L’entreprise Material Bank a lancé ses activités en Amérique du Nord en 2019 pour faciliter l’accès des architectes aux échantillons de matériaux et permettre aux fabricants d’être mieux informés des projets des prescripteurs. Une stratégie d’interface croisée qui arrive en 2023 sur le marché européen et dont Philippe Brocart, directeur général de Material Bank Europe, nous présente les grandes lignes.

Le concept Material Bank innove dans les relations entre fabricants de matériaux et prescripteurs en posant les bases d’un véritable nouvel écosystème, axé sur la facilitation de la fourniture et de la gestion des échantillons. Pouvez-vous expliquer son approche ?

L’approche est simple et est née aux États-Unis d’un constat identifié par Adam Sandow, fondateur de Material Bank, mais aussi à la tête du groupe de presse Sandow Design Group, et donc propriétaire de revues spécialisées en design et en architecture comme Interior Design Magazine ou Metropolis. Alors même qu’ils ont besoin d’échantillons de matériaux lors de la présentation de leurs projets à leurs clients, les architectes sont confrontés à la problématique d’accès à ces échantillons. L’idée consiste donc à permettre aux architectes de centraliser leurs commandes sur un seul site Web et de recevoir leurs échantillons de manière groupée et rapide. Dans le même temps, on s’est aperçu que le dispositif Material Bank pouvait aussi offrir la possibilité aux fabricants d’en savoir davantage sur les projets pour lesquels les architectes avaient besoin de ces échantillons. Il y a donc en fin de compte à la fois une simplification du travail des architectes et une valeur ajoutée pour les fabricants, qui sont mieux informés des projets des architectes. Cette double lecture a permis une croissance rapide du concept qui réunit aujourd’hui en Amérique du Nord plus de 500 fabricants et plus de 100 000 prescripteurs.

Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?

Simplement. L’architecte se rend sur la plateforme digitale Material Bank et effectue ses recherches selon ses besoins. Les critères sont très nombreux (marque, catégorie de produits, certification, domaines d’application, etc.) Nous nous chargeons ensuite de centraliser et d’envoyer ces échantillons dans un format de boîte unique mais personnalisable, contenant l’ensemble des produits demandés, ce qui évite de multiplier les envois et répond donc aussi à un souci écologique d’économie circulaire. Cette boîte, dont le concept est unique, est par ailleurs expédiée et livrée dans des délais extrêmement courts. Son développement est le fruit d’un véritable travail de recherche et développement, car l’idée est d’en faire également pour les architectes un outil de présentation des échantillons disponibles à l’intention de leurs clients. Nous y avons donc accordé une grande attention.

En quoi consiste la nouvelle plate-forme en ligne complémentaire Material Desk ?

Material Desk est un outil complémentaire qui offre la possibilité aux architectes de créer des moodboards, en ajoutant par exemple des images inspirantes ou du mobilier. Il permet de mettre en situation les matériaux et de communiquer en ligne avec ses clients ou avec ses équipes. Nous travaillons d’ailleurs actuellement à une nouvelle fonctionnalité qui mettra à disposition des architectes des millions d’images de projets pour mieux les aider à concevoir les leurs. L’idée étant de créer des outils qui facilitent le travail des prescripteurs à chaque étape de leurs projets, mais aussi d’être une source d’inspiration.

Vous affichez un grand principe de sélectivité puisque les membres de Material Bank doivent être approuvés avant de pouvoir passer commande. Pourquoi ?

Il faut savoir que pour les architectes, l’accès à Material Bank est gratuit. Nous sommes donc très sélectifs sur le processus de validation et d’inscription, selon un principe de vetting permettant d’approuver ou non l’accès d’un membre potentiel à notre plateforme. C’est aussi une marque de respect pour les fabricants qui, eux, paient leur mise en relation avec l’objectif de pouvoir entrer en contact à grande échelle avec des prescripteurs et des maîtres d’ouvrage travaillant sur de gros projets. Nous devons donc nous assurer, non seulement du statut professionnel du prescripteur, mais aussi des types de projets sur lesquels il travaille, dans la perspective de cette mise en relation (hôtellerie, architecture commerciale, espaces de travail, etc.).

Nous voulons aussi nous assurer que la demande d’échantillons porte sur un projet réellement identifié et en cours. Nous refusons environ 30 % des demandes d’inscription. Évidemment, les consommateurs sont exclus. Les étudiants peuvent avoir un compte, faire des recherches, mais ils ne peuvent pas commander d’échantillons. Nous leur offrons la possibilité de découvrir la plate-forme, car il s’agit de futurs professionnels.

En 2023, Material Bank arrive sur le marché européen. Quels sont vos premiers objectifs et vos premières échéances calendaires ?

De mars à septembre derniers, nous avons travaillé à l’implantation de notre infrastructure logistique. Nous avons choisi d’implanter notre entrepôt européen à proximité immédiate de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle afin de pouvoir effectuer les livraisons d’échantillons en J+1 partout en Europe. Au moment du lancement début avril, nous pourrons mettre à la disposition de nos membres les échantillons de plus de 100 fabricants, et nous allons proposer à certains architectes de devenir membre pour tester le système ; ils pourront dès lors commencer à réaliser leur sourcing et passer leurs premières commandes. Les fabricants disposeront, eux, d’un back office spécifique leur donnant accès à l’ensemble des informations concernant les architectes qui ont passé commande de leurs échantillons de matériaux (par type de bâtiment, par zone géographique, etc.). Notre objectif est d’avoir 15000 prescripteurs membres sur l’Europe (UE + Royaume-Uni et Suisse) pour la fin de l’année. ⁕

Auteur : Laurent Catala

Site internet : https://brands.materialbank.com/europe/