Dans le paysage de Massy, à la lisière, entre ville et champs, un nouvel horizon se dessine. Les registres sont imbriqués, celui du nouvel éco-quartier Massy-Europe et celui du nouveau siège social Les Maçons Parisiens. Désormais, les destins sont scellés. La ligne architecturale file droit sur cette frange, tout en rattrapant la déclivité du terrain.

ORIGINES

Au début de l’histoire, il y eut un premier projet de logements à Cergy (95) pour Immobilière 3F, entre l’agence d’architecture Desaleux & Soares et l’entreprise de construction générale Les Maçons Parisiens ici désignée d’office par appel d’offres. A l’origine, ils ne se connaissaient pas. Mais rapidement, au fil de ce premier chantier en commun, la bonne entente s’est installée, puis renforcée.

Précisons : les architectes Olivier Desaleux et Carlos Soares avaient eux-mêmes, à leurs débuts, puis pendant 10 ans, en cœur et en amitiés, assis leur pratique dans l’agence Daniel Kahane, jalonnant des chantiers prestigieux comme Le Grand Louvre, la Maison de la Musique de Nanterre ou encore le Musée Rodin, y apprenant à articuler créativité, inventivité et rigueur. L’exigence de ses pairs à l’épreuve du chantier est formatrice, incontestablement, et avait insufflé la force nécessaire aux deux architectes pour s’associer, in fine, en 2000.

Les façades des bureaux en coeur d’îlot

Mais pour en revenir aux Maçons Parisiens, de la première expérience réussie à Cergy, les protagonistes décidèrent de postuler ensemble à des appels d’offres en conception-réalisation ; ils furent retenus sur la belle ZAC Chandon-République à Gennevilliers (dessinée par l’Atelier 2/3/4) : deuxième opération en commun et réussie de logements ! J’aime beaucoup le chantier, raconte Olivier Desaleux, j’y associe la rigueur et l’ouverture, en m’attachant à négocier avec l’entreprise dans un scénario gagnant-gagnant.

Nous avions apprécié leur esprit rationnel et leur compréhension de l’entreprise, souligne de son côté Olivier Castillon, Directeur général délégué Les Maçons Parisiens.

Alors un jour, François Mortegoutte, P.D.G. Les Maçons Parisiens, appelle Olivier Desaleux : Pourriez-vous passer me voir tous les deux au bureau ? Nous avons le besoin de réfléchir sur l’extension de notre siège social !

Olivier Desaleux raconte : Voilà le début d’une aventure incroyable, puisque du projet d’extension des bureaux existants, nous sommes passés au projet plus ambitieux de restructuration-extension

du siège existant sur le site historique, puis à la construction d’un nouveau siège sur un nouveau terrain, toutes ces études menées avec un client qui est un sachant.

Nous sommes en 2013-2014, moment où l’entreprise devient maître d’ouvrage, en direct. Les Maçons Parisiens apprennent à écrire un programme, s’octroient le temps de la réflexion entre un projet de réhabilitation-extension de leur siège existant et un projet neuf. L’entreprise devient un maître d’ouvrage très ouvert, ambitieux et qui se donne les moyens : ça c’est le rêve, ajoute Carlos !

Dans notre ancien siège, implanté à Massy depuis 1970 nous vivions à l’étroit, dans des bâtiments qui ne correspondaient plus à notre image, ni surtout à nos besoins, souligne Olivier Castillon, Directeur général délégué Les Maçons Parisiens.

Ainsi, le client, l’entreprise générale et le futur utilisateur ne font plus qu’un, au grand bonheur des architectes.

PRAGMATISME

Nous sommes des gens pragmatiques. Le choix de l’architecte fut orienté dans ce sens, raconte Olivier Castillon, il en résulte aujourd’hui une architecture à notre image. Notre nouveau siège démontre notre savoir-faire ; notre métier est le béton armé.

Postés devant l’architecture du nouveau siège, nous nous disons tout de même que les temps ont bien changé, autant que le béton lui-même a changé : il est clair comme la pierre, il est léger, il se découpe en volumétries affirmées, en rythme grâce à ses 200 épines, laissant pénétrer la lumière pour que le jardin intérieur, pensé par Praxys, puisse s’épanouir. Si la typologie du bureau reste d’actualité pour que le salarié garde ses repères, il est pensé comme autant de volumes de travail distribués de part et d’autre de rues intérieures confortables, généreuses, lumineuses, elles-mêmes ponctuées de salles de réunion semi-opaques insérées dans une structure-boîte en bois.

