Bâtiments, composition urbaine, espaces publics, paysagisme, transports, ingénierie… l’agence Richez_Associés intervient dans tous les champs de fabrication de la ville. Telle une appellation d’origine contrôlée, cette compétence globale s’exporte à l’étranger.

Texte : Delphine Désveaux
Photos : Mélissa Boucher

En trente ans, l’agence Richez_Associés a vécu plusieurs vies et conquis bien des toisons[1]. Avant (1985), il y a eu l’association Thomas Richez, Bertrand Dubus et Édouard François. En 2004, après le départ d’Édouard François mais avant celui de Bertrand Dubus, un tournant important s’amorce avec la réalisation du tramway du Mans. Ceux de Reims, Brest, Orléans, Casablanca, Tours, Liège suivront, faisant de l’agence une référence mondiale en la matière. Après tous ces « avant », deux collaborateurs, l’architecte Frédéric Blérot et le paysagiste Vincent Cottet s’associent en 2009 à Thomas Richez, lui-même architecte-urbaniste-ingénieur, pour donner à l’agence sa configuration actuelle.

De gauche à droite : Thomas Richez, architecte, urbaniste, ingénieur; fondateur de l’agence ; Frédéric Blérot, architecte ; Vincent Cottet, paysagiste. L’organisation permet un échange continu et serein : les trois associés, outre leurs disciplines respectives, se partagent la gestion/communication (Thomas), les RH (Frédéric) et l’informatique (Vincent).

 

Large spectre
À eux trois, ils touchent tous les champs de fabrication de la ville : urbanisme, architecture, espaces publics, paysage, transports… L’ingénierie est également présente avec la création en 2000 du bureau d’études Ginko. Leur savoir-faire est tel que Richez_Associés, classée 21e agence de France[2], essaime en Malaisie, s’exporte comme une marque en Australie – Thomas Richez intervient en tant qu’AMO auprès de la ville de Sydney – et en Chine, où ils travaillent de concert avec Paul Andreu – qui occupe une partie de l’agence – sur des projets d’envergure tels que le musée de Taiyuan, l’opéra de Jinan ou la Cité municipale de Bordeaux. (…)

La liberté dans le cadre
C’est peu dire que le cadre est agréable. On y vivrait. Le quartier, la surface (750 m² tout de même), la vue sur le Génie de la Bastille, la juste transformation de ce qui était en ce qui doit être pour faire travailler 76 personnes sur une trentaine de projets, ce brin de désuétude et de fantaisie qu’on appelle le charme… (…)
(…) « Les différents studios de l’agence sont grosso modo partagés en catégories de programmes – bâtiment, espaces publics, ingénierie –, mais nous tenons surtout à privilégier les échanges, à croiser les réflexions et à favoriser l’autonomie car aucun de nos projets n’est un sujet clos, tous relèvent d’une réflexion sur l’espace urbain et la gestion des flux. »
(…) Ici, la décontraction naît du sérieux, la fantaisie de la méthode, la liberté du cadre – un cadre en aucun cas restrictif, qui permet au contraire à chacun d’organiser sa démarche conceptuelle. (…)

Fête-anniversaire des 30 ans de l’agence en juin 2015. Voyqge de l’agence à Montpellier pour visiter le quartier des Grisettes.

Fabriquer la cohésion
Première règle : on ne touche pas au lundi. (…) Deuxième règle : rechercher la qualité du « vivre ensemble ». On travaille chez Richez_Associés comme on vit en famille : chacun met la main à la pâte, qui pour vider les poubelles, qui pour changer les ampoules, chercher le courrier, fermer les fenêtres, gérer la matériauthèque, organiser l’iconographie… (…)
À cette organisation quasi domestique – rappelons que dans le Taliesin de Frank Lloyd Wright, les architectes commençaient la journée par des travaux agricoles – s’ajoutent le « déjeuner presque parfait » organisé par des volontaires pour faire déguster les spécialités culinaires de leur pays, puisque l’agence est très cosmopolite, mais encore des dispositifs plus courants : un voyage d’agence annuel, Noël, ainsi que : une réunion mensuelle avec toute l’agence pour présenter les projets en cours. L’occasion pour chacun « de prendre librement la parole pour exprimer une réflexion, faire part d’une anecdote, partager des astuces informatiques ou toutes ces choses très simples du quotidien qui améliorent la qualité du “vivre ensemble”. »

 

Retrouvez l’intégralité de l’article dans ArchiSTORM #76

[1] « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison… » Joachim du Bellay.
[2] Classement 2014 du Moniteur.