THE RETREAT BLUE LAGOON

Retraite islandaise lovée dans la lave

 

Littéralement « Terre de glace », l’Islande est aussi une terre de feu avec plus de 130 volcans en activité et d’innombrables sources d’eau chaude et de geysers. Au cœur de la presqu’île de Reykjanes au sud-ouest, le Svartsengi Resource Park héberge l’une des 25 merveilles du monde élues par le National Geographic, le Blue Lagoon. Au milieu des champs de lave et de lichens, l’agence islandaise Basalt Architects a érigé The Retreat, un resort thermal hors du commun que baignent les eaux turquoise fumantes du lac artificiel.

Salle de yoga de l’hôtel

De la géothermie au thermalisme

Emergence de la dorsale médio-atlantique – là où se confrontent les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine –, l’Islande connaît une activité volcanique intense. Elle lui doit son indépendance énergétique. Forée dans les nappes aquifères volcaniques du Svartsengi Resource Park à 2000 m de profondeur, le mélange d’eaux douce et de mer qui y alimente la centrale thermique sort à 240°C et à 12 bars de pression, propice à la production de chauffage et d’électricité de toute la presqu’île et de la capitale Reykjavik – à une cinquantaine de kilomètres. L’eau en partie rejetée à une température de 39/40°C a permis la création d’un lac artificiel de plus de 200 m de long. En effet, riche en silicates, la silice a progressivement obturé les pores et fissures de la lave environnante, ainsi rendue étanche. Ses micro-algues bleu-vert ont aussi donné sa couleur au Blue Lagoon.

Lieu de loisir et d’émerveillement où les autochtones venaient se baigner, les scientifiques se sont intéressés – au début des années 1980 – à ses éventuelles vertus curatives. Reconnue bienfaisante pour les maladies de peau (psoriasis, eczéma) et pulmonaires en 1995, la société Blue Lagoon Ltd – créée trois ans plus tôt – a commercialisé une gamme de soins dermatologiques avant d’ouvrir un spa (1999) puis un hôtel-clinique (2005) tous deux conçus par l’agence islandaise Basalt, fondée par Sigríður Sigþórsdóttir.

Hall de l’hôtel

Un lieu de retraite expérientiel

A la tête de l’entreprise depuis 1992, le docteur Grímur Sæmundsen a souhaité offrir aux plus fortunés des 700 000 visiteurs (deux fois la population nationale) fréquentant le site de pouvoir s’y « retirer » dans des conditions… idylliques. Une fois de plus il a donné carte blanche à l’architecte islandaise – dont la lave est au cœur du métier – pour implanter à proximité des infrastructures existantes ce nouveau complexe composé d’un hôtel de 62 suites (de 40 à 60 m2), d’un restaurant gastronomique et d’un spa souterrain. Trois ans furent nécessaires jusqu’à l’inauguration de The Retreat en 2018. En effet, le commanditaire et son maître d’œuvre aspiraient à ce que les eaux ceinturent l’ensemble, à la façon de douves protectrices. Il fallait donc y creuser de mini canyons (environ 900 m2) dans la lave issue d’irruptions datant de plus de huit cents ans lui ayant conféré une structure imprévisible. La conception du projet, implanté au sud du lagon, a du s’adapter en permanence aux découvertes – tantôt décevantes, tantôt fascinantes – livrées par les « fouilles » géologiques. Avec sagesse et respect, formes, fonctions et finitions épousèrent ainsi la nature héritée de cette terre volcanique.

« Lorsque vous travaillez sur un projet dans un environnement aussi délicat et unique, il est impératif que toutes les personnes impliquées respectent le site, aient une ambition sans bornes et suscitent l’émerveillement de leur sujet. (…) Nous sommes heureux que l’équipe de Blue Lagoon ait partagé cette vision et adhéré à ce processus non conventionnel. » Hrólfur Cela, chef de projet – Basalt Architects

 

Texte : Lionel Blaisse

Crédits photos : Basalt Architects

 

Découvrez l’intégralité de l’article dans le numéro 99 du magazine Archistorm, disponible en kiosque.