Corinne Vezzoni
© D.R.

Corinne Vezzoni exerce en tant qu’architecte associée au sein de l’agence d’architecture qu’elle a créée en 2000 avec Pascal Laporte et Maxime Claude. Elle mène également une activité d’enseignante, notamment comme chargée de cours pour l’Université de Provence pour le master aménagement et d’urbanisme et comme invitée a l’Ecole polytechnique de Marseille Château-Gombert et a l’Ecole d’architecture de Marseille-Luminy. A l’étranger, elle a été enseignant visitor dans le cadre de l’ILAUD de Sienne en 1998 et des rencontres internationales de la Biennale de Venise en 2006 et 2008. Elle est membre titulaire en tant que personnalité qualifiée aux commissions du CESER depuis 2009. Elle participe a différents jurys de concours. Elle a été accueillie a l’Academie d’architecture en 2011 puis nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2013.

 

 

 

Pavillon Jaune – Ensemble hospitalo-universitaire de la Timone à Marseille © Corinne Vezzoni / crédits photos : Lisa Ricciotti et Giancatarina

Depuis que le gouvernement a manifesté son intention de créer autour de Marseille une métropole et de l’intégrer dans la loi de décentralisation, le débat a tourné exclusivement autour de deux questions : la question de la gouvernance et la question des compétences à transférer. […]

Si ces questions sont fondamentales à court terme dans la définition même du processus métropolitain, je ne crois pas qu’elles constituent la question centrale, même si elles la portent.

Ce qui fait la singularité de la métropole, telle que le projet de loi la dessine, c’est l’étendue du territoire et l’alternance de zones urbaines et de zones rurales et/ou naturelles. Certes, la métropole Aix-Marseille-Provence est un ensemble urbain, mais c’est aussi un ensemble d’« entre-deux urbains ». Et je pense que le refus des maires tient au fait que les populations qu’ils représentent revendiquent cette forme de ruralité, même si elle a pour horizon les cheminées d’usines ou les zones industrielles. […]

Pavillon Jaune – Ensemble hospitalo-universitaire de la Timone à Marseille
© Corinne Vezzoni / crédits photos : Lisa Ricciotti et Giancatarina

La métropole marseillaise ne s’est pas constituée par une extension du centre qui gagnerait, comme c’est le cas en général, mais par la constitution de plaques économicourbaines autonomes qui, mises ensemble et à distance, en viennent à faire sens par l’importance économique et sociale qu’elles ont prise petit à petit.

Ces plaques urbaines sont le résultat de processus de développement économique qui ont eu lieu dans les années 1950-1960, souvent voulus par l’État. […]

La métropole est devenue alors cette alternance entre des zones urbaines, des zones périurbaines construites à la va-vite et des zones d’espaces ruraux et naturels, sans réel réseau de transports collectifs, mais avec un très beau réseau autoroutier. C’était alors devenu difficile de recoudre cet ensemble, même si la volonté de repenser une centralité urbaine s’est imposée. Ce fut et c’est encore Euroméditerranée.
Je pense que cette alternance-là est une bonne chose, qu’elle peut même être une marque de cette métropole à condition de la traiter comme telle. […] Il faut selon moi penser une nouvelle manière de concevoir la relation entre le « naturel » et l’urbain, non plus dans une sorte d’opposition ni de contrastes, mais dans une réelle complémentarité. Une métropole au naturel, ce n’est pas une ville verte ni écologique, mais le lieu idéal pour renouveler notre conception de la nature.

 

Je ferai quatre suggestions.

  • Ce n’est pas un plan d’urbanisme qu’il faut construire sur la métropole, mais un plan d’aménagement dont l’objectif serait de densifier les zones denses, de ruraliser le rural et d’installer des corridors de nature intra-urbaine.
  • À partir du moment où il existe une organisation métropolitaine, la recherche de périurbanisation des villages et villes ne se justifie plus. Au contraire, il convient de protéger tous les espaces ruraux. Et seule une autorité centrale a capacité à le faire.
  • […] il faut maintenant faire pénétrer le rural dans l’urbain. Cela veut dire naturellement ré-envisager des activités agricoles dans certaines zones non urbanisées de Marseille […]
  • Il est important de repenser la question des friches. […] Toutes les franges du territoire naturel, les limites épaisses doivent devenir de véritables zones de projet. Il faut un projet d’aménagement sur notre métropole. C’est à ce prix qu’on saura recréer des solidarités et une cohésion pour dépasser les antagonismes institutionnels

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