RÉALISATION

LA FAB., FONDS DE DOTATION AGNÈS B., PARIS PAR SOA ARCHITECTES

Les bâtiments de cette portion de l’avenue de France sont comme des souliers neufs alignés au garde-à-vous. La mise à l’équerre imaginée par l’architecte urbaniste Pierre Gangnet est d’autant plus convaincante que cette enfilade d’objets similaires ponctue dans la longueur à la fois la BNF, la Seine et les voies de chemin de fer dont les échelles gigantesques accompagnent naturellement la formation de la ville. En 2018, le fonds de dotation agnès b. fait l’acquisition du socle de l’immeuble et missionne l’agence SOA, en tant qu’architecte de l’immeuble, pour la conception de ses espaces d’exposition et de ses bureaux. Suite à l’intervention du programmiste Yves Dessuant, La Fab. propose un assemblage inédit entre un espace d’exposition de la collection agnès b., la galerie et la librairie du jour et les bureaux du fonds de dotation agnès b.

Le socle fait référence aux halles ferroviaires du site. Cette architecture est conçue comme une boîte à outils à l’échelle du piéton. Le mur rideau de bois rythme la chaussée.

Une architecture totem pour un programme mixte

Au moment du concours lancé par Paris Habitat en 2014, l’avenue de France était encore formée d’immeubles essentiellement vitrés qui lui donnaient des allures d’avenue européenne générique.

La question de l’habitat (social) est venue interroger cette obligation moderne du règne de la transparence, du verre et de l’aluminium.

Le premier objectif du projet a donc été d’assurer une domesticité aux habitations et d’établir, tant par l’écriture que par la matière, des familiarités architecturales avec le quartier Tolbiac-Masséna.

Le second a été d’exprimer par le projet le fait que ce morceau de ville est bâti au-dessus du vide (voies ferrées) et d’assurer une forte attractivité du bâtiment au contact de l’espace public.

En réponse, le projet est conçu comme un immeuble totem qui assemble des architectures en une même pièce. Chaque partie de l’immeuble, dédiée à une fonction du programme, renvoie à un élément fort du paysage architectural du 13e arrondissement.

La double tour de la partie supérieure de l’immeuble qui abrite les habitations fait écho aux cinq tours d’habitation de l’avenue de Choisy et à la double tour de l’école d’architecture dessinée par Frédéric Borel. Les fenêtres et les balcons en escalier rappellent la Tour du Nouveau Monde de Philippe Deslandes rue Dunois et l’utilisation de la brique pleine vient renforcer le registre d’une matérialité bien établie en contrebas de la rue du Chevaleret.

Au niveau de la strate intermédiaire qui accueille la crèche dans une fine lame entièrement vitrée, lien ténu avec les grands immeubles en murs rideaux de l’avenue de France, un petit pavillon-préau, perché sur le toit du socle, rappelle les pagodes de la dalle des Olympiades.

Enfin, le socle fait référence aux halles ferroviaires du site. Cette architecture est conçue comme une boîte à outil à l’échelle du piéton. Le mur rideau de bois rythme la chaussée.

La composition générale de l’immeuble est assurée par un ensemble d’architectures aussi variées que leurs fonctions et dont la superposition porte un message sur la fabrication de la ville à cet endroit précis : la gravité est traitée à l’envers, les murs épais de brique reposent sur la halle.

Le lourd sur le léger marque la place Basquiat qui surplombe les trains et les différents imaginaires architecturaux invoqués s’assemblent en un langage intemporel.

La majorité des logements bénéficie d’une double orientation.

Matière, technique et environnement

Brique pleine, menuiseries bois et mur rideau bois-acier viennent renforcer les efforts techniques réalisés en matières de performance environnementales en proposant des matériaux biosourcés et en assurant une forte inertie. Les occultations extérieures en store toile assurent le confort d’été.

Le bâtiment est construit sur des boîtes à ressort qui assurent le confort acoustique des logements, de la crèche et du fonds de dotation agnès b. (…)

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Paris Habitat, Fonds de dotation agnès b.
Maîtrise d’œuvre : SOA Architectes
BET Structure : Igrec Ingénierie (bâtiment et La Fab.)
BET environnemental : Inddigo environnement
BET Acoustique : ORFEA / Lamoureux acoustics (La Fab.)
BET Eclairage : Sceneévolution (La Fab.)
BET économiste : VPEAS (La Fab.)
Entreprise générale : Léon Grosse (bâtiment) / ISG (La Fab.)
Superficie : 7870 m2 au total dont 1400 m2 pour La Fab.Budget : immeuble : 12 M€ HT / La Fab. : non communiqué
Calendrier :
concours : 2014
travaux : 24 mois (bâtiment) + 12 mois (La Fab.)
livraison : janvier 2020

Texte La rédaction
Photos Camille Gharbi

Retrouvez l’intégralité de la Réalisation sur La Fab, fond de dotation Agnès par SOA, dans le daté septembre-octobre d’Archistorm.