pas étonnant que l’ensemble de ces établissements soit né dans la capitale du cinéma : Cannes.

Il fallait alors une ultime destination tout aussi emblématique pour inaugurer, à l’étranger, le premier épisode de cette jolie saga à succès. Une adresse où l’on croiserait James Bond au Casino, où les célébrités arpenteraient les eaux d’un petit port luxueux en Riva, et où une actrice de renommée internationale deviendrait un jour une princesse : Monaco ! C’est ainsi qu’à quelques mètres à vol d’oiseau du rocher, la Môme Monte-Carlo commence à écrire son histoire. Antoine et Ugo Lecorché signent ici une œuvre majeure dans

l’esprit de la Môme Cannes, avec un établissement ouvert sept jours sur sept et accueillant jusqu’à 220 couverts pour le déjeuner et le dîner, dans un cadre de rêve sur la terrasse du Port Palace.

Dans la saga, Liautard & the Queen est choisie pour ses talents artistiques avérés, sa version décalée d’un art de l’intérieur très maîtrisé. Sa vision ? Une scène de film, et plus particulièrement d’un film : La Main au collet. Fortement inspirée par Grace Kelly dans cette œuvre d’Alfred Hitchcock, l’écriture est définitivement féminine. Dans l’usage des tons bleus et clairs, dans les formes douces et chaleureuses, dans les scénarios de lumières selon les moments du jour et de la nuit. Une façon de revisiter l’histoire du lieu et de l’œuvre cinématographique.

L’hôtel Maison Palmier à Abidjan est doté de 75 chambres réparties en neuf bâtiments séparés, dont l’architecte est Désiré M’Bengue. La maîtrise d’ouvrage a à cœur de développer en Afrique une hôtellerie moins courante. Le brief colonial a pour devoir de ne pas tomber dans le cliché. Créer un lieu qui plaise à la fois aux locaux et à la clientèle business.

Des œuvres d’artistes locaux, plus de 200 variétés de palmiers et un mobilier sur mesure créent une scène tropicale sophistiquée. Ouvert en avril 2022, l’établissement est une oasis verdoyante, intégrée à l’enclave résidentielle des Deux Plateaux, où se croisent les locaux et les voyageurs. Pour ce premier hôtel de charme d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, Original Abdallah El Ghandour avait une vision précise : créer un lieu où les habitants, les expatriés et les visiteurs se mélangent. Le résultat est cette propriété de neuf bâtiments qui met l’accent sur les espaces publics verts, les matériaux d’origine locale et les produits régionaux. Les bâtiments en béton de faible hauteur sont juxtaposés à de hauts plafonds, à des sols en terrazzo faits sur mesure et à des fenêtres allant du sol au plafond. Les espaces partagés étant au cœur du projet, les allées de jardin entrelacées relient les espaces de vie au restaurant, au bar, à une piscine ornée de marbre vert et à de nombreuses terrasses.

Le terrazzo au sol est mis en place dans tout l’hôtel et les équipes ont appris à le faire. Dans le lobby et le bar, le dessin géométrique est assez contemporain. Le faux marbre est réalisé par un artiste français sur un support en bois. Le côté doré est réalisé localement, en feuille de laiton. Toutes les assises sont dessinées. Tout est fabriqué en Côte d’Ivoire, excepté les tapis. Des armoires à l’ancienne en bois de manguier occupent les chambres, de grandes chambres, la plus petite correspondant à une surface de 28 m2.

© Yann Deret, Clement Vayssieres

L’histoire se poursuit et la personnalité affirmée des protagonistes, Maxime et Soraya, se reconnaît dans la livraison récente de l’appartement Miromesnil de 500 m2 à Paris, aménagé dans un style puissant, alors que les carnets de tendances affichent, eux, une sorte d’esprit de frugalité à travers le beige. « Pourtant, le rouge ne coûte pas plus cher que le beige », précise justement Jacques Garcia, cité par Soraya ! Une partition somptueuse, truffée de matières et de couleurs dignes d’un décor de film encore une fois.

Le réaménagement de l’hôtel Florida du côté de la Madeleine à Paris, qui sortira à la fin de l’année 2023, dans un style Art déco, est en cours de développement. Francis Scott Fitzgerald et sa femme venaient y séjourner, l’histoire devient ainsi une source d’inspiration. L’esprit doit être familial ! Un caprice de luxe ? Non, car, dans cet hôtel, beaucoup de pièces vintage sont réinvesties par un processus de réutilisation.

À souligner, l’attachement sentimental et pérenne aux choses s’exprime essentiellement au moment où un certain nombre de nos valeurs sont mises en danger !

Un autre hôtel en région, en Bourgogne exactement, de 120 chambres, 5 étoiles, verra le jour dans quelques mois. Une grande villa de style Hollywood Regency de 800 m2 à Saint-Tropez sera livrée en septembre. Onze chambres dans une boutique-hôtel à Bastia, dans une maison classée avec jardin, comptent parmi les projets en cours. De même, un appartement rue de Varenne à Paris, ou encore, un restaurant au Koweït.

Une envie ? Celle d’une maison d’artiste, de chanteur, pourquoi pas, ou d’un studio d’enregistrement, exclusivement pour ceux qui aiment la couleur, personnalité oblige. Avis aux amateurs !

Texte : Anne-Charlotte Depondt
Visuel à la une : © Yann Deret, Clement Vayssieres

— retrouvez l’article sur Liautard & the Queen, ou LATQ, le plaisir en continu ! dans Archistorm 121 daté juillet – août 2023 !