HÔTEL MÉTROPOLE

 

Catalogue capital pour expo métropolitaine

 

L’exposition retrace l’épopée de l’industrie hôtelière dans Paris et dans sa métropole depuis l’inauguration du Meurice (première version) en… 1818. Les commissaires Catherine Sabbah et Olivier Namias et leurs invités en « livrent » un catalogue passionnant et documenté décryptant – sous tous les angles – deux siècles de développement de l’hôtellerie parisienne puis francilienne.

 

Le toit du Terrass Hôtel, vers 1950 © Terrass Hôtel

 

Voyage au long cours

Reconstituer le parcours menant aux 2665 établissements décomptés en 2018 dans la métropole parisienne permet d’analyser l’évolution bicentenaire de la sociologie du voyageur, du développement urbain, de la croissance économique – aléas compris –, de la théorie et du goût en matière d’architecture et de décoration, des technologies et des usages, de l’industrie hôtelière – de son émergence à sa mondialisation… Un spectre complet est ici relevé : le Grand hôtel puis le palace hébergeant et distrayant une haute bourgeoisie oisive et frivole, l’hôtel d’affaires pour entrepreneurs aspirant au (ré)confort entre deux trains ou deux avions, nouvelles enseignes adaptées à la démocratisation des voyages, « garnis » et marchands de sommeil pour déclassés ou hostelleries du troisième millénaire…

Tout semble y avoir été traité : les chiffres, les coûts, la géographie, la typologie, la chambre « fragment du voyage », la stratégie et le marketing, la construction, la rénovation, la reconversion, l’industrialisation et la préfabrication, la disparition, l’éphémère, le monument, les services, l’exploitant – de l’indépendant au groupe international – mais aussi l’imaginaire cinématographique, le rêve, l’audace architecturale et l’utopie. Les souvenirs resurgissent, les idées reçues implosent, les désastres patrimoniaux sont évités (concours hôtelier de la gare d’Orsay de 1963)… ou pas.

Au delà de l’évocation des nombreux nouveaux concepts, la prospective s’y matérialise au travers de quatre installations. Lina Ghotmeh revisite la chambre d’hôtel comme « pièce capable » diversifiant ses usages via une partition modulaire. Le squelette d’habitation expérimentale imaginé par Ciguë – associé à Le Sommer Environnement – donne des solutions pour lutter contre la consommation excessive de ressources (eau, énergie) à l’échelle de chaque clé et de l’ensemble de l’établissement.

 

Hotel Banke © Hotel Banke Opera

 

Du concept…

À l’ère du marketing conquérant et auto-suffisant, le concept est roi… dans ses bottes. Il permet même de réinventer l’eau froide auprès de commerçants indépendants en mal d’innovation pour survivre. Et dans le secteur de l’hôtellerie, les « tendanceurs », « ambianceurs » et autres « atmosphéristes » sont à l’affût de moutons de Panurge égarés tandis que les grands troupeaux sont dans les griffes de marqueteurs lisant l’avenir dans leur tableur ! Dans cette jungle, essayons de trier quelques bons grains de l’ivraie (ou de l’ivresse) ! […]

 

Bristol © Le Bristol Paris

 

… aux concepteurs

En prédateurs financiarisés insatiables et sans vergogne, un nombre croissant de marques de mode et du luxe s’instaure depuis les années 1990 hôtelier (Armani, Versace, Missoni, Bulgari, Baccarat, Cheval Blanc et bientôt… Zadig & Voltaire). « Vous avez le manteau et le sac à main. Peut-être aussi le parfum et les lunettes de soleil ? Maintenant vous avez aussi la possibilité de réellement ‘vivre’ la mode” ! » La plupart ferait mieux de se concentrer sur son cœur de marché, en manque cruel de créativité. Les rares exemples dignes d’intérêt sont signés de stylistes intervenant indépendamment de leur maison de couture : Christian Lacroix (hôtels du Petit Moulin, Le Bellechasse, Notre Dame à Paris et Jules César à Arles), suites Martin Margiela à la Maison Champs-Elysées et les trois suites-appartements exclusives aménagées par Azzedine Alaia, à côté de son atelier dans le Marais, à partir de sa collection privée de mobilier design. […]

 

Texte : Lionel Baisse

Photo de couverture : Paris Bastille Boutet © Karl Hab

Profitez de cette exposition au Pavillon de l’Arsenal jusqu’au 12 janvier 2020 et découvrez le reste de l’article dans le numéro 100 d’Archistorm.