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« In timber we trust »

Architecture de bois, bientôt l’heure de gloire

Le billet d’humeur de Paul Ardenne

 

Le bois est traditionnellement, avec la terre, le matériau de base de l’architecture. Abondant, se renouvelant au moyen de la lumière naturelle, du vent et de l’eau, décliné en un nombre incalculable d’espèces, de qualités et de mises en forme matérielles (de la branche sauvage au lamellé-collé, de la planche en contreplaqué à l’aggloméré et la poutre calibrée), plutôt facile à ouvrager enfin, il connaît avec le souci écologique actuel et l’épuisement graduel de certaines matières premières nécessaires aux bâtisseurs, au premier rang desquelles le sable, un engouement sans pareil.

Ajoutons que la récente adaptabilité du bois à la construction d’immeubles de grande hauteur toujours plus vastes et sécurisés en fait un allié précieux du développement urbain, condamné en maints espaces saturés à la verticalité.

L’acier et le béton, ces deux grands marqueurs architecturaux du XXe siècle, ont-ils fait leur temps ? Il est permis d’en douter : tout ou presque de ce qui présentement se construit de par notre vaste monde y a recours. Pour autant que ce succès soit le signe d’une parfaite adaptation aux contraintes du bâtir, la pérennité de ces deux stars du BTP est-elle acquise ? À moyen terme, oui. À plus longue échéance, à l’horizon 2100, bien moins.

Cité des Arts et de la Culture, architecte Kengo Kuma, Besançon © Kengo Kuma

L’« effet bois »

Se demander avec quel matériau l’on construira nos demeures, immeubles, usines et bureaux en 2100 est, pour un collapsologue, une ineptie : car en 2100, ou bien nous serons tous déjà morts d’asphyxie, ou bien nous serons retournés à l’âge des cavernes et, du coup, à la pierre primitive et au branchage en guise d’accastillage et d’environnement domestique. Le croît implacable du réchauffement climatique, celui, non moins implacable, de la pollution tous azimuts, la septième ou huitième extinction massive des espèces (on ne sait plus trop tant la biodiversité se lamine à grands pans), l’épuisement définitif des ressources fossiles dans un monde terrestre peuplé par 15 milliards d’humains au moins auront alors eu raison de notre cadre ordinaire de vie et, sans nul doute, de notre volonté, à force de trop de calamités endurées. Le pire est-il cependant si sûr ? On peut poser cette autre hypothèse, pour peu que nous reste un soupçon d’optimisme : en 2100 – croyons-le même si c’est un mirage -, il restera encore sur Terre de cette puissance, de cette ingéniosité et de ce pouvoir d’adaptation qui ont fait, même pour le pire, la grandeur de l’Homme avec majuscule. Avec ces corollaires en matière d’architecture et d’urbanisme : la continuité d’un art sophistiqué de bâtir, et des bâtiments opportuns, bien nés et plantés au cœur de quartiers éco-responsables.

Revenons au bois. Au bois et, une fois celui-ci transformé en matériau standardisé-modulaire-agençable – tout comme l’on fait de la terre, une fois celle-ci cuite, une brique -, au « timber », le bois de construction. La vogue croissante des maisons en bois traité, avec le tournant du XXIe siècle, montre que le bois, ce toujours jeune matériau de maçon, est devenu un incontournable du BTP.

 

Visuel à la une : La Maison d’Inde, Paris © Barra Kell

 

Découvrez l’intégralité du billet d’humeur de Paul Ardenne dans le numéro 97 du magazine Archistorm daté juillet-août 2019 !