L’agence SEURA architectes compte aujourd’hui cinq associés, Florence Bougnoux, Jean-Marc Fritz, David Mangin, Eurylice Roncen et Mathieu-Hô Simonpoli, et une trentaine d’architectes, urbanistes, ingénieurs et paysagistes. L’agence SEURA architectes se caractérise par un travail en profondeur dans
• La durée : expérience, transmission, expérimentation ;
• La recherche : « comprendre pour agir », nécessitant un effort de
formulation et de vulgarisation ;
• La mise en oeuvre opérationnelle valorisant :
• Les rapports entre paysages, formes urbaines et architectures,
• La ville sens dessus dessous, les interfaces avec le monde souterrain,
les réseaux, l’infra architecture,
• Le façonnage des matériaux et leur plasticité

À l’ère des métropoles et de la métropolisation, quelle est la place du projet ?

À l’heure où la construction connaît un ralentissement, et où les capacités financières publiques sont au plus bas, la demande de logements bien desservis en adéquation aux bassins de vie se fait plus pressante. Il est important de repenser la question de la disponibilité du foncier et du montage des opérations, en même temps que celle du projet urbain.

Notre participation à de grands projets à échelle métropolitaine (Douai, Toulouse, Plaine du Var, Genève) et mégapolitaine (Vitry, Gonesse, Atelier international du Grand Paris, Ateliers économiques) nous a montré que, contrairement à une idée souvent reçue, il y a un grand intérêt et une demande du grand public à visualiser des projets à grandes échelles, échelles qui correspondent aux bassins de vie des habitants, et aux bassins d’emploi. Au-delà des documents de planification (SCOT, PLU, PD, schémas directeurs…), l’intérêt de plans-guides permet d’articuler des logiques sectorielles, notamment en termes de mobilités. C’est aussi l’échelle pertinente pour appréhender les écosystèmes (trames vertes et bleues). L’échelle métropolitaine intéresse, dans le cadre de projets d’agglomération ou intercommunaux, la régulation des développements urbains en périphérie des centres-villes pour éviter la formation de villes « à deux vitesses ». À l’échelle de la mégapole, avec l’expérience des Halles et celle des gares du Grand Paris, nous nous sommes intéressés aux interconnexions, que nous appelons « mangroves urbaines », et à la complexité des imbrications que nous étudions aussi dans les villes asiatiques.

Dans un contexte économique difficile, comment partager
et financer de « grands » projets urbains ?
Les projets urbains ne sont pour autant pas forcément grands… L’actualité de l’agence, avec trois nominations et deux prix aux Beffrois de la création 2014 dans le Nord, et la sortie du livre Du Far West à la ville, sur la mutation des Territoires économiques, donnent un coup de projecteur sur ces projets symboliques pour leur aptitude à pallier la rareté du foncier ; ils révèlent les fonciers « invisibles », et restituent la constructibilité des terrains « à passif ». Chacun apporte une réponse environnementale et garantit une mixité fonctionnelle au renouvellement urbain : friches industrielles polluées (Anzin), difficultés sociales et ANRU dans des quartiers dégradés (Grande-Synthe), enjeux patrimoniaux et nouvelles techniques constructives dans des sites urbains protégés (Villa Agnès dans le Vieux-Lille). Mais là où l’Europe avec le FEDER, l’État avec l’ANRU, le propriétaire privé, avec difficulté, permettaient un portage financier, il faut aujourd’hui trouver des montages partenariaux différents qui renouvellent les PPP, PUP, et autres partenariats public-privé en intégrant l’usager dans le montage, avec des plates-formes de crowdfunding par exemple, de l’habitat coopératif… une nouvelle façon de penser la concertation, qui s’oriente d’avantage vers une co-construction du cadre bâti. En d’autres termes, les exigences de développement durable et de contraintes économiques imposent un nouveau mot d’ordre : optimiser le foncier, les ressources, les infrastructures, les bâtiments. C’est le défi stimulant du moment qui suppose invention et décloisonnement. […]

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