Développé dans le cadre de la programmation artistique et pluridisciplinaire de l’Olympiade culturelle, portée par Paris 2024 en collaboration avec le ministère de la Culture, le projet Archi-Folies a mobilisé les écoles nationales supérieures d’architecture afin de concevoir et construire des pavillons éphémères, installés au sein du parc de La Villette durant la période des JO 2024.
Le pavillon Les Ram’eaux, conçu par les étudiants de l’école d’architecture de Nancy, a été créé pour promouvoir la discipline de l’aviron. Ce projet met en œuvre une construction en bois réalisée en collaboration avec des spécialistes du domaine dans la région Grand-Est.
À terme, le pavillon démontable et transportable a pour vocation d’être réutilisé au bénéfice d’une association lorraine de pratique de l’aviron.
Méthode de conception du pavillon
La conception du pavillon est le fruit d’un long processus ayant débuté en mars 2023 avec le lancement d’un concours d’idées, ouvert à toutes les promotions de l’école nationale supérieure d’architecture de Nancy.
Plusieurs mois de développement ont été nécessaires à l’élaboration des détails techniques de la structure avant sa réalisation à l’échelle architecturale. Tout au long de l’année, une vingtaine de concepts ont ainsi été analysés par près de 40 étudiants en master, pour aboutir à ce dessin final, qui évoque la gestuelle de l’aviron à travers une structure réticulaire. Après un travail de formalisation par le dessin et le maquettage, une modélisation numérique paramétrique a permis de transcrire des formes non standards, mais à géométrie organique, pour le développement de la structure.
Représentation de la discipline de l’aviron
Pour porter ce sport à la connaissance des visiteurs, les volumes du pavillon illustrent la discipline de l’aviron à travers la déclinaison de formes telles que celles des palettes, des coques ou des dames de nage.
Le projet se déploie selon une structure réticulaire en bois qui convoque l’image de la gestuelle des rameurs, alors que la charpente exprime le séquençage des rames en mouvement. La forme du skiff est appliquée aux pieds des cinq poteaux qui supportent le treillis tridimensionnel en bois.
Les matériaux mobilisés sont pour l’essentiel du bois massif, du polycarbonate alvéolaire et de l’aluminium pour la couverture ainsi que de l’acier brut zingué et inoxydable pour les éléments de quincaillerie utilisés dans l’assemblage du plancher, de la couverture et du mobilier. Les intentions architecturales ont également consisté à créer une structure entièrement en bois, où la régularité du plancher contraste avec la disposition spatiale des nœuds et des barres qui forme le treillis tridimensionnel.
Complexité du dispositif structurel
Le projet vise à démontrer les possibilités de réalisations de structures à partir de composants architecturaux non standards en bois. Pour assurer la liaison entre les éléments, une méthode de stratoconception a été appliquée à la conception et à la fabrication des poutres qui relient le charpente, celle du plancher ainsi que pour celle des nœuds qui relient la structure réticulaire.
Le pavillon, délimité au sol par un socle en bois de 110 m², s’élève à une hauteur de 4,50 m. La structure est constituée de poutres calées sur le sol qui supportent les caissons du plancher et les stratopoutres dans lesquelles sont encastrés les poteaux qui soutiennent ensuite le treillis. Ces poutres en bois lamellé-collé, pesant jusqu’à 700 kg pour la pièce principale, sont constituées d’un mètre cube de bois. Les cinq stratopoutres reposent sur des pieds métalliques réglables, posés sur des cales qui assurent l’ancrage de la structure dans le sol. La masse cumulée du plancher en chêne massif et des poutres permet ainsi de lester l’ouvrage.
Mesurant près de 60 centimètres d’envergure, les nœuds d’assemblage des barres du treillis permettent la bonne répartition des charges dans la charpente. Le volume de chaque nœud est subdivisé en strates constituées de panneaux de bouleau découpés à l’aide de fraiseuses à commandes numériques.
Une couverture translucide, réalisée de panneaux de polycarbonate alvéolaire, abrite l’espace. Pour filtrer la lumière zénithale, des panneaux perforés ont été réalisés à partir de chutes issues de la découpe des strates qui composent les nœuds.
L’espace intérieur est subdivisé selon la disposition des pieds des cinq poteaux, créant des zones distinctes, alors que l’absence de parois permet à l’air de circuler librement durant la période estivale, qui correspond précisément à celle de l’inauguration du pavillon.
Texte : Cléa Calderoni
— Retrouvez l’intégralité de l’article dans archistorm 128 daté septembre – octobre 2024