RÉALISATION

MATOS GAMEIRO LDA

Dans le quartier ancien d’Alfama à Lisbonne, non loin du monastère de São Vicente de Fora, dans la descente vertigineuse en paliers et escaliers vers le Tage, en plein soleil, une placette, le Largo do Outeirinho da Amendoeira, nous offre un temps de repos, au son doux d’un Fado aérien.

Le quartier d’Alfama, village dans la ville, d’origine maure dont le noyau de base fut étendu ensuite lors de la reconquête chrétienne, tisse ses rues étroites aux espaces publics restreints qui proviennent des tracés originaux de la « kasbah » musulmane.

Là, au Largo do Outeirinho da Amendoeira, sur un coin, le tremblement de terre de 1755, n’a pu abattre, une maison étroite… quelques murs en pierres, un enduit fatigué, deux portes, deux fenêtres s’ouvraient ou plutôt se fermaient sur le Largo quand l’architecte entreprit son projet de réhabilitation.

Rare survivant de l’architecture médiévale de ce quartier historique, ce bâtiment, aujourd’hui dominé par ses voisins à l’architecture classique de la reconstruction du XVIIIe siècle, était alors un palimpseste confus de ses multiples vies.

Le projet de réhabilitation retrouve la clarté de l’occupation d’origine, la pratique de ces patios « retrouvés » et refondés. L’occupation se réconcilie avec la conception romano-mauresque du lieu.

Après évaluations, l’Histoire (toute l’Histoire) est convoquée, les « traces » physiques historiques (évaluées comme pertinentes), sont restaurées en façade principale et, par l’absence de toits en tuiles, l’architecte exprime aussi dans son intervention contemporaine l’effet de « ruine » du site, part marquante de l’Histoire de la maison.

Le projet invoque ainsi de manière inventive, les mémoires du passé pour les développer en un espace de quatre murs périmétriques et de quatre cours intérieures structurantes qui ouvrent l’occupation des pièces fermées. Les quatre murs de contours enserrent ainsi les « abris » intérieurs étroits qui évoquent aussi l’esprit des cellules du Monastère tout proche.

Par ses enduits, ses marbres et ses simples azulejos unis, cette maison s’ancre encore plus dans l’esprit du lieu. L’eau emplit un de ces « patios », élément de rafraîchissement et de plaisir de la maison.

Cette eau unit alors ce microcosme « labyrinthique » de la maison, d’invocation mauresque à l’origine même du quartier d’Alfama (Son nom dérive de l’arabe « alfa maa » (ألف ماء) qui signifie « les mille sources »).

 

Maîtrise d’oeuvre : Pedro Matos Gameiro, Matos Gameiro arquitectos lda, Paulo Dias, Francisco Cunha, Abílio Silva, Francesco Mariani, João Varela (collaborateurs)

Bureau d’études : João Paulo Cardoso / PRPC Ingénieurs (structures), João Mira / Ohmsor (Ingénieur pour l’électricité et la télécommunication), Augusto Macedo / Espaço Energia (hydraulique), Rui Baptista / Espaço Energia (gaz, conditionnement et traitement de l’air)

Texte : Hugues Wilquin, Laurent Dabailleux
Photos : Daniel Malhão

 

Retrouvez l’intégralité de l’article sur la maison à Alfama au sein d’archistorm daté janvier – février 2019