Si le programme fut écrit par Les Maçons Parisiens, après avoir réfléchi pendant un long moment, il fut enrichi à quatre mains, au fil des esquisses de l’architecte : nous percevions leurs besoins lors des échanges, nous les dessinions immédiatement et nous les proposions à la réunion suivante sous forme d’espaces, raconte Olivier Desaleux.

L’escalier principal

Et il ajoute : au départ, nous avions été guidés par cette idée de trouver un équilibre entre un outil fonctionnel et un lieu de bien-être. Le terrain avait été choisi dans une ZAC, la ville avait imposé les gabarits dont la forme en angle ; mais nous avons pu négocier un peu. Nous avons travaillé avec Paris-Sud Aménagement. Leur cahier des charges était très précis : deux parcelles qui étaient clairement séparées, l’une destinée au tertiaire, aux bureaux, l’autre aux activités pour les ateliers Les Maçons Parisiens.

Nous avions remarqué, dans le siège précédent, qu’ils travaillaient à l’étroit, les portes ouvertes donnant sur un palier central, et ils se parlaient tous, en permanence, ils se croisaient dans un escalier ouvert, ils descendaient à la cafétéria au sous-sol où ils se retrouvaient. C’est ce que nous avons voulu reproduire, à une échelle beaucoup plus grande, en dilatant l’espace.

Carlos Soares décrit : l’atrium, la rue intérieure introduisent une sorte d’urbanité dans cet immeuble, ponctué de places hautes, de places basses, de salles de réunion, du végétal dedans, mais aussi dehors ; un élément vient se greffer dans le programme : la crèche parentale, édifiée pour des équipes jeunes, elle vient s’ajouter comme un petit objet au milieu du jardin.

Olivier Desaleux complète : nous avons apporté les mêmes attentions, autant de soin dans le dessin des vestiaires des ouvriers, du réfectoire des ouvriers et de sa terrasse, que pour les espaces dédiés aux personnels administratifs et responsables.

Le béton blanc est auto-plaçant, l’aluminium anodisé argent et le verre, émaillé noir ou transparent. Les toitures sont surélevées avec une lumière qui pénètre partout. Oui, l’espace est généreux. Oui, le parti pris de la mise en valeur a été adopté. Et les choix sont aussi pérennes et sans tapage.

Ce nouveau siège, dont la mise en route s’est effectuée simplement, et que nous avons investi en juin 2021, représente la fierté des maçons qui l’ont réalisé et qui comptent parmi les salariés travaillant dans cette entreprise coopérative que sont Les Maçons Parisiens conclut Olivier Castillon.

La crèche en coeur d’îlot

Fiche technique :

Maitrise d’ouvrage : Les Maçons Parisiens
Maitrise d’oeuvre : Desaleux Soares Architectes
Paysagiste : Praxys
BET : Structure : Les Maçons Parisiens, Fluides : Alto Ingénierie,
VRD : Alto Step, Acoustique : Groupe Impédance
Programme : Bureaux – Salles de réunion – salle de conférence 250m2 – Archives type compactus – Cafétéria – Office de réchauffage – Salle de fitness – Logement gardien; Ateliers : béton préfabriqué – menuiserie – serrurerie – magasin stockage – vestiaires – Réfectoires 160 places de stationnement dont 116 en sous-sol – Locaux vélos – Crèche 30 berceaux
HQE : RT 2012 – 40 %, enveloppe performante en béton armé avec majoritairement ITE & ponctuellement ITI + rupteurs thermiques, protections solaires efficaces (stores et brises soleil extérieurs), énergie renouvelable : Chauffage Climatisation ECS par pompes à chaleur Air-Eau, qualité du confort visuel (façades vitrées + lumière naturelle au coeur du bâtiment, cloisons vitrées), qualité du confort acoustique, jardin îlot de fraicheur, infiltration stockage et récupération des eaux de pluie
Surface plancher : 10 128 m2, Bureaux : 6 761 m2, Ateliers : 2 925 m2, Crèche : 348 m2, Logement gardien : 94 m2
Coût : 25 M€ HT
Livraison : 2021

Texte : Anne-Charlotte Depondt
Visuel à la une : Les bureaux en lisière de l’éco-quartier
Photos : Frédéric Delangle

— retrouvez l’article Un nouvel horizon sur les Maçons Parisiens dans Archistorm 114 daté mai – juin 2022