Nom ? Bagneux. Spécificité ? Commune de la première couronne. Adresse ? Stratégique ! La municipalité est en effet située, plein sud, aux portes de Paris. Pour autant, ce territoire des Hauts-de-Seine n’a pas connu la fortune de ses voisines alto-séquanaises, Issy-les-Moulineaux en tête. En cause de cette situation, une mauvaise connexion au réseau de transports publics.
Bagneux, une histoire en blanc
Aujourd’hui, la métropole du Grand Paris se fait particulièrement dynamique. Codic, dans ces circonstances, a vu, au début des années 2010, dans ce secteur oublié des investisseurs, une opportunité rare. Un terrain est stratégiquement acheté puis un second avec l’espoir enthousiaste que l’équipe municipale orchestre, de son côté, une véritable transformation urbaine. À cette époque, elle se trouve pleinement mobilisée pour acter l’essor méridien du métro parisien déjà déclaré d’utilité publique en 2005.
L’opération n’est cependant véritablement officialisée qu’en juillet 2015 avec un premier coup de pioche symbolisant le départ de ce chantier exceptionnel. À cette époque, Codic engage des études pour la création d’un premier immeuble de bureaux en blanc : Résonance. Dans ce même élan, la Municipalité vote le réaménagement de son entrée de ville en créant la ZAC Victor-Hugo. À l’issue de cette étape, elle confie l’élaboration d’un plan d’urbanisme à l’agence Arte Charpentier.
« La ville avait des ambitions pour ce site. Si tout n’était pas encore défini, nous souhaitions voir émerger un ensemble mixte associant bureaux, logements sociaux, logements en accession, crèche et jardins. Pour mener à bien cette transformation urbaine, nous avions mis en place une ZAC. L’arrivée de Codic a ainsi correspondu au début d’une opération urbaine d’ampleur »
Yasmine Boudjenah, Première adjointe à la maire de Bagneux
ZAC Victor-Hugo, un écoquartier aux portes de Paris
« Nous avons mené, il y a plus de dix ans, sur ce site, une analyse urbaine dont l’objectif était la valorisation des emplacements commerciaux », débute Jérôme Le Gall, directeur général délégué d’Arte Charpentier. Aux yeux de l’agence, ce premier exercice dépassait nécessairement les limites fixées. En réalité, il s’agissait, à travers cette commande, de poser la question de l’espace public et de son rôle. Fort de cette approche élargie, le projet a pris une dimension urbaine et environnementale inattendue. « Nous avons par ailleurs découvert, pendant cette étude, un chapelet d’espaces libres – des parkings et des délaissés urbains – formant une véritable potentialité. Il était alors important que la Ville se saisisse de ce sujet pour penser une transformation à l’échelle urbaine », dit-il. La ZAC (Zone d’aménagement concerté) Victor-Hugo n’est pas encore votée mais, à la lumière de ces études, l’opération d’aménagement est sérieusement envisagée.
Ce projet est alors confié de prime abord à la SEMABA, l’aménageur de la ville, puis, face à l’étendue de la mission, à la SADEV 94, qui, lors d’un appel d’offres, confirme avec la Ville le choix d’Arte Charpentier pour repenser l’ensemble de ce territoire.
« L’immeuble proposé par Codic et Nexity et conçu par l’agence d’architecture Brenac & Gonzalez & Associés présentait une qualité de vie idéale pour les anciennes équipes de Mondadori France grâce à son architecture, mais aussi à son emplacement. »
Carmine Perna, CEO de Mondadori Retail, ancien directeur général, Mondadori France Premier locataire de Network I
À ce moment, le Grand Paris Express prend forme. Bagneux, en plus de la ligne 4, doit bénéficier à l’horizon 2025 de la ligne 15. « S’il s’agissait en premier lieu de densifier la ville, il est désormais question, à l’aune de cette nouvelle annonce, de l’intensifier tout en valorisant la présence de nature en ville », se souvient Nathalie Leroy, paysagiste, directrice du pôle Territoire d’Arte Charpentier.
L’analyse opérée par l’agence d’architecture et d’urbanisme souligne combien ce secteur au nord de la commune est important. Il est toutefois composé de grandes entités foncières, qui sont pour la plupart fermées. « Nous constations l’absence de continuité dans les usages et dans les perceptions. Toutes ces grandes parcelles étaient encerclées de murs créant d’importantes césures », analyse-t-elle. L’enjeu du plan imaginé est de retrouver une échelle d’îlot pour recomposer la ville. Il s’agit en outre de créer des traversées et des porosités. « Dans cet esprit, il nous fallait penser la requalification d’un ensemble urbain en créant des relations avec le bâti qui puissent valoriser l’espace public », explique Jérôme Le Gall.
«Ces trois immeubles sont à bien des égards exemplaires, ils sont le fruit d’une action dans la durée. L’enchaînement de ces projets sur quinze ans illustre cette détermination à agir sur le long terme. Notre persévérance est le fruit d’une vision prospective, que nous jugeons essentielle dans la pratique quotidienne de notre métier. »
Yann Le Gall, Directeur général, Codic France
La parcelle acquise par Codic – laquelle dispose d’un grand jardin – est ainsi jugée trop importante ; Arte Charpentier propose de diviser le terrain pour faire de la partie la plus arborée un parc public. Côté route départementale, l’immeuble, plus compact, pourra former un front bâti à même de protéger ce nouveau poumon vert pensé pour être « partagé ». Des réunions de concertation sont à ce sujet organisées par la Ville, Codic y prend part et une association est, en fin de compte, choisie pour animer et cultiver cet espace. « Nous avons avec la Municipalité et l’aménageur édité une charte, autrement dit un principe de fonctionnement assurant une ouverture de ce jardin sur l’extérieur. Il ne devait pas seulement être destiné aux seuls habitants mais à tous les usagers du quartier, y compris ceux qui viennent y travailler », précise Nathalie Leroy, qui voit dans cette approche l’illustration même d’un projet ambitieux d’écoquartier soucieux de sociabilité.
Par Jean-Philippe Hugron
Photo de couverture : Network II, Brenac & Gonzalez & Associés © Stefan Tuchila
— Retrouvez l’article dans Archistorm 129 daté novembre – décembre 2024