Texte et Photos :
Bertrand Lemoine

S’il y a quelque chose qui impressionne le visiteur dans l’effervescente capitale britannique, c’est bien le nombre de grues que l’on voit fleurir un peu partout, jusque dans le centre de la City. Le Brexit n’a semble-t-il pas encore fait son effet, et malgré une certaine inquiétude sur ses conséquences à moyen terme, Londres garde son optimisme et son dynamisme.

Certes, les Britanniques n’ont pas encore tous compris qu’ils devront se défaire de toutes les institutions européennes qui sont installées sur leur territoire, qu’ils devront payer un montant colossal – on parle de 100 milliards d’euros – pour honorer leurs engagements passés, que les volumes unitaires de leurs produits alimentaires sont réduits pour ne pas augmenter leurs prix. Mais Londres, seule mégapole européenne avec Paris et Moscou, garde la tête haute.

Projet pour le centre commercial de Coal Drops Yard , dans d’anciens entrepôts réhabilités couvert d’une nouvelle toiture (Heatherwick Studio)

Image à la une : Immeuble de bureaux Four Pancras Square, à structure périphérique en acier autopatinable, Eric Perry Architecte

Des tours par centaines

Logements installés au cœur d’anciens gazomètres près de Saint-Pancras (Wilkinson Eyre architectes)

Londres a déjà connu ces dernières années une série de métamorphoses. Outre son développement considérable vers l’est, dans le quartier des Docklands, et dont les Jeux olympiques de 2012 n’ont été qu’une étape, le centre même de Londres s’est hérissé de tours plus ambitieuses les unes que les autres. La City a vu Leadenhall en 2014 par Rogers Stirk Harbour and Partners, et plus récemment la controversée 22 Bishopsgate avec ses 278 mètres, en voie d’achèvement. Sur la rive droite de la Tamise, la tour Shard – « l’Aiguille » – de Renzo Piano domine de ses 310 mètres le paysage de Londres et offre de son lobby proche du sommet un panorama incomparable.

Pas moins de 26 tours ont été construites en 2016 et 455 autres – en fait des bâtiments de plus de 20 étages – sont en projet, dont 91 en chantier et 256 ayant obtenu un permis de construire ! Ce seront une petite trentaine en 2017 et une quarantaine en 2018 qui seront prochainement livrées. Une maquette 3D de l’ensemble de Londres est d’ailleurs en préparation par la municipalité, qui encourage ce phénomène, pour intégrer l’impact des projets de manière réaliste dans leur contexte. Ces tours se concentrent cependant dans quelques quartiers particuliers : outre la City et particulièrement sa partie est, 77 tours sont en projet à Tower Hamlets vers Canary Warf tout à l’est, 68 à Greenwich au sud-est, 37 à Southwark sur la rive sud, 33 à Hammersmith et Fulham à l’ouest. C’est que Londres a besoin de montrer au monde la vitalité préservée de son industrie financière, même si beaucoup de ces tours sont des logements, dans un contexte de crise de l’offre face à une forte demande poussée par les diverses diasporas qui ont choisi Londres comme lieu d’élection. Le paysage de Londres est en train de changer fortement pour proposer une matérialisation de sa capacité d’attraction internationale et concrétiser une offre considérable d’investissements dans un contexte jugé politiquement sécurisé malgré le Brexit.

Immeubles en construction ou en voie d’achèvement sur Parkside King’s Cross.

Mais ce ne sont pas seulement les tours qui modifient le paysage de Londres. Une longue ligne de transport public est-ouest, le Crossrail – désormais baptisée Elizabeth Line –, va progressivement à partir de 2018 se superposer au réseau de métro pour permettre de traverser la capitale britannique de part en part. Cette ligne rapide, dont l’idée avait été lancée dès 1941, avec deux branches à l’est et deux à l’ouest dont une vers Heathrow et une partie centrale de 21 kilomètres en souterrain, s’étendra sur 118 kilomètres. Avec ses rames longues de 200 mètres et une fréquence de 24 trains à l’heure aux heures de pointe, on s’attend à ce qu’elle soit saturée dès son ouverture, avec 200 millions de passagers par an.

 

Autour des gares

Le projet s’accompagne d’importants développements immobiliers autour des dix stations du centre de Londres, notamment autour de la gare ferroviaire de Paddington, qui devraient générer environ £500 millions. (…)

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