CLAUDIA ANDUJAR, LA LUTTE YANOMAMI

 

 

Figure iconique de la photographie brésilienne, Claudia Andujar fait l’objet d’une vaste exposition à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Entre art politique et imagerie expérimentale, l’institution met en lumière son œuvre sensible et altruiste, profondément marquée par l’engagement.

 

C’est au milieu des années 50 que Claudia Andujar (née en 1931 à Neuchâtel, en Suisse) s’installe au Brésil après avoir fui les persécutions nazies en Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre Mondiale. La jeune femme débute alors une carrière de photojournaliste, dont les pratiques liées à l’image marqueront tout son engagement personnel. En 1971, elle rencontre pour la première fois le peuple amérindien Yanomami alors qu’elle participe à un reportage sur l’Amazonie pour le magazine Realidade.

 

Claudia Andujar, MARCADOS, 1981-1984, Aracá, Amazonas/Surucucus, Roraima, 1983. Courtesy de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris

 

Dès lors, Andujar s’intéresse de près à la communauté et développe une pratique artistique singulière. Elle met en œuvre des procédés esthétiques et photographiques au service d’une sémantique défensive. Pour exemple, elle expérimente diverses techniques — vaseline, pellicule infrarouge, jeux de lumières… — pour interpréter et valoriser la culture chamanique du peuple qui l’inspire autant qui la bouleverse. Une sensibilité qui la mène d’ailleurs à des qualités introspectives : « Je suis liée aux Indiens, à la terre, à la lutte première. Tout cela me touche profondément. Tout me semble essentiel. Peut-être ai-je toujours cherché la réponse au sens de la vie dans ce noyau fondamental. J’ai été poussée là-bas, dans la forêt amazonienne, pour cette raison. C’était instinctif. C’est moi que je cherchais. », déclare-t-elle.

 

Claudia Andujar, Enveloppe funéraire dans la forêt, pellicule infrarouge, Catrimani, Roraima, 1976. Courtesy de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris.

 

Une véritable « lutte » en faveur de la défense des droits des Yanomami et de la protection de leur forêt s’enclenche pour l’artiste à la fin des années 70, qui se lance dans une campagne longue de près de quinze ans pour la délimitation de leur territoire, condition essentielle de la survie physique et culturelle de ce peuple.

 

Car, à l’époque, les nouvelles sont néfastes : le gouvernement militaire du pays entreprend la construction d’une route transamazonienne sur le territoire de la communauté, engendrant déforestation et propagation d’épidémies. Engagée, fascinée, animée par ce combat de toute une vie, la photographe offre une vision humaniste à la croisée de la géopolitique et de l’anthropologie. C’est ce que révèle la Fondation Cartier pour l’art contemporain en présentant des images inédites, dévoilées parmi une sélection de dessins, une installation audiovisuelle et des documents historiques qui soutiennent toute la richesse de cette production unique.

 

Claudia Andujar, Susi Korihana thëri au bain, pellicule infrarouge, Catrimani, Roraima, 1972-1974. Courtesy de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris.

 

Photo de couverture : Claudia Andujar, Maison collective proche de la mission catholique du rio Catrimani, Roraima, pellicule infrarouge, 1976. Courtesy de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris.

Découvrez le travail de Claudia Andujar à l’exposition « Claudia Andujar, la lutte Yanomami », jusqu’au 10 mai 2020 à la Fondation Cartier (21 boulevard Raspail, 75014 Paris).