PORTRAIT

PHILIPPE GAZEAU

 

Fort de trente ans d’expérience, Philippe Gazeau, récemment lauréat des projets de gare du Grand Paris Express Villejuif-Louis Aragon et Fort d’Issy-Vanves-Clamart, a connu divers cadres et modes de travail sur lesquels nous revenons dans ce portrait.

Rue de la Fontaine-au-Roi dans le 11e  arrondissement de Paris : depuis 2004, c’est au n° 21 que l’agence de Philippe Gazeau se déploie dans deux bâtiments. (…) À la même adresse se trouvent les locaux de l’architecte- ingénieur Marc Mimram. (…)

 

 

L’architecte n’est pas un novice de la cohabitation professionnelle. Lorsqu’en 1984, trois ans après avoir soutenu son diplôme à Paris-La Villette, il fonde sa société d’exercice, il s’installe en bonne compagnie dans un lieu atypique de la rue Froment, un plateau de 400 m2 qu’il partage avec plusieurs architectes. Parmi eux, le duo Dusapin-Leclercq, des architectes designers, dont François Scali et Alain Domingo de l’agence Nemo et, aussi, un journaliste, Frédéric Mialet. (…) De cette période, Philippe Gazeau retient plusieurs caractéristiques positives, à commencer, évidemment, par le partage des expériences entre jeunes architectes, la relativisation du culte du secret propre à la profession quand les colocataires sont en concurrence sur un concours et, plus simplement, la possibilité de « grandir », doucement. Après plus de dix ans d’exercice en ces lieux particuliers, c’est d’ailleurs le développement de l’agence et de ses activités qui  le conduit à quitter le plateau. La suite n’est pas si différente puisque l’architecte déménage dans le 4e arrondissement, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, dans un local partagé de surface équivalente, à nouveau avec des têtes connues : Dusapin- Leclercq. Il y exerce durant sept ans.

 

Philippe Gazeau (à droite)

Que reste-t-il de ces expériences successives dans l’organisation actuelle de l’agence de la rue de la Fontaine-au-Roi ? (…) Un espace agréable à vivre, où personne n’est isolé, et dont l’aménagement favorise la rencontre, la réunion. La disposition des lieux n’est en rien l’expression, voire la cristallisation, d’une hiérarchie professionnelle. Sans que cela soit véritablement « raisonné », Philippe Gazeau favorise « une organisation horizontale du travail ». Si une hiérarchie existe, elle est « d’ordre logique » : aux plus expérimentés, ceux qui ont « la mémoire des projets », des positions parfois particulières. Depuis trente ans, Gazeau souhaite garder « une proximité forte » avec tous les projets de l’agence et il sollicite la même implication de la part de ses collaborateurs (…). Ainsi, si chaque projet appelle à la désignation de référents au sein de l’agence et pour les maîtres d’ouvrage, cette organisation n’épuise en rien la fécondité de l’équipe, composée d’une quinzaine d’architectes. Au quotidien, la pratique collective garantit l’entretien et l’enrichissement d’une « culture d’agence ». (…)

 

De 2003 à 2014, l’agence mène la restructuration du site de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris

En 2004, l’architecte a aussi fait le choix de seconder l’agence par une société consacrée à la recherche architecturale, urbaine et paysagère. D’abord imaginée avec Jacques Ferrier et Louis Paillard dans la continuité d’une réflexion menée, avec d’autres architectes, pour l’ouvrage dirigé par Éric Lapierre, Architecture du réel, FGP – French Global Project – n’associe plus aujourd’hui que Gazeau et Paillard. Elle offre à l’architecte « d’y développer tous les projets qu’on ne peut pas faire dans une agence ». Le programme « Nouveaux paysages construits du Grand Paris » communiqué à l’AIGP  (Atelier international du Grand Paris), proposant notamment d’« Habiter le périphérique », est un exemple de cette démarche associant recherches et propositions aux accents parfois militants. (…)

Texte : Maxime Decommer
Visuels : ©Sami Trabelsi

